Chapitre 14
Le dortoir était rustique, mais confortable, comme la majorité des installations. Yu n’avait pas dit qu’il était nommé, il avait tu son nom comme s’il en était honteux. Ainsi, il avait pu se réfugier entre les bras des autres comme s’ils étaient dans la même situation et peut-être l’étaient-ils. Ces contacts gratuits étaient agréables, il aimait autant en recevoir qu’en donner, pourtant certaines choses le mettaient mal à l’aise. Cela faisait bientôt deux jours qu’il était ici et il ne s’habituait pas aux ventres ronds, factices, alors que son propre ventre avait pris une courbe caractéristique.
Chaque matin, il s’installait à même le sol, contre une paroi munie de trayeuses. Il laissait les appendices venir se coller à sa poitrine, de plus en plus sensible, pour tirer sur ses mamelons. Là, alanguit au possible, il se caressait, gratuitement. Pour la première fois depuis longtemps, il cherchait le plaisir dans chaque acte, dans chaque geste. Il peinait souvent à le trouver, mais les stimulations sur ses seins et les œufs gonflant son ventre le rendait étrange, comme fourmillant de sensations inconnues.
Le programme en dehors des modifications de son corps était totalement vide. Il n’était forcé de rien, mais il reprit rapidement ses habitudes. S’il n’avait plus accès au cours, il y avait bien des choses qu’il ignorait encore à propos de la couveuse alors il se baladait, il observait et il apprenait, encore et toujours. Son premier but était d’apprendre tout le fonctionnement de la laiterie, avec ses failles, ses problématiques, ses points d’intérêts et ses merveilles également. Pour cela, il devait aussi apprendre à connaitre ses occupants que ce soit en échangeant des douces caresses ou en discutant avec eux.
A force d’observation, il nota comme les mains avaient tendance à se porter aux ventres ronds, comme s’ils tentaient de protéger ou de rassurer une progéniture qui n’était pas là. Il se surprit, lui-même, à caresser ces courbes mensongères. Il ne savait plus comment il l’avait appris, mais on lui avait dit, longtemps auparavant, que perdre un petit, même faux, était particulièrement douloureux. Malheureusement, c’était la norme à la laiterie. Les œufs devaient être retirés au bout d’un certain temps, au moins pour laisser la matrice se reposer. En posant quelques questions, il découvrit que la majorité des personnes conservaient ces œufs pendant toute la durée d’une grossesse normale et ceux chez les espèces ayant des durées de gestations longues. Mais certains préféraient ne pas vivre dans le mensonge ou dans le regret de ce qu’ils n’auraient pas et préféraient que ça arrive aussi vite que possible.
Pour chacun d’entre eux, c’était un moment pénible et sans vraiment comprendre pourquoi, Yu se retrouva parmi les autres à y assister. Rejoignant les mains caressantes, il câlina le corps tendu d’une Kri frémissante et gémissante. Les œufs glissèrent, un par un, hors de sa matrice, la libérant. Elle prit le temps de les toucher, de les observer et même de les ouvrir pour en dévoiler la mécanique interne comme si c’était plus facile ainsi, mais ça ne l’était pas vraiment. Pas totalement. Une ancienne lui expliqua doucement, à l’oreille :
- La première fois que tu les perdras sera la pire… mais nous serons là et tu dois être là pour les autres, toi-aussi. Prends la dans tes bras.
Et Yu obéit car il connaissait la valeur d’un tel soutien et d’une telle communauté. Il la berça durant des heures jusqu’à ce qu’une autre ne le relaye. Le lendemain, ses seins offrirent leur première production. C’était un liquide jaune, épais, étrange, mais qu’il connaissait et qui ne le surprit pas. C’était le premier lait particulièrement riche et important pour les nourrissons. C’était ce qu’il pourrait produire de plus précieux.
On l’avait peut-être envoyé dans cet endroit si loin de ce qu’il aurait pu faire, mais il se sentit fier de participer ainsi à la communauté, dans sa couveuse. Néanmoins, mettre la trayeuse sur chacun de ses seins et les laisser tirer dessus pendant de longues minutes n’étaient pas une partie de plaisir et bien peu de liquide ne put en être extrait. Ce n’était pas grave, il recommencerait dans quelques heures se dit-il en caressant son ventre rond. Tout en suspendant son geste, qu’il avait surpris, il pensa à l’accouchement ou plutôt au moment où il viderait sa matrice. Il savait parfaitement que la perte serait dure et la voir subie par des personnes qui en avaient l’habitude ne faisait que lui jeter un peu plus encore cette réalité au visage. Ce serait horriblement dur, mais il pourrait décider de la retarder le plus possible ou au contraire de l’accélérer. Malheureusement, il n’avait pas la moindre idée de ce qui pourrait lui causer le moins de tord pour le moment.
Arrachant sa main à son ventre, il la posa sur ses petits seins gorgés et les flatta. Il avait travaillé à la souplesse de son corps durant des années, à présent, il était temps de s’occuper de sa poitrine. Pour y parvenir, il s’était fait un véritable programme d’entraînement en demandant conseil aux autres. Il était même passé chercher des pommades pour aider ses tétons sensibles à encaisser le choc.
Un peu amer, il se fit la réflexion que s’il avait réussi à séduire l’Akoutie, alors en ce moment-même, il serait dans ses quartiers, à découvrir chaque objet, chaque meuble mais également chaque habitude, chaque mimique fascinante chez son Koros et entre ses explorations, ils se seraient fait l’amour avec une dévotion des plus totales.
S’il avait été réparti comme il aurait du l’être, il serait dans un vaisseau, peut-être en direction d’une planète où il résiderait. L’exploration n’en aurait été que plus riche et plus abondante car si la couveuse les préparait à une grande diversité de cultures, ils ne connaissaient pas l’ensemble des éléments qui les composaient. Les habitudes, les règles de politesses, la manière même de voir le monde, … Tout n’aurait été que découvertes.
Il déglutit et se maudit. Regretter quelque chose qui n’était pas et qui ne pouvait pas être, ça n’avait aucun sens ! Ce n’était pas comme ça qu’il améliorerait quoique ce soit. Il devait comprendre ce qui avait déplut à son Akoutie, trouver comment le séduire, certes, mais s’appesantir sur ce qui n’arriverait pas était improductif. D’autres choses seraient bien plus utiles.
Pour réussir, il devait parvenir à produire du lait, ça, son corps y parviendrait sans doute. Mais il devait aussi influer sur la qualité du lait et sur sa quantité et seule une bonne hygiène de vie le lui permettrait à sa connaissance. Entre deux traites, il avait donc choisi de retourner travailler, de conduire des paquets, afin de marcher, encore et encore. C’était ennuyant au possible, mais il choisissait ses trajets pour en apprendre plus sur des zones de la couveuse qu’il connaissait peu ou mal. Elles étaient nombreuses en réalité car les prétendants étaient réunis sur certains secteurs. A présent, il pouvait aller où il le désirait, son travail n’avait plus rien d’obligatoire, tant qu’il produisait du lait, tout le monde serait content.
Travailler pour marcher était sans doute une bonne idée, mais il ne devait pas négliger les phases de repos pour que son corps puisse avoir l’énergie suffisante pour la production du liquide, alors il alternait avec des siestes, des moments de relaxations, des moments de travail des postures particulièrement doux.
Pour débuter, il était allé chercher celle qui avait la plus grande et belle production de lait. Elle était totalement féminine, avec une poitrine proéminente et des tétons allongés à faire d’être mastiqué par les machines. A force, les siens se déformeraient également pour offrir une meilleure prise en bouche. Tranquillement il avait demandé :
- J’aimerai produire autant de lait que toi, voir plus. Comment faire ?
Elle lui avait sourit avec indulgence, puis avait caressé sa petite poitrine ridicule avant de souffler :
- Je ne suis pas sûre que ce soit possible. La nature ne t’a pas assez bien prévu pour ça. Que fais-tu là ?
- Je ne sais pas.
Elle avait hoché la tête avec indulgence, faisant voleter des cheveux bruns coupés courts sur son front puis elle lui avait donné des conseils, des conseils pénibles à suivre, des conseils qui seraient durs mais qui pouvaient aider. Il avait écouté et obéit.
C’était comme ça qu’il s’était retrouvé devant cette machine étrange. Doucement, il l’avait caressé du bout des doigts pour en découvrir la texture. Elle était douce et tiède, presque chaude. Elle l’aiderait à se détendre. Elle avait été faite pour relancer la production après une période tarie, mais elle pouvait tout aussi bien augmenter n’importe quelle production de lait et certains l’utilisaient pour ça. Cette fois-ci personne n’était dans les parages pour l’aider ou le cajoler, mais ce n’était pas grave. Il n’avait besoin que de cette machine et d’un peu de courage. Contrairement au cheval d’arçon qu’il devait escalader pour reposer sur une surface pleine, ici, il y avait un large trou pour laisser passer une poitrine. En dessous, deux appendices serviraient à la stimulation. Derrière, deux autres travailleraient à son plaisir jusqu’à le laisser totalement pantelant. Une forme avait même été prévu pour s’adapter à son ventre.
Lentement, tout en testant l’équilibre de l’objet, il grimpa. Sa tête arriva dans un trou bordé de coussins, ses seins tombèrent librement dans l’espace prévu et son ventre épousa le creux formé pour ne pas être dérangeant. Il hésita un moment sans savoir quoi faire de ses mains avant de trouver deux petites poignées qu’il saisit fermement. Comme si c’était le signal attendu, les machines se mirent en route. On lui avait conseillé de ne pas se préparer avec de venir, laissant le soin à la machine de se régler spécialement pour lui, alors il sursauta quand une masse épaisse vient se coller à son anus comme pour le pénétrer. Si la machine rentrait à sec, ce serait pour le moins douloureux, mais il ne laissa pas cette pensée le tendre et compliquer la situation, préférant au contraire se relaxer.
Durant un moment, il n’y eut que ce contact, cette forme large et immobile contre son intimité, puis, elle se mit en mouvement. Elle se rétracta, se couvrit d’un gel gras et visqueux avant de revenir à son contact pour apposer la plus petite des pressions. Elle se retira avant de franchir ses muscles et recommença, le tapotant avec une irrégularité qui le surprenait. Ce n’était pas comme les machines auxquels il avait l’habitude. Il ne s’agissait pas d’apprendre une morphologie à son corps ou un type de sexualité. Il s’agit d’autre chose.
Sous lui, les deux appendices formèrent de petites coupes qui s’adaptèrent au diamètre de ses mamelons avant de venir les humidifier avec un produit similaire à ce qui était utilisé à l’arrière de son corps. Le contact, légèrement frais, lui arracha un frisson et son corps se tendit d’envie. Le bout de ses seins se crispa et les coupelles s’adaptèrent à ce nouveau format avant de revenir à la charge dans une aspiration aussi douce qu’intransigeante. Yu lâcha un petit bruit de surprise sous la pression, plus forte qu’il ne l’attendait, et doucement, les appendices se mirent en mouvement, tirant sur ses seins l’un après l’autre. Il les sentit fourmiller alors que tout son être se détendait. C’était étrangement agréable même s’il ne pouvait pas toucher son petit sexe pour se faire du bien. Son anus, lui, était de plus en plus stimulé, la pression n’augmentait pas, mais la détente aidant, la machine finit par passer cette barrière naturelle. Elle en ressortit et recommença, la travaillant avec une patience infinie. Ce doux frottement faisait monter la chaleur dans le corps du petit Oom qui tenta de remuer les hanches à la recherche d’un contact plus franc, sans parvenir à l’obtenir.
Jamais la machine n’avança plus, se contentant de ce simple frottement puis elle s’éloigna, tout simplement, alors qu’un contact froid et humide revenait contre ses tétons. La machine se retira tout à fait, annonçant la fin de la séance.
Yu se redressa, pantelant. Il n’avait pas produit de lait, mais ces contacts répétés, ces demandes impérieuses, pousseraient son corps à accélérait le processus et à accroître sa production. Il faudrait recommencer plusieurs fois par jour se dit-il tout en maintenant le contact avec la machine, le temps de retrouver un peu de force dans ses jambes. En baissant le regard, sa virilité dressée le surprit. Il avait vraiment aimé ça. Il n’avait jamais eu conscience d’avoir les seins aussi sensibles et c’était comme s’il découvrait une partie de lui-même. Il caressa son membre tendu et s’arrêta en soupirant. Il valait mieux garder son plaisir pour plus tard. Lorsque ses seins seraient si sensibles qu’il prierait pour que la séance cesse, alors ce plaisir là serait le bienvenu, en attendant, mieux valait se retenir.
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