12 - Les Titans Noirs (3/3)
Le match avait débuté depuis plus d'une heure. Les Pégases étaient toujours débordés mais ils n'avaient pas encore abdiqués. Ils avaient même réussi à marquer dans le cercle en bronze grâce à une échappée de Gaëlle mais elle heurta malencontreusement le poteau de but causant une chute de plus de sept mètres. Elle put tout de même trouver assez de force pour remonter sur son balai, telle une guerrière prête à tout donner pour son équipe. Édouard faillit marquer dans le cercle en or à son tour mais le gardien des Titans stoppa le tir malgré l'effet giratoire qu'il a mit dans son souafle.
Ainsi, les Pégases opposèrent une farouche résistance. Il semblerait même qu'une partie du public se mette à changer de camps. Édouard sentit les encouragements gonfler à leur avantage. Cela aura au moins l'effet de remonter le moral des derniers joueurs encore en jeu.
Voyant que leurs adversaires pourtant accessible au début de la partie, opposèrent une forte résistance, les Titans durcirent le jeu. Ils furent devenus plus violent et se débarrassèrent d'Helena de manière très controversée. Elle fut projetée au sol après un violent coup de coude du capitaine des Titans. Cette attaque aura eu pour effet de sonner la révolte chez les supporters.
Pour la première fois, les Titans furent sifflés par le public. Malheureusement, Humphrey Rouge-Carton ne siffla pas et le match se poursuivit.
Helena en moins, il fallait s'y attendre, les Titans marquèrent huit nouveaux buts, dont sept en or et un en argent, portant leur score à 140. Mais le score aurait pu s'aggraver à six reprises si Édouard et Abe ne s'étaient pas entraidés afin de remplacer leur gardienne désormais hors course. Édouard s'était donc emparé de la batte d'Alf, comme le lui avait demandé son capitaine. Ainsi, il a pu gagner en force et repousser de nombreux souafles. Mais il avait perdu en précision et marquer devenait presque impossible.
Les Pégases se retrouvèrent dans une impasse. Ils ne pouvaient plus que défendre et attendre que le vif d'or soit attrapé. Mettant un terme au massacre. Mais les Titans semblaient s'amuser de la situation et empêchaient Jérémy de s'emparer du vif d'or. L'attrapeur adverse aurait pu plier le match à de nombreuses reprises. Édouard en était certain. Mais ces derniers voulaient vraiment prouver qu’ils étaient les favoris de la rencontre et se faisaient un malin plaisir à briser le rêve des Pégases d'intégrer un jour le championnat.
Édouard commençait à en avoir assez de cette mascarade. Forcer de maintenir les buts avec Abe, il ne voyait pas la fin du match arriver. Il commençait à faire de plus en plus froid et le vent de l'automne s'engouffrait avec vigueur dans le stade faisant tanguer les joueurs sur leur balai.
C'en était assez pour Édouard. Il fallait s'emparer du vif d'or pour plier le match. Tout le monde commençait à fatiguer. Il ne savait pas depuis combien de temps ils jouaient mais ça devenait de plus en plus éprouvant. Même le public ne chantait plus. Décidé d'en finir une bonne fois pour toute, Édouard scruta le ciel à la recherche du vif d'or. Puisqu'on empêchait Dauvel de s'emparer du vif d'or, peut-être fallait-il le faire pour lui.
Alors que Gaëlle était parvenue à s'emparer du souafle. Édouard sentit un petit sifflement aux oreilles. C'était une petite boule dorée, pourvue d'ailes qui fila vers le sol. Instinctivement, il jeta sa batte à Abe en s'écriant :
— Abe ! Attrape la batte et défend le but !
Sans attendre de réponse, Édouard piqua vers le sol sans quitter le petit point scintillant des yeux. Comme l'a dit son capitaine, l'effet de surprise est le seul avantage que les Pégases peuvent avoir s'ils veulent rivaliser avec les imbattables Titans. Ainsi, personne ne s'est attendu à ce qu'un poursuiveur se mette à la chasse du vif d'or. Édouard cru percevoir les acclamations de la foule et les commentaires surpris du speaker.
— Incroyable, le jeune Édouard Vittel vient de quitter son poste, mais que lui arrive-t-il ?
Mais, il ne doit pas se laisser déconcentrer. Il y a un match à finir. Cet effet de surprise à pu lui faire gagner de précieuses secondes. Malheureusement. Son vieux balai ne sera jamais assez rapide pour rattraper la fougueuse petite balle dorée. Pire encore, il finit par se faire rejoindre par l'attrapeur adverse qui manqua de le faire tomber de son balai. Il rasait le sol à présent. Mais l'attrapeur des Titans s'acharnait toujours sur le jeune poursuiveur à la chasuble blanche. Le vif d'or prenait des virages serré qu'Édouard parvient à maitriser à son tour. Mais il ne parvenait pas à semer le Titan. Édouard espéra que son vieux balai tienne le coup.
Mais alors qu'il se rapprochait du vif d'or et qu'il commença à tendre la main pour le saisir. Le Titan fonça sur lui pour provoquer la chute d'Édouard. N'ayant pas le même gabarit que son agresseur, Édouard ne peut qu'être violemment éjecté de son balai sans pouvoir se défendre. Heureusement proche du sol, il parvient à faire un roulé-boulé sur l'herbe fraîche sans être parvenu à se saisir du vif d'or.
Encore étourdi par la violence du choc, Édouard réalisa soudain qu'il venait d'échouer. Il était pourtant sûr que sa stratégie et son effet de surprise marcherait. Mais désormais, allongé sur le sol, le dos endolori, il était hors jeu. C'est alors qu'il parvient de nouveau à entendre le tumulte du stade et les acclamations du commentateur.
— Incroyable, le match est terminé ! Dauvel est parvenu à attraper le vif d'or !
— Quoi ? s'exclama Édouard qui réalisa soudain que sa stratégie avait peut-être marché finalement.
Il se releva péniblement tandis qu'il voyait Dauvel atterrir au sol accompagné de Gaëlle et Abe qui se congratulaient. Les trois Pégases rejoignirent Édouard qui se tenait le dos en grimaçant.
— Bien joué Ed ! s'exclama Dauvel en lui montrant le petite boule dorée qui battait des ailes avec frénésie. Grâce à ton attaque j'ai pu me saisir du vif d'or sans qu'on vienne me déranger. Très belle diversion !
— On a gagné ? demanda-t-il alors qu'Abraham l'aida à se relever.
— Malheureusement les 150 points offert par le vif d'or ne nous ont pas permis de rattraper les 158 points marqués par les Titans. Pendant que tu chassais le vif ils ont eu le temps de marquer un but en or un en argent et trois en bronze. On a perdu 158 à 156.
Malgré la courte défaite, les sourires furent amers. Ils avaient perdu. Odilon avait promis d'accepter la proposition de Jérémy s'ils parvenaient à battre les Titans. Ils ne leur manquaient que deux petits buts en bronze pour y parvenir. À cet instant, chacun réalisa que leur rêve venait de s'effondrer.
— Allons, consola Jérémy en se dirigeant bras-dessus bras-dessous vers les vestiaires pour se changer et enlever leurs vêtements boueux. On a fait un très grand match. On a été loin d'être ridicule. Regardez le public ! Ils nous saluent.
On pouvait en effet, entendre la clameur du public pour les vaincu au détriment des vainqueurs. L'ambiance était incroyable. Eux qui se faisaient siffler au début de la rencontre rentraient aux vestiaires en héros. Mais alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le terrain. Une voix familière appela les quatre derniers pégases qui se soutenaient mutuellement, tel des soldats revenant de guerre.
— Monsieur Dauvel, fit Odilon qui rattrapa les joueurs en trottinant dans sa robe pourpre. Je tenais à vous dire quelques mots avant que vous ne retourniez au vestiaire.
— Monsieur Odilon ? fit Jérémy en se retournant, interloqué. Vous venez nous dire que vous ne nous présiderez pas, c'est ça ?
— Non, je viens vous féliciter, fit-il en esquissant un large sourire. Vous m'avez impressionné. Assez en tout cas pour que j'accepte votre offre.
— Quoi ? firent-ils tous ensemble, abasourdi par une telle réponse.
— Mais on a perdu... fit Jérémy
— Je sais, je sais, admit-il, mais vous avez fait preuve d'un grand courage et d'une volonté impressionnante. À vrai dire, j'avais déjà prit ma décision dès que vous m'avez présenté votre équipe il y a deux semaine. Mais je voulais vous voir à l'œuvre avant le championnat. Je ne me suis pas trompé. Votre équipe va faire des étincelles. Prenez grand soin de votre jeune recrue, ajouta-t-il en regardant attentivement Édouard. C'est une petite merveille et je n'ai jamais douté de son talent. Sur ce, je vais vous laisser, il y a quelques papiers que je dois remplir auprès de la commission des sports interne de l'Académie.
Ainsi, il laissa les Pégases encore sous le choc de la nouvelle et rebroussa chemin. Édouard n'en revenait pas. Il allait finalement participer au tournoi. Beaufort doit-être vert de jalousie. Kowalsky ne doit pas s'attendre à une telle annonce. Sans doute se ronge-t-il encore les ongles suite à se match très accroché.
Mais désormais, ce n'était plus important. Le match était terminé. Édouard ne savait pas combien de temps le match avait duré. Il n'avait qu'une envie, fêter cette défaite salvatrice avec ses amis et le reste de l'équipe. Les Pégases étaient nés.
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