17 - Les Canaris (1/2)
L’année suivit son cours dans l’Académie magique de Beauxbâtons. Les neiges avaient fondue depuis plusieurs semaines déjà et les bourgeons commencèrent à éclore sur tout le jardin, lui donnant un aspect neuf et vivifiant. La moitié de la saison de Quidditch arrivait et déjà, on annonçait les Titans vainqueurs. Après leur victoire récente sur les Dragons rouges 180 à 175, ils totalisaient 612 points. Loin devant les Pégases, relégués à la quatrième place avec un total de 301 points et un match en moins.
Ils allaient affronter la légendaire équipe des Canaris Fougueux, lanterne rouge et en grande difficulté cette année. Une chance pour l’équipe de Dauvel de prendre le large et pourquoi pas rattraper les Titans.
Mais les Canaris en mauvaise posture pouvaient surprendre à tout moment et dans un sursaut d’orgueil priver les pégases d’une victoire. Cela serait catastrophique pour eux et ils ne pourraient sans doute jamais remonter jusqu’à la première place et espérer gagner le championnat pour revenir l’année prochaine. Mais Dauvel ne perdit pas espoir.
Il multiplia les entrainements et enchaina les combinaisons nouvelles et complexes. Cependant, l’équipe ne s’était pas vraiment remise de la défaite contre les Dragons rouges, actuels deuxièmes du classement.
Pire encore, Edouard ne parvint plus à maitriser l’Epsilon Oméga. Il ne lui répondait plus comme lors du match amical contre les Tentacules. Il essaya de percevoir le pouls qu’il avait put sentir la première fois qu’il eut empoigné le manche mais il le sentait à peine.
C’était comme si le balai commençait à expirer son dernier souffle. Comme s’il allait mourir. Il était incapable d’expliquer ce phénomène. Pourtant, Jérémy ne cessait de lui répéter qu’il devait trouver une solution car un match décisif allait être joué dans quelques jours.
Ce soir là, il profita d’un cours particulier avec Odilon pour lui en toucher deux mots. Tandis qu’il s’exerçait à lancer le sortilège de désarmement, essentiel pour le duel traditionnel de fin d’année, il s’arrêta quelques secondes afin de se reposer. Edouard avait accumulé tellement de retard à cause des retenues et des entrainements qu’Odilon ne lui laissait presque aucun répit. Mais il ne se dérangea pas à lui laisser quelques minutes pour souffler.
— Vous faites d’excellent progrès, Monsieur Vittel, félicita le vieux professeur vouté, je pensais vous garder encore jusqu’à la fin du mois de mars mais je pense que nos séances s’arrêterons à la fin de la semaine.
— Mais je ne maitrise pas encore le sortilège de désarmement ! s’inquiéta Edouard en regardant son professeur
— Rassurez-vous, dit-il d’une voix douce, vous n’en aurez pas besoin pour votre duel de fin d’année. Ce sortilège n’entre que dans le programme de cinquième. Mais vu vos progrès j’étais curieux de voir comment vous vous en sortiriez. Mais nous arrêterons là pour l’instant avec ce sortilège. Il ne faudrait pas que vous preniez trop d’avances.
— Merci professeur, fit Edouard en s’asseyant sur une chaise et en buvant une gorgée d’eau fraiche. Je vous promets de ne plus accumuler les retenues
— J’espère bien, ajouta-t-il en agitant sa baguette magique pour remettre la salle de classe dans l’état initial. Comment se passent les cours de potion désormais ?
— Disons que je n’ai plus de retenue, admit Edouard en refermant la bouteille d’eau. Mais le professeur Kowalsky ne me lâche plus d’une semelle. Je ne comprends rien à l’art des potions.
— Je comprends, rassura-t-il de sa petite voix douce emplit de sagesse. Moi-même je ne comprenais rien à la divination. C’était devenu une corvée cette matière. Je me contentais de boire du thé et jouer aux cartes avec mes camarades. C’était beaucoup plus amusant.
Edouard se mit à rire en entendant le professeur raconter ces histoires de jeunesse à Beauxbâtons. Mais très vite, une pensée lui vint en tête. Une pensée qui ne l’avait pas vraiment quitté depuis que le cours a commencé.
— Quelque chose ne va pas, jeune homme ? demanda le professeur qui avait remarqué la mine songeuse d’Edouard
— C’est à dire que… commença-t-il en jouant nerveusement avec sa baguette. Demain on joue contre les Canaris et… je crois que le balai que vous m’avez offert ne m’obéit plus. On ne pourra jamais remporter le championnat si l’Epsilon n’est plus aussi efficace. Je ne comprends pas ce qui se passe. On dirait qu’il est en train de… mourir.
Odilon parut songeur à son tour. Pourtant, ses mots se voulurent rassurant.
— L’Epsilon Oméga est un balai plein de mystère, dit-il en s’asseyant à coté de son élève. On raconte que ce sont des hauts-elfes qui l’auraient fabriqué.
— Des quoi ?
— Les Hauts-Elfes sont des créatures que même les sorciers ont du mal à voir. Ils sont mystérieux et certains disent qu’ils auraient quittés notre monde pour trouver un plan d’existence dans l’au-delà. Ce sont de grands érudits et ici, nous avons la chance d’en côtoyer une !
— Ici ? à Beauxbâtons ? fit Edouard interloqué
— Bien-sûr, admit le professeur en souriant. Tu ne croyais tout de même pas que l’Académie était dirigé par une sorcière plus jeune que moi ?
— Mme Dénébola ?! s’exclama Edouard en se levant de sa chaise. Vous-voulez dire que…
— Les Hauts elfes ont une espérance de vie incroyablement longue, ajouta Odilon. Mais ils sont très secrets et se cachent parmi nous comme des sorciers lambda. Ils sont capables de faire des choses extraordinaires mais leur modestie est plus importante que leurs pouvoirs. L’Espilon Oméga est un balai elfique, Edouard. Il est donc, au même titre que ces créateurs chargés de secrets. Mais pour avoir côtoyé Andréa Dénébola pendant plusieurs années je peux te donner quelques conseils.
— Je vous écoute, dit Edouard impatient d’en apprendre d’avantage.
— Et bien, commença-t-il en caressant sa barbe grisonnante. Comme tout objet elfique, il a des propriétés hors du commun. Je pense que ce balai n’obéit à personne. Il se nourrit de tes sentiments, de tes sensations. Il fusionne avec vous pour que vous ne formiez qu’une seule et même personne. Vous devez avoir confiance en vous pour qu’il se fie à vous. Mais sachez une chose essentielle, Monsieur Vittel, ajouta-t-il en levant un doigt de mise en garde, l’Epsilon ne vous appartiendra jamais tout comme il ne m’a jamais appartenus.
— Que voulez-vous dire ?
— Le moment venu, quand il verra que vous n’aurez plus besoin de lui, il s’en ira chercher un autre propriétaire. C’est ainsi. Il est resté avec moi pendant de nombreuses années, poursuivit-il. Je commençais à croire que je serais son dernier propriétaire. Mais lorsque vous êtes arrivé ici, le jour de la rentrée, il à commencer à vibrer de nouveau. Comme si la fougue de la première jeunesse l’avait reprit. Dés lors, j’ai comprit qu’il cherchait à nouveau l’espace et la liberté. Il avait sentit la présence d’un nouveau propriétaire digne de le chevaucher. Lorsque j’ai su que vous aviez sauvé Monsieur Paillet d’une chute de balai, j’ai tout de suite comprit que l’Epsilon pensait à vous. Je pense avoir fait le bon choix en vous le confiant, jeune homme. Maintenant, c’est à vous de faire vos preuves. Ayez confiance en vos capacités. Vous êtes un bon élève et vous apprenez vite. Regardez les progrès que vous avez faits depuis le début de l’année ! Rappelez-vous du jeune garçon qui était incapable de cracher le moindre sortilège ! voyez ce que vous êtes devenus en quelques mois ! Mais vous avez encore tellement de choses à apprendre…
— Merci professeur, dit Edouard qui sentit son corps parcouru par un courant d’air chaud et apaisant dans tout son corps.
Il rentra au dortoir ce soir là, le cœur léger. Prêt à en découdre avec les canaris le lendemain. Dans la chambre, Charles, Armand et Eugène l’attendaient en pyjama sur leur lit. Il leur raconta comment c’était passé le cours et ce qu’il apprit sur la directrice de l’Académie et les balais qu’Odilon lui avait confié.
Eugène n’en revenait pas que Dénébola soit un Haut Elfe. Il venait d’apprendre quelque chose sur l’Académie alors qu’il pensait déjà tout connaitre. Ils se couchèrent peu après tandis que la nuit étoilée illuminait le ciel de l’Académie.
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