17 - Les Canaris (2/2)
Le lendemain, l’effervescence qui gagnait habituellement l’Académie avant un match de Quidditch était quasi inexistant. Seuls quelques élèves arboraient des écharpes jaunes et vertes et aucun ne portait les couleurs des Pégases.
Depuis leur défaite contre les Dragons rouges, plus personne ne les soutenaient. Certains avaient même oublié leur existence si bien que le stade serait quasiment vide cet après-midi. Au cours du déjeuné, cependant, Helena convoqua l’équipe en urgence afin de leur faire part d’une nouvelle dramatique. Assis autour d’une table du réfectoire, elle leur annonca le forfait de Jérémy pour le match comme un coup de massue.
— Kowalsky lui a demandé de boire le polynectar qu’on préparait pendant le cours, expliqua-t-elle avec un air grave. Normalement il devait simplement prendre l’apparence de Lambert Girault à qui il avait prit une mèche de cheveux. mais au lieu de ça il est tombé au sol et a commencé à avoir des convulsions. Et puis il s’est évanouit. Mme Leblanc a dit qu’il devait se reposer à l’infirmerie pendant quelques jours.
— Mais c’est horrible ! s’exclama Gaëlle paniquée, le match est repoussé ?
— On ne peut pas repousser le Quidditch, finit-elle dépitée.
— Ce Kowalsky ! s’exclama Abe en tapant du poing sur la table si bien qu’il renversa du jus de citrouille sur la nappe blanche, je lui enverrai bien ma batte en pleine figure !
— Je ne pense pas que ce soit lui le responsable, admet Helena. On a tous bu une louche de notre polynectar et il n’y a eu aucun problème. Mais je suis persuadée d’avoir vu Morin, le capitaine des Titans, déposé de la racine d’asphodèle en poudre dans le chaudron de Jérémy.
— L’enfoiré ! s’exclama Alf en colère.
Cela ne pouvait pas tomber plus mal. Les pégases perdaient leur capitaine et leur attrapeur. De plus, ils n’avaient pas le temps de trouver un remplaçant.
Le match allait se jouer dans quelques heures. Helena, qui avait prit la place de capitaine de substitution exigea qu’il ne faudrait pas se soucier du vif d’or pendant toute la rencontre et qu’il faudra impérativement marquer plus de 150 points avant la fin du match.
— Je compte sur vous dit-elle à la fin du repas avant d’emporter son plateau pour le poser sur les chariots tirés par les elfes de maisons.
Quand il raconta la nouvelle à Charles Armand et Enola, ils n’en crurent pas leurs yeux.
— Ces Titans sont vraiment des lâches ! s’emporta Charles
— Des mauvais joueurs, renchérit Armand
— Comment vous allez gagner sans Jérémy ? s’inquiéta Enola.
— Je n’en sais rien, admit Edouard, abattu. En plus, si mon balai ne m’obéit pas, on court à la catastrophe. Comment on pourra remonter l’écart de point entre nous et les Titans si je ne peux pas marquer ?
Mais il était trop tard pour y penser. Le match allait bientôt commencer et avant cela, il fallait aller en cours. Lors du diner, les pégases mangèrent ensemble au réfectoire. Mais aucun ne décrocha un mot. Seul Helena encouragea ses camarades en se levant d’un bon pour leur dire de se rendre au stade la tête haute.
— Jérémy ne supporterait pas de nous voir ainsi. Il faut se battre et donner du spectacle à nos supporters.
— De quels supporters tu parles, Helena ? fit Abe découragé. Plus personne ne nous soutiens depuis qu’on à lamentablement perdu contre les Dragons. Tout le monde comptait sur nous tu te souviens ? On les a déçus, jamais ils voudront reformer le fan-club des Pégases. Tout est perdu…
— Ce n’est pas en réagissant ainsi qu’on risque de gagner, effectivement ! s’emporta la gardienne avec autorité. Mais on doit le faire ! Rappelez-vous d’où on est parti ! Notre équipe a bien faillit ne jamais voir le jour et voyez où on est actuellement. D’accords on n’est pas bien placés dans le championnat, et alors ! Donnons tous avant de le regretter plus tard.
Vers dis-neuf heures trente, l’équipe se dirigea vers le stade dans un silence morne. Tous avaient le visage blafard et le pas lourd. Edouard avait l’impression que son balai qu’il portait sur l’épaule pesait une tonne. Dans les vestiaires, ils revêtirent leur tenue devenue grise et terne, comme si leur moral influait sur leur robe de Quidditch. Le ciel était gris et malgré l’arrivée du printemps, il faisait encore frais.
Comme on pouvait s’y attendre, le stade était quasiment désert. Peu de gens voulait assister à un match qualifié de « seconde partie de tableau » On percevait quelques écharpes et banderoles à l’effigie des canaris et dans un coin, niché en haut du virage nord des petites pointes de bleues ciels appartenant aux écharpes des amis d’Edouard.
Dans les gradins, Edouard eut la désagréable surprise d’apercevoir Beaufort et Daril arborer une pancarte insultant les Pégases et les Canaris. Ils avaient écris en lettre rouges « Bon match aux plus mauvaises équipes de l’année Ha ha ha… »
Edouard sentit la colère monter en lui. L’antipathie qu’il éprouvait pour Beaufort sembla se manifester dans le manche de son balai d’un blanc nacré car il sentit de nouveaux un pouls battre frénétiquement.
L’arbitre fantôme se plaça au milieu du terrain comme à son habitude avant de siffler le début du match. Edouard enfourcha son balai et s’élança aussitôt. Dés lors, les sensations lui revinrent. L’Epsilon Oméga reprit instinctivement une course rapide et fluide. Il s’empara rapidement du souafle pour empêcher les Canaris en tenue jaune de pouvoir prendre l’avantage. Il fila seul vers les buts adverses et tandis qu’il avait encore la banderole de Beaufort dans la tête, il frappa de toute sa rage dans l’anneau en or.
— 10 points pour Pégases ! s’exclama Victor au micro.
Sa voix résonnait dans tout le stade car le public peu présent n’applaudissait guère. Rapidement, le match tourna à l’avantage des Pégases. Mais l’ambiance était triste et maussade. Edouard n’entendait que le souffle du vent qui s’engouffrait dans le stade. Les coups de battes sur les cognards résonnaient en écho et le bruit des contacts entre les poursuiveurs ajoutait encore plus d’impact.
Helena faisait un match incroyable. Elle arrêtait des tirs impressionnant si bien qu’ils n’encaissèrent aucun but pendant plus d’une demi-heure. Mais les blancs et ciels ne menaient que 75 à 0 or, il fallait marquer plus de but avant que le vif d’or ne soit capturé. C’est alors que la voix de Victor s’intensifia dans le stade.
— Il semblerait que Justine Fonce ait aperçu le vif d’or ! elle file en piqué vers le sol, son Astiqueur 7 est vraiment impressionnant ! Je rappel que le capitaine et attrapeur des Pégases Jérémy Dauvel est forfait pour le match. Sa mésaventure en cours de potion oblige son équipe à jouer à six ! Une chance pour les Canaris de renverser la tendance et de peut-être espérer quitter la place de lanterne rouge synonyme de dissolution pour le championnat de l’année prochaine après plus de deux cents ans d’existence !
— Edouard ! s’exclama Helena devant ses buts. Vas-y ! tu es le seul à pouvoir la rattraper !
Edouard écouta les ordres de son capitaine d’un match. Il fila vers l’attrapeuse en confiant sa vie à son balai. Il prit un risque inconsidéré en esquivant un cognard. Pendant une fraction de seconde, il eut l’impression que l’Epsilon l’avait aidé à vriller pour laisser passer la balle noire. Jamais il n’avait volé aussi vite.
Il traversa le terrain en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le vent lui sifflait tellement fort dans ses oreilles qu’il eut l’impression que ses tympans allaient exploser. Il parvient au niveau de Justine Fonce qui était en seconde et la bouscula violemment pour qu’elle perde le contact avec la petite boule dorée. La manière était un peu brutale mais cela avait fonctionné. Cependant, Rouge-Carton siffla une faute en faveur des Canaris.
— Jeu dangereux des Pégases. Une pénalité est accordée aux Canaris. Explique-t-il faisant des gestes de la main.
Edouard avait provoqué une faute mais au moins, le vif d’or avait put s’échapper.
— Ce n’est pas grave Ed, fit Helena pour le rassurer. On a encore un sursis !
Désormais, Helena avait les cartes en mains. Si elle arrêtait le pénalty, les Pégases auraient encore une chance de pouvoir gagner le match. Le poursuiveur des Canaris est donc en possession du souafle. Il file vers les anneaux protégés par Helena plus déterminé que jamais. Ils sont menés par 120 à 0 et espèrent enfin marquer un but.
Mais arrivé devant la gardienne, il hésite et frappe à droite, vers l’anneau d’argent. Helena a senti le coup venir et parvient à arrêter le souafle in-extremis. Les pégases explosèrent de joie sur leur balai. Même Rémi qui d’habitude ne montre pas ses sentiments vient féliciter sa camarade.
Mais ils ne devaient pas se reposer sur leurs lauriers. Le match n’était pas terminé. Il fallait marquer encore trente points avant de pouvoir espérer le match nul. Gaëlle marqua deux buts de cinq points coups sur coup puis Abe qui normalement est un batteur, frappa accidentellement le cognard sur le souafle qui traversa l’anneau en or, accordant ainsi dix points supplémentaires.
Rémi s’empara brillamment du souafle après qu’un poursuiveur Canari le laissa tomber. Il fila vers le but soutenu par Edouard en contrebas. Lorsqu’il arriva face au but, le gardien jaune décida de l’attaquer de front. Mais Rémi, qui avait senti la présence d’Edouard, laissa tomber le souafle qui tomba directement dans les mains du jeune poursuiveur. Il remonta en chandelle le long du poteau doré et inscrivit le but qui les installait confortablement à 150 points.
Presque aussitôt après cette action, le sifflet retentit annonçant la fin du match.
— Justine Fonce vient d’attraper le vif d’or ! S’exclama Vic aux commentaires. C’est un match nul qui contente les deux équipes ! Chacune d’elle revient de loin. Grâce au vif d’or les Canaris quittent la dernière place et les Pégases reprennent du poil de la bête !
Ce soir là, Helena félicita chacun des joueurs et ils décidèrent d’annoncer immédiatement la nouvelle à Jérémy toujours allongé à l’infirmerie. Il ne cacha pas sa fierté et ajouta qu’il était persuadé que son équipe ferait un grand match, même en son absence. Odilon les rejoignit avec une grosse boite de gâteaux qu’ils partagèrent avec une tasse de thé.
— Je les ai chipés aux elfes dans les cuisines, j’espère qu’ils ne s’en rendront pas compte, dit-il en arborant un large sourire derrière ses sourcils broussailleux.
Lui aussi était fier de son équipe. Il adressa un petit clin d’œil à Edouard avant de serrer la main de ses petits protégés. Une fois rentré au dortoir, Charles, Armand et Enola l’attendaient au bas de l’escalier. Ils le félicitèrent pour son match incroyable. Edouard posa son balai contre la cheminée avant de recevoir les accolades de ses amis. Il était soulagé que ce match soit terminé. Il aurait voulu voir la tête de Beaufort à la fin du match. Charles affirmait qu’il avait quitté le stade au moment où Helena avait arrêté le penalty.
— Il est parti en faisant brûler sa pancarte d’un coup de baguette, dit-il en riant. C’était trop drôle, tu aurais dû voir sa tête.
Edouard écrivit une lettre à Susan pour lui raconter son aventure. Il envoya Panache et s’allongea le cœur léger avant de tirer les rideaux de son lit. Cette nuit là, il fit un rêve magnifique où il volait sur l’Epsilon Oméga en compagnie de Lucie, restée chez les moldus. Il lui ferait découvrir son nouvel univers tandis que Kevin les verraient s’éloigner à l’horizon. En se réveillant le lendemain, il avait totalement oublié ce rêve mais il se demanda bien quelle autre aventure l’attendait encore.
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