18 - Règlement de comptes au duel ancestral (2/3)

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La saison de Quidditch arriva bientôt à son terme et il ne restait déjà plus qu’un seul match à chaque équipe. Les pégases avaient affrontés les sirènes du diable de Mérald. Ils l’ont emporté facilement par 200 à 52.

Edouard avait fait un bon match, comme le reste de l’équipe. Il avait marqué deux buts à cinq points et trois en bronze, valant chacun un point. Mais la plus efficace fut Gaëlle qui totalisa vingt-huit points. Rémi ajouta un but en argent à cinq points avant d’enfiler quatre buts en bronze portant l’estocade à cinquante points. Jérémy termina le travail en attrapant le vif d’or au bout d’une heure et demie de jeu.

Charles, Enola et Armand furent impressionné par la prestation des Pégases qui commençaient enfin à reconquérir le cœur du public. Ils ne faisaient pas autant de bruit qu’au début de la saison mais les supporters des bleus et ciels pouvaient enfin rivaliser avec ceux des dragons rouges toujours deuxièmes au tableau d’affichage avec six cent trente points.

Mais cela ne suffisait pas à dépasser les Titans qui ont eu malgré tout, fort à faire contre les tentacules Frénétiques du professeur Domptin. Ils ont gagné d’une courte tête par 163 à 114.

Si Morin n’avait pas attrapé le vif d’or, ils auraient subies la première défaite de la saison. Mais il en faut plus pour la terrible équipe de Kowalsky avant de s’avouer vaincu.

Pour l’heure, ils courèrent aisément vers le cinquantième titre qui leur manqua. Celui qui leur offrirait une place de choix au musée de la magie. Mais avant cela, il fallait battre l’équipe d’Odilon pour le dernier match. Le match qui se profile avait une saveur de revanche pour Jérémy et les Pégases après leur défaite en match amical.

— Si on veut gagner le championnat, fit Jérémy dans les vestiaires après le match contre les Sirènes, on doit l’emporter sur les Titans avec plus de 165 points d’écarts…

— C’est impossible, Jerem’ dirent les cousins en cœur.

— Bien sûr que c’est possible, dit-il avec tellement de conviction qu’Edouard cru que ses boutons d’acnés allait lui exploser à la figure, il suffit de croire en nos chances et nos capacités.

— On verra en temps voulu, fit Rémi qui se changeait dans son coin. En attendant les examens de fins d’années approchent et je vais commencer à passer mes EFFETS dans quelques semaines. Donc je ne pourrais pas assister à tous les entrainements, désolé les gars.

— Ne t’excuse pas Rémi, fit Jérémy avec compréhension, on sera tous perturbés par la fin des cours et le duel traditionnel. Même les Titans devront louper des séances d’entrainement. C’est là notre chance ! Ils ont plus d’élèves en troisième qui devront passer leur DISC et de terminale que nous. Toi Rémi, tu es le seul de notre équipe dans ce cas là. On se passera de toi quelques temps jusqu’au match. Ce jour là nous seront prêt à les cueillir.

— OUAIS ! s’exclamèrent-ils tous en cœur en levant un poing rageur.

La fin de l’année approchait à grand pas et avant de connaitre le nouveau champion de Quidditch, les élèves avaient d’abords en tête les épreuves de fin d’années. Si pour les troisièmes et les terminales c’était une étape décisive, pour les autres niveaux, en revanche, c’était plus une tradition, un rite de passage. Le duel traditionnel existait depuis des générations. Bien avant qu’Irvin Beauxbâtons ne fonda son école.

Selon Eugène, devenu le spécialiste de la classe en matière d’histoire de la magie, les druides gaulois étaient les premiers sorciers à fouler le sol français. Ils ont fondés une école sous les fondations même de Beauxbâtons. Les récits historiques la nommaient l’école des Carnutes. Pour former leurs apprentis, les druides organisèrent des combats de sorcellerie entre eux.

Depuis, cette tradition est restée et elle a connu de nombreux bouleversements afin de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Surtout depuis que des élèves en sont morts il y a des siècles de ça. Mais les explications d’Eugène ne rassurèrent pas pour autant Edouard. La veille du duel, il confia à Charles, Enola et Armand qu’il avait peur d’avoir oublié tout ce qu’il avait appris cette année.

— Et si j’avais un trou de mémoire, dit-il en plaquant nerveusement son épi rebelle sur sa tête. Si tout ce que j’avais appris s’était envolé ? J’ai l’impression d’avoir déjà oublié comment on prononçait la formule d’expulsion…

— C’est Flipendo, fit Enola qui se voulait rassurante.

— Ne t’en fais pas, poursuivit Armand qui avait déjà passé l’épreuve l’année dernière. On ne nous fera pas nous « battre » les uns contre les autres. On n’a appris que des sortilèges élémentaires. On sera simplement mit en compétition afin de voir qui a les meilleurs acquis.

— N’oublis pas que la note à la fin du duel compte double pour la moyenne générale, remarqua Charles en révisant ses cours de maitrise de la magie. Si tu n’avais pas échoué à cette épreuve l’année dernière tu serais en passe de rentrer en quatrième l’année prochaine…

— Oui, ou de redoubler ta cinquième, fit Edouard en riant.

Ils rigolèrent joyeusement tandis qu’ils s’apprêtèrent à monter dans leur chambre respectives. La nuit allait être courte. Le lendemain, Edouard se mesurerait enfin à Tibius pour savoir qui des deux avait fait le plus de progrès. Il ne comptait pas se laisser impressionner par celui qu’il détestait le plus dans l’Académie après Kowlasky.

Les élèves de sixième avaient rendez-vous dans la salle de cours de maitrise de la magie. Il régnait dans l’amphithéâtre une tension palpable. Les élèves étaient tous debout, derrière leur pupitre, en silence, les bras tendus le longs du corps. Certains se rongeaient les ongles nerveusement, d’autres se tripotaient les cheveux. Enola était tellement tendue que ses cheveux étaient plus emmêlés que jamais. Elle se pinçait les lèvres en regardant droit devant elle, essayant vainement de se rappeler les sorts appris au cours de l’année.

Seul Charles paraissait détendu et souriant. Il regardait les autres avec un œil amusé et ne sembla pas inquiet une seconde.

— Comment tu fais pour rester si calme ? demanda Edouard intrigué

— Victor devait confectionner une potion de mémoire cette année. Il lui restait un peu de plumes de jobarbille alors il m’en a préparé une fiole. Tu en veux ? dit-il en sortant une petite bouteille en verre remplie d’un liquide rouge.

— Non merci, fit Edouard qui n’approuvait pas l’idée de tricher. Je ne m’appelle pas « Ludovic » se dit-il en pensant à son frère qui ne parvenait à obtenir des bonnes notes uniquement de cette manière.

De plus, il n’avait aucune idée de ce que pouvait-être un jobarbille. Mais il n’avait plus le temps de s’imaginer à quoi pouvait bien ressembler cet oiseau car la porte de la salle s’ouvrit annonçant le début de l’épreuve.

Le professeur Alphératz entra le premier dans sa robe bleue nuit à queue de pie, son haut de forme et son monocle. Il fut suivit par le professeur Odilon qui arborait son eternel sourire jovial derrière ses sourcils broussailleux. Puis, ce fut la directrice en personne, Mme Dénébola qui ferma la marche.

En voyant le trio de jury se placer derrière le bureau central, les élèves furent impressionnés. Mme Dénébola était plus grande qu’Alphératz et elle portait une longue robe noir en velours qui trainait jusqu’à la porte de l’amphithéatre. Son chapeau pointu s’élevait jusqu’au luminaire qui éclairait le tableau.

Edouard observa la belle et mystérieuse directrice en décelant des oreilles pointues cachées par l’ombre de son chapeau.

— Odilon avait raison, se dit-il aussitôt en repensant à la conversation qu’il avait eu avec son professeur particulier au sujet de son balai qui ne lui obéissait plus.

— Jeunes gens, introduisit le directeur adjoint, vous voici réunis pour ce que l’on pourrait considérer comme vos premiers examens. Prenez cela comme un avant gout du DISC que vous passerez d’ici trois ans.

— Le duel traditionnel est une épreuve ancestrale, fit la directrice d’une voix douce et envoutante. Il n’a pas pour but de vous confrontez aux autres mais de mettre en pratique ce que vous avez appris au cours de cette année.

— Vous passerez par groupe de trois, enchaina Odilon. Vous aurez la même épreuve à réaliser en même temps. Les jurys, c'est-à-dire nous, noterons vos performances et vous attribuera une note comptant double pour la moyenne générale.

— Quelqu’un a des questions ? demanda Alhératz en levant son nez de son air hautain habituel. Oui Mlle Dubourg ?

— En quoi consiste l’épreuve, fit Enola avec de léger tremblement à peine perceptibles dans la voix.

— Très pertinent jeune fille, répondit le directeur adjoint. Veuillez vous approcher s’il vous plait avec vos deux voisins Paillet et Gautier. Ainsi, vous serez les premiers à passer l’épreuve.

Armand regarda Enola d’un air sévère. Visiblement, il ne souhaitait pas être le premier à passer l’épreuve. Mais il dut descendre l’escalier menant au bureau d’où se tenait le jury. Charles se contenta de sourire bêtement tandis qu’il suivait la grande silhouette d’Enola. Chacun se mit face à l’un des professeurs attendant le début des hostilités.

L’assemblée se fit plus silencieuse que jamais. Edouard regretta de ne pas participer à l’épreuve avec ses amis. Mais il espérait qu’ils s’en sortiraient avec une bonne note. Il se sentit croiser les doigts tandis que Mme Dénébola fit apparaitre trois plumes blanches du bout de sa baguette magique. Elles se posèrent délicatement sur le bureau, face aux trois élèves.

— Dans un premier temps, vous métamorphoserez cette plume en cuillère, commença Alphératz. Puis, vous la ferez léviter jusqu’à une hauteur de vingt centimètres. Enfin, vous l’expulserez contre le tableau.

— C’est tout ? fit Charles visiblement pas impressionné.

— Avez-vous des suggestions particulières Monsieur Gautier ?

— Non, non, pas du tout, s’excusa-t-il. Quand est-ce qu’on commence ?

— Dés que vous vous sentez prêt, fit la directrice en souriant.

Ainsi, les trois sixième sortirent leur baguette de leur robe de sorcier et commencèrent à prononcer la formule qui permettrait à la plume de se métamorphoser en cuillère à café.

Cela pouvait paraitre simple au premier abord, mais ils ne s’étaient exercés qu’en sens inverse. C'est-à-dire, transformer la cuillère en plume légère. Là, la méthode restait la même mais les conditions changaient suffisamment pour perturber la concentration.

Mme Dénébola observa la cuillère de Charles et le félicita. Odilon, quand à lui, s’occupa de celle d’Enola et la complimenta à son tour. Armand, qui était encore plus nerveux que les deux autres avait obtenu une belle cuillère mais restait aussi légère que la plume qu’elle était avant. Alphératz ne fit qu’une grimace qui inquiéta d’avantage le pauvre redoublant.

Pour la deuxième partie de l’épreuve, la lévitation, il fallait impérativement respecter la hauteur de vingt centimètres entre la table et la cuillère. Le jury observa les trois élèves et mesurèrent le résultat avec un mètre ruban. Cette fois, Armand était le seul du trio à être parvenu à la hauteur réglementaire. Prise de panique, Enola avait envoyée sa cuillère jusqu’au plafond et Charles avait dépassé vingt-cinq centimètres.

— Vous n’avez pas le compas dans l’œil, fiston, fit remarquer Alphératz en mesurant la cuillère de Charles qui perdit soudain son sourire.

Puis, vient la troisième et dernière partie de l’épreuve. L’expulsion de la cuillère. Cette fois-ci, ce fut un succès pour les trois au grand soulagement d’Armand qui eut l’impression de s’être rattraper sur la fin du duel. Les cuillères frappèrent le tableau quasi simultanément en émettant un petit bruit métallique aigu. Les professeurs délibérèrent un instant avant d’annoncer directement les notes.

— Pour cette épreuve, Monsieur Gautier, fit Alpheratz, vous récoltez un seize. Vous auriez put prétendre à un dix-sept si vous aviez respecté la hauteur réglementaire de la deuxième épreuve. Mlle Dubourg, vous recevez la note honorable de quinze et Monsieur Paillet…

Edouard croisa les doigts plus forts que jamais derrière sa robe de sorcier. Il savait que cette épreuve était déterminante pour son ami. Il ne voulait pas qu’il échoue à nouveau. C’était son ami et il le soutiendrait jusqu’au bout. En contrebas, il pouvait remarquer le teint livide et les tremblements d’Armand qui attendait sa note avec beaucoup d’appréhension.

— … Vous obtenez la note de dix-sept sur vingt, félicitation, fit Alphératz qui n’avait pas pour habitude d’applaudir les exploits de ses élèves. Vous auriez pu avoir la note maximale si votre cuillère était parfaite.

Armand souffla un grand coup et retrouva immédiatement des couleurs. Cette note lui assurait immédiatement un passage en cinquième. Au même titre que Charles et Enola d’ailleurs.

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