18 - Règlement de comptes au duel ancestral (3/3)

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Ainsi, l’épreuve se poursuivit sur toute la matinée. Les trios d’élèves défilèrent les uns après les autres. Chacun obtenait des notes convenables allant de onze à seize sur vingt. Eugénie monta même jusqu'à dix-neuf mais son frère, moins spécialiste du maniement de baguette fut le seule à avoir en dessous de la moyenne. Un neuf sur vingt qui ne l’inquiéta pas puisqu’il cumule une moyenne générale de dix-sept et demi sur vingt au cours de l’année. Sa plume restée inerte ne l’empêcherait pas de passer en cinquième.

Cependant, plus les élèves passèrent, moins Edouard était rassuré. Effectivement, lorsque vint son tour il se retrouva face à son pire ennemi. Beaufort et Daril.

En descendant les marches, Tibius adressa un clin d’œil provocateur à Edouard qui fit tout pour l’ignorer. Mais Edouard restait crispé sur sa baguette. Il ne devait pas perdre le contrôle s’il voulait réussir l’épreuve et rabattre son caquait à celui qui l’avait trahi et s’était moqué de lui en début d’année. Il fut plus rassuré quand il vit qu’Odilon serait le premier jury à juger sa métamorphose. C’était lui-même qui lui avait appris ce rudiment de la magie au cours d’une leçon particulière. Il ne voulait pas le décevoir.

Sa plume d’oie était posée sur le bureau, devant lui. Il était prêt à la métamorphoser en cuillère. Soudain, un doute s’installa. Il ne savait plus comment faire ! Impossible de se rappeler le geste exact. Et la formule, c’était quoi exactement ? Comment put-il être aussi stupide ? Pourquoi n’avait-il pas accepté de prendre la potion de mémoire que lui avait proposée Charles ? Sa négligence lui couterait sans doute une année de sixième supplémentaire, comme Armand avant lui. Il serait la risée de tout le collège comme il l’était à l’école avec Kévin.

Mais quand la directrice donna le top départ, il était trop tard pour faire machine arrière. Il pointa sa baguette d’un geste tremblant et tandis qu’il fermait les yeux pour plonger dans ses souvenirs, il fit le vide et réalisa que la formule où le geste n’étaient pas nécessaire. Que seuls l’envie et la détermination comptaient.

C’était ce que lui avait enseigné Odilon pendant tout ce temps. C’était ce que Jérémy répétait sans cesse avant chaque entrainement, avant chaque match. C’était ce qui lui manquait avant qu’il ne puisse décoller sur un balai ou jeter un sort avec sa baguette. Dés lors, tout lui revint en mémoire.

— Un, Deux, Trois, Pluma Curio prononça-t-il en agitant sa baguette sur la plume blanche.

Aussitôt, la plume se rapetissa et les poils s’assemblèrent pour donner la forme d’une cuillère à café. La teinte blanche de la plume passa au gris argenté.

Il ne sait pour quelle raison mais il eut en mémoire l’argenterie de sa mère qu’elle cachait dans le placard du salon et qu’elle ne sortait qu’en de rares occasions. Edouard avait toujours trouvé ces couverts somptueux mais il avait interdiction d’y toucher. Pendant les repas de familles, il utilisait des couverts en plastiques pendant que les convives usaient de l’argenterie finement gravée.

Ce dut être pour cela que sa plume prit l’apparence d’une cuillère à café provenant de ce service qui lui était interdit. En tout cas, le professeur Odilon sembla apprécier. Il prit la cuillère dans ses mains et l’examina attentivement.

— Monsieur Vittel je dois dire que vous m’impressionnez, dit-il en passant l’objet à la directrice puis au professeur de maitrise de la magie. Vos progrès sont impressionnants.

Edouard ne cacha pas sa fierté. Il faillit rougir quand la directrice lui remit sa cuillère en le souriant. Elle était très belle avec son rouge à lèvre bruns-noirs et ses paillettes sur ses paupières. Alphératz en essuya son monocle avec un mouchoir blanc avant de lancer la deuxième étape de l’épreuve.

Edouard remarqua le regard vert de jalousie de Beaufort à ses cotés. Lui était parvenu à obtenir une cuillère tout à fait ordinaire. Daril, lui, avait transformé sa plume en cuillère à soupe. Mais il se défendit auprès de la directrice en disant que vu sa carrure, c’était une cuillère à café qui lui convenait. Gagné par la confiance, Edouard n’eut aucun mal à faire léviter sa plume.

— On lève, on tourne, murmure-t-il en agitant sa baguette avant de prononcer la formule. Win-gar-dium Leviosa, en accentuant bien sur le « gar »

Ce fut Alphératz qui mesura l’écart avec un mètre ruban. Edouard avait visiblement dépassé les vingt centimètres réglementaires mais pas autant que Daril qui la suivait du regard en train de monter dans les gradins.

Pour le coup, Beaufort avait obtenu un meilleur résultat qu’Edouard et il ne se priva pas de lui montrer en affichant un sourire arrogant à toute la classe. Mais Edouard ne se laissa pas impressionner. Il devait garder son calme jusqu’à ce que l’épreuve fut terminée.

Il restait encore une étape avant de pouvoir souffler. Edouard était confiant. Il maitrisait parfaitement le sortilège d’expulsion. Odilon l’entraina sans cesse à ce sortilège pendant leur séance particulière. Il était capable de pousser une armoire à glace alors une cuillère à café, c’était une formalité. Cependant, tout ne se passa pas comme prévu. Edouard prononça à peine la formule qu’il reçu un violent coup sur la tempe.

Flipendo, fit Beaufort qui envoya sa cuillère droit sur Edouard au lieu de l’envoyer sur le tableau comme tout le monde.

Le choc fut tellement violent qu’Edouard laissa retomber sa cuillère sur le bureau tout en se maintenant la tête. Il entendit la classe éclater de rire tandis que Beaufort et Daril s’égosillaient. Dés lors, tout se passa très vite. Tandis que les professeurs tentaient de ramener le calme, Edouard se souvint d’un sort que lui apprit Charles au cas où Beaufort l’embêterait de nouveau. Cependant, il n’avait aucune idée de l’effet qu’il produirait.

Locomotor Mortis, prononça-t-il en pointant aveuglément sa baguette sur Tibius.

Un craquement fit sursauter la salle et Beaufort resta figé sur place, les jambes collées l’une à l’autre. C’était un maléfice de bloque-jambe. Tibius ne pouvait plus marcher qu’en sautillant ridiculement sur place.

Tout le monde se mit à rire de plus belle en lançant des boulettes de papiers dans toute la salle. Mais Daril, qui voulu défendre son ami, pointa sa baguette sur Edouard pour lui lancer un sort à son tour.

Instinctivement, Edouard sorti le premier sort qui lui vint en tête. Un sort qu’il ne maitrisait pas encore mais qu’Odilon lui avait enseigné pendant les cours particuliers. Mais il n’eut pas d’autres solutions.

Expelliarmus, prononça-t-il avec fougue.

La baguette de Daril lui sauta des mains et tomba contre le tableau en faisant sauter le chapeau haut de forme d’Alphératz. Il avait réussit ! Il était parvenu à désarmer un adversaire alors que ce sortilège n’était vu que l’année suivante.

Pendant un cours instant, il fut extrêmement fier de lui. Puis, soudain, il se retourna et vit la classe en désordre. Les sixièmes s’amusaient à jeter des boulettes de papier et leur encrier à travers la classe.

Sans le vouloir, Edouard avait mit le bazar pendant l’épreuve traditionnel des duels de fin d’année. Cela lui vaudrait certainement un renvoi immédiat de l’Académie. Si près du but. Il était parvenu à maitriser ses pouvoirs, il était en passe de poursuivre en cinquième et il gâcha toute ses chance pour une malheureuse vengeance.

Mais tout de même, en voyant Beaufort allongé sur le sol, couvert d’encre et incapable de se réveiller, quelle belle pagaille. Il se mit à rire naturellement avant d’être interrompu par un bruit sourd. La directrice venait d’éteindre toute les lumières avant de fendre l’air avec sa baguette.

Tout le monde se tut et les papiers cessèrent de voleter dans l’air. Seul Tibius continuait de gémir face contre terre.

Mme Dénébola avait perdu son sourire qui la rendait habituellement douce et charmante. Cette fois, elle dégageait une prestance qui aurait fait pâlir Pète-sec, le fantôme en chef de la SOIF. La plaisanterie avait assez durée.

— Jeune gens, fit-elle avec une voix grave qu’on ne lui connaissait pas, je vous prie de regagner vos places l’épreuve n’est pas terminée, nous devons encore délibérer pour ces trois énergumènes.

Le ton qu’elle employait n’était pas très rassurant. Odilon libéra Tibius du maléfice de bloque-jambe avant de se concerter avec ses collègues. Beaufort n’osa pas croiser le regard d’Edouard mais son expression était plus tendue que jamais. Il semblait furieux d’avoir été humilié de la sorte par celui qui le suivait comme son chien au début de l’année. Après des minutes qui paraissaient interminable, le jury se retourna finalement avant de distribuer les notes.

— Pour Monsieur Gatien Daril, fit Alphératz, nous vous décernons la note modeste de dix sur vingt. Votre attitude dangereuse vous coutera un point. Neuf sur vingt.

Des murmures s’élevèrent dans les gradins tandis que les trois élèves se firent sanctionner. Malgré tout, Daril passerait en cinquième. Edouard s’inquiéta alors pour le sort qu’on lui réserve. Il avala difficilement sa salive en se cramponnant à sa baguette. Que lui réservait-on ?

— Pour Monsieur Tibius Beaufort, poursuivit Mme Dénébola, une note de treize lui sera accordée. Mais son attitude désinvolte et son manque de discernement quand à la sécurité de son camarade Edouard Vittel lui couterons deux points et une retenue. Onze sur vingt.

Edouard était scandalisé. Il aurait préféré que Beaufort soit renvoyé pour tout ce qu’il lui avait fait subir toute l’année. Au lieu de ça, il passerait tout de même en cinquième avec ce onze et cette retenue. Pendant ce temps là, Edouard resterait certainement au 27 rue Alfred Jarry pour le restant de ses jours. Pourquoi avait-il cherché à se venger ? Il était parvenu à conserver son sang froid jusque là. Pourquoi avait-il perdu le contrôle ? Lui qui était parvenu à ratrapper tout son retard. Lui qui pouvait à présent désarmer un adversaire alors qu’aucun de sa classe ne le pouvaient, même Eugénie Loizeau.

— Enfin, dit Odilon tendit qu’Edouard retient son souffle. Et après délibération…

— « Vous serez renvoyez » pensa Edouard en se crispant sur sa baguette.

— Nous accordons la note de vingt sur vingt à Monsieur Vittel pour sa parfaite métamorphose et sa maitrise du sortilège de désarmement alors que celui-ci n’est enseigné qu’en cinquième.

Pendant un instant, Edouard n’en crut pas ses oreilles. Il avait obtenu la meilleure note des duels. La note parfaite. Des exclamations de joies retentirent dans toute la salle tandis qu’Edouard se retourna pour voir ses amis Charles, Enola et Armand l’applaudir vigoureusement. Odilon vint le voir pour lui serrer la main en le félicitant.

— Je suis fier de vous mon garçon, dit-il admiratif, je ne pensais pas que vous y arriverez.

— Cependant il faudra garder votre sang froid à l’avenir, jeune homme, fit Alphératz en ajustant son monocle.

La directrice s’approcha à son tour et avait retrouvé son beau visage doux et fin. Edouard se demanda ce qu’elle allait lui dire.

— Je suis impatiente de vous voir à l’œuvre pour le dernier match des Pégases, Edouard, dit-elle tandis qu’Edouard dut se tordre le cou pour la regarder dans ses yeux envoutants. Je suis rassurée de voir que mon balai est entre de bonne mains, finit-elle avec un clin d’œil complice.

Elle quitta la pièce avec les deux autres professeurs, laissant Edouard dans ses pensées. Ainsi, l’Epsilon Oméga serait son balai ? Mais alors quel âge peut-elle bien avoir exactement ? Cela restera un mystère pour Edouard.

Il rejoignit le foyer, bras dessus, bras dessous avec ses quatre amis. Ils étaient surs désormais de passer dans la classe supérieur. Armand fut tellement soulagé qu’il décida d’envoyer immédiatement un hibou à son père qui travaille au gouvernement de la magie. Edouard approuva l’idée et décida d’écrire lui aussi, pas à sa famille, non, ils s’en ficheraient, mais à Susan, sa correspondante.

Il était enfin soulagé et avait l’impression que le poids de l’année écoulée s’était entièrement dissipé. Mais il restait encore une étape à franchir avant d’être totalement serein. Il fallait remporter le tournoi de Quidditch pour que les Pégases puissent de nouveaux jouer ensemble l’année prochaine.

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