19 - La finale (1/2)
La fin de l’année scolaire fut rythmée par la dernière journée de championnat pour chacune des équipes. Au cours d’une folle rencontre ensoleillée, les Canaris capturèrent le vif d’or alors qu’ils étaient menés soixante quinze buts à rien s’assurant ainsi de revenir l’année suivante. Ils laissèrent donc le fauteuil de lanterne rouge à l’équipe des sirènes du diable de Mérald.
Le Samedi après-midi ce fut au tour des Dragons rouges et des Tentacules Frénétiques de s’affronter pour le dernier match. C’était un match important pour Edouard et les Pégases puisque les deux équipes pouvaient encore prétendre au titre de championne.
Heureusement elles se sont neutralisées cent cinquante partout au cours d’une partie particulièrement âpre. Cette fois, le public s’est dé placé en masse pour assister à ce match qui a tenu toutes ses promesses. Ce match nul conforta les Titans sur leur fauteuil de leader. La finale aura lieue le lendemain et déjà tout le monde n’avait plus qu’une idée en tête. Assister à la victoire écrasante des Titans.
La fin de la saison était synonyme pour les élèves de troisième et de terminal de fin d’examen. Ils avaient ainsi tout le loisir d’assister au match sans se préoccuper des révisions.
Le dimanche donc, l’Académie était en ébullition. Ce qui ne rassura pas Edouard pour autant. Il sentit la pression sur ses épaules et il partagea son petit déjeuné dans le réfectoire avec le reste de l’équipe. Jérémy s’était débrouillé pour occuper une table ronde à l’écart des autres pour ne pas perturber la concentration de ses joueurs sur les autres élèves qui arboraient fièrement les couleurs des Titans noirs.
Malgré tout, Edouard remarqua dans cette foule de noire et argent quelques écharpes blanches et ciels ou des chapeaux à l’effigie des Pégases. Grâce à leur succès précédents, ils étaient parvenu à obtenir le soutient de nombreux élèves et professeurs.
Mme Dénébola avait également changée sa longue robe noir par une bleue qui pourrait laisser croire qu’elle aussi a choisit son camps. En la voyant se préparer une infusion, Edouard se rappela ce qu’elle lui a dit après son épreuve du duel à propos de son balai. Il ne voulait pas la décevoir.
— Voila, les amis, fit Jérémy d’un ton solennel. Nous voici à la croisée des chemins. Dans quelques heures nous connaitrons notre sort. Soit on se quitte ce soir et c’est la dernière fois que nous portons nos tenues, soit on se retrouve l’année prochaine et on écrit l’histoire…
— Moi je choisis la deuxième option ! s’exclama Alfe en donnant un coup de coude à son cousin.
— Bien dit, intervient Rémi avec détermination, ce sont mes derniers jours avant de quitter définitivement l’Académie. Je veux partir en grande pompe.
— Alors allons-y !
Ainsi, ils quittèrent la salle sous le fracas d’Apollon qui trébucha sur un angelot au plafond.
— Vous ne pouvez pas faire attention ? s’exclama-t-il en grimaçant.
Sur le chemin menant au stade, balai sur l’épaule, les Pégases croisèrent de nombreux soutiens qui leur serrèrent les mains en leur souhaitant bonne chance. Il y avait des lycéens qu’Edouard ne connaissait pas. Même Victor qui commentait le match arborait un badge à l’effigie des pégases. Pourtant mal parti au début de la saison, l’équipe de Dauvel semblait s’être mise sur les bons rails au bon moment.
A l’approche du stade, la tension était déjà palpable. Ils se changèrent dans les vestiaires, prêts à en découdre une bonne fois pour toute. On entendait au dehors le grondement sourd des spectateurs qui se massaient sur les gradins en chantant. Edouard respira profondément avant de se placer derrière son capitaine pour entrer en scène. Un bourdonnement sourd envahit la tête d’Edouard qui avança dans le couloir sombre, l’Epsilon Oméga sur l’épaule.
C’était le dernier match de Quidditch de l’année. Après celui-là, il n’y jouera plus pendant deux mois parce qu’il sera retourné au 27 rue Alfred Jarry pour l’été. Alors il comptait bien en profiter et donner le maximum pour remporter le championnat.
La grosse porte menant au stade s’ouvrit dans un grincement, inondant le couloir d’une lumière chaude et aveuglante. Le brouhaha des spectateurs se fit plus clair aux oreilles des joueurs et des chants rauques à la gloire des Titans prenaient le pas sur les sifflets et les acclamations.
Tout en maintenant son balai sur l’épaule, Edouard sentit de nouveaux le pouls au cœur du manche. Il battait de plus en plus frénétiquement comme si l’Epsilon Oméga, poussé par une montée d’adrénaline, voulait entrer une dernière fois en piste. Les joueurs se retrouvèrent face à face, comme lors du match amical qui eut lieu avant Halloween. Ils s’observèrent pendant quelques secondes qui parurent interminables.
Edouard reconnu Morin qui fixait Jérémy avec un regard noir et les sourcils froncés. Jérémy restait stoïque, impassible. Edouard était épaté par son calme. Il ne dévia pas du regard et ses boutons d’acnés étaient plus rouges que jamais. Humphrey Rouge-Carton arriva comme un nuage et se plaça au centre du terrain. Les joueurs enfourchèrent leur balai et le public se mit à vibrer plus fort, impatient que le match commence enfin.
Lorsqu’ils décolèrent, Edouard fut parcouru d’un frisson plus intense encore que lors des matches précédents. Il ne savait pour quelle raison mais il sentait que c’était la dernière fois qu’il décollait sur l’Epsilon Oméga.
Lorsque le coup de sifflait retentit et que les balles furent libéré d’une malle en bois, tout devint différents. Les Pégases ne ressemblaient plus à la pitoyable équipe qui portait des robes de sports de différentes couleurs. Ils étaient tous unis sous la même bannière et semblaient voler en parfaite harmonie.
Edouard chipa le souafle sous le nez d’un poursuiveur en noir. Il esquiva un autre joueur puis remonta en chandelle, la main gauche fermement accroché au manche d’un blanc nacré de son balai. Il prenait des virages tellement serré que même ses coéquipiers avaient du mal à le suivre.
Lorsque un imposant joueur des Titans, probablement un élève de première fonça sur lui, il aperçu Rémi totalement démarqué et oublié sur le flanc gauche. Il fit une passe lobé par-dessus le poursuiveur adverse qui ne put que regarder la balle rouge passé au-dessus de sa tête. Lorsqu’il vit Rémi s’emparé du souafle à son tour, il se tourna vers Edouard en lui lançant un regard noir visiblement vexé qu’un élève de sixième l’humilie de la sorte devant toute l’école.
Le match n’avait plus rien à voir avec la rencontre amical. Lorsque les Titans comprirent enfin le danger qui les menaçait, ils durcirent le jeu et les contacts se firent plus rudes. Gaëlle faillit tomber de son balai à plusieurs reprises à cause des assauts incessants des batteurs sur elle. Elle essaya de protester auprès du fantôme de la SOIF mais il ne l’écouta pas, trop absorber à suivre les souafle des yeux.
Le match était extrêmement tendu et le score en était révélateur. Après une heure de jeux, les équipes ne parvenaient pas à se départager. Helena faisait des arrêts incroyables, à bout de bras. Elle repoussait les assauts des Titans avec une grâce incroyable tout en dégageant une détermination sans faille dans le regard. Edouard se souvient alors des paroles de Jérémy avant la finale. Il fallait remporter ce match par cent soixante points d’écarts. Or à ce rythme là, ils pourraient jouer encore pendant des mois.
La situation commença à empirer lorsque Rouge-Carton accorda un pénalty aux Titans noirs. Edouard, qui n’avait pas vu l’action se produire écouta les commentaires de Victor Gautier.
— Le capitaine des Pégases à fait une faute en s’interposant entre Morin et le souafle alors qu’il n’y était pas autorisé.
Mais Edouard vit Jérémy se positionner aux cotés de l’arbitre pour protester en disant qu’il avait simplement repéré le vif d’or. Mais Humphrey Rouge-carton ne l’entendit pas et laissa le penalty pour les Titans. Des sifflets et des jurons se firent entendre dans les gradins réservés aux supporters blancs et ciel. Pendant ce temps là, la majorité du stade, vêtue de noir et d’or exultait. Malgré la forme olympique d’Helena, elle ne put esquiver la feinte de Morin qui inscrivit le premier but du match.
— DIX à ZERO pour les Titans, le compteur se débloque enfin ! s’exclama Vic dans l’enceinte du stade.
Edouard ne put s’empêcher de pousser un cri de colère et d’injustice. L’écart commençait déjà à se creuser et il se rendit compte que la marche était peut-être trop haute pour parvenir à maintenir une aussi grande distance avec les champions en titre. Mais Jérémy ne se découragea pas. Avant de reprendre l’engagement, il fit rassembler son équipe en cercle dans leurs camps. Il mit au point sa stratégie.
— Ce n’est pas grave, s’obligea-t-il à rassurer. Je sais comment on peut les vaincre. Jusque là ils n’ont gagné que parce qu’ils prennent l’avantage très vite et qu’il est très dure de les rattraper. Mais leur match n’a jamais duré aussi longtemps qu’aujourd’hui. Nous sommes plus frais et plus endurant qu’eux. Je vais essayer de gagner du temps pour les empêcher de s’emparer du vif d’or. On n’a que vingt-cinq points à marquer sans en encaisser un seul avant s’emparer du vif d’or. On peut le faire !
Revigoré par les mots de leur capitaine, les Pégases s’encouragèrent une dernière fois avant de reprendre leur formation. Edouard ne savait pas de puis quand le match avait commencé. Mais il voyait le soleil qui commençait à se cacher derrière l’horizon. De plus, il sentit les Titans noirs s’affaiblir. Leur coups devenaient moins rudes, leurs attaques plus faiblardes. Seul le public semblait encore tenir une énergie incroyable. Edouard n’entendait plus que les encouragements des supporters clairs.
Ainsi, lorsque Gaëlle lui passa le souafle, il se sentit plus confiant que jamais et fila droit vers les anneaux adverses, telle une fusée. Toujours mené de dix à zéro, il fonça, recroquevillé sur son balai, le vent sifflant dans ses oreilles. Les poursuiveurs adverses ne parvenaient plus à le rattraper. Il dépassa même un cognard et l’évita de justesse en faisant une vrille qui ne le fit pas ralentir.
La balle rouge toujours coincé sous son bras, il fonça vers le cercle doré, celui qui vaut dix points. Le gardien noir se tient prêt à l’accueillir, mais voyant la détermination d’Edouard et la vitesse qu’il prenait, il s’écarta de peur de rentre en collision. Edouard esquissa un sourire avant de lâcher le souafle dans l’anneau et d’entamer un virage en épingle au dernier moment.
Mais le risque qu’il prit pour égaliser lui valut de se cogner violemment contre le poteau. Un peu sonné par le choc, il n’entendit pas la foule exulter ni même les commentaires impressionnés de Victor. Il se tenait la cote en espérant qu’elle n’était pas cassée. Il avait prit un risque inconsidéré mais il était parvenu à réduire l’écart.
Désormais, il lui était impossible de tenir le souafle dans une main et le balai dans l’autre. Il s’excusa auprès de son capitaine qui lui ordonna simplement de jouer en défense et d’empêcher les Titans de marquer quoi qu’il en coute. Il acquiesca en grimaçant tandis qu’il voyait ses coéquipiers filer de nouveau vers le but. Helena le félicita tout de même, perché sur son balai à quelques mètres au dessus de lui. Elle restait malgré tout extrêmement concentrée sur ce qui se passait devant.
— L’ATTRAPEUR TITAN SEMBLE AVOIR REPERE LE VIF D’OR ! s’exclama Victor tandis que la foule retint son souffle.
Inquiet, Edouard observa Jérémy s’évertuer à rattraper le Titan qui tendait déjà le bras. Edouard voulu l’aider d’une manière ou d’une autre. Il se mit à hurler des encouragements à Jérémy en espérant que cela puisse déconcentrer Morin. Mais ils étaient beaucoup trop loin et les cris de la foule recouvraient ses cris. Il entendit malgré tout Victor qui annonçait un nouveau but pour les Pégases.
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