La Chanson
Ils s'étaient allongés sur son manteau. L'herbe légèrement humide de la grande plaine où ils s'étaient arrêtés déposait de petites gouttes sur ses avant-bras. Il frissonna. Chénoah avait posé sa tête sur son bras gauche et regardait vers le ciel. Il était complètement noir, parsemé de paillettes argentées qui semblaient disparaître et réapparaitre à chaque battement de cil.
_ Tu crois aux extraterrestres ? Elle avait dit cela en tournant sa tête vers lui.
_ Bien sûr que non, c'est évident.
_ Tu trouves ça évident toi ?
_ Pourquoi ça ne le serait pas ?
_ L'univers est immense, presque infini. Il contient des milliards d'étoiles, des milliards de planètes, et des milliards de galaxies. L'univers ouvre des possibilités infinies sur des mondes infinis. Tout est possible.
_ De là à croire que des limaces vertes peuplent la planète Mars ? répondit-il avec un sourire narquois. C'est stupide.
_ Ce qui est plutôt stupide c'est de laisser l'étroitesse de notre esprit et son incapacité à imaginer au-delà de nous-même occulter toutes l'immensité de l'Univers. Nous ne sommes qu'un petit point dans un océan de corps célestes, pourtant nous nous croyons les maîtres du monde. Si Galilée était toujours en vie, il s'en arracherait les cheveux.
_ Ça ne me persuade toujours pas que des limaces vertes grouillent sur Mars.
Elle rit doucement et se contenta de soupirer. Ménala sentit soudainement son corps se détendre et il en profita pour lui glisser un écouteur dans l'oreille. Elle l'interrogea du regard. Il se contenta en guise de réponse d'appuyer sur le mode play.
" Mon Amour, d'où viens-tu ?
Je veux aller sur la planète
D'où tu as atterri.
Je me demandais pourquoi tu avais attiré mon attention,
Maintenant je ne me le demande plus,
Non je sais que tout mon amour est pour toi.
Si tu as envie de t'envoler,
Nous pouvons dériver dans le ciel,
Jusqu'à ce que nous atterrissions sur ta Planète"
Les dernières notes de la chanson s'étaient déjà évaporées depuis longtemps lorsque Chénoah réouvrit les yeux. Cette chanson... Il avait littéralement déversé de la poudre d'or sur son tympan. Elle s'était vu voler au-dessus de la plaine, sur laquelle se découpaient leur deux corps emmêlés l'un dans l'autre comme les brins d'une même corde. Elle avait même pu toucher les anneaux de Saturne et saisir entre ses doigts les résidus d'une étoile morte trop tôt. Elle s'apprêtait à lui demander les références de la chanson quand il la devança :
"Planet U, Mereba".
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