III - La décision

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Durant tout l’instant où nous étions allongés ensemble, la demeure se remplissait de l’air du dehors. Une brise discrète se promenait dans chaque recoin, en toute légèreté, fraîche et libre, que l’on devinait aux toiles d’araignées, non moins légères, qui vibraient dans les angles. Nous ne disions plus aucun mot, comme s’il n’y avait rien d’autre à dire que de se taire. En réalité j’essayais de me faire remarquer par des mouvements imperceptibles, parce que j’avais quelque chose à leur annoncer. Mais je n’arrivais pas à me rendre plus intéressant que l’air.

Ce moment de silence ressemblait à ceux qui ponctuaient notre jeunesse. Nous nous asseyions dans un coin calme et isolé, et excités à l’idée de jouer ensemble, sans savoir exactement à quoi. Quelqu’un, une fois, avait même demandé ce que nous pouvions faire, un autre a répondu : « rien ». Et ne rien faire était devenu un de nos jeux les plus amusants.

Aiseach brisa le silence en disant « On dirait nous quand nous étions petits », et tous les trois devions penser la même chose. Cette simple remarque produisit en nous une profonde joie. Il nous donna l’occasion de faire jaillir hors du sol, nostalgique, nos souvenirs de l’enfance. Nous avions répondu « c’est vrai ! », et c’était lancé : nous déterrions une multitude de souvenirs enfouis, de cette terre qui n’appartenait qu’à nous. On se plaisait à raconter nos aventures et mésaventures, les farces et les querelles, les amis tôt perdus et les gagnés d’après, les chansons et les danses, les feux de nuits, le travail et nos fuites, les secrets sautant de bouche en bouche, les châteaux forts de paille et leur destruction, nos inimitiés, les rancœurs vite oubliées, les mauvais et les bons parents, les récits, les chants sacrés, les plaines lointaines, les lieux cachés, les chants que nous adorions, et inévitablement, les histoires que nous inventions à propos des cicatrices dont je voulais tant leur reparler.

Nous me manquions pas d’imagination. Sur mon bras droit, de l’épaule à la main, se trouvaient des entailles de toutes sortes, des traits crochus et des traits droits, qui dépassaient toujours la taille d’un petit doigt. Ce n’était qu’un détail, or il nous amusait et nous passionnait beaucoup. Nous cherchions aventureusement le « petit-doigt le plus grand » qui contredirait notre idée, et le jour où nous avions choisi celui de Láidir, père de notre amie Neal, qui dépassait de loin tous les traits de ce bras, nous lui criions « monstre ! monstre ! ». Il nous frappait alors de sa main lourde, et nous demeurions impuissants face à lui. Chaque jour nous lancions l’assaut vers lui en répétant « monstre ! monstre ! », mais notre défaite était cuisante. Nous nous donnions pour but de réussir à battre cet adversaire redoutable, et nous pensions que nous devions réunir autant d’alliés que de traits, c’est-à-dire, en m’incluant, quinze petits guerriers, avec chacun le symbole de son choix. Nous n’étions jamais assez. Nous pensions que si quelqu’un avait le petit-doigt assez long, nous pourrions l’égaler, mais nous n’avions pas grandi assez vite. Il était déjà mort. Neal vint à nous ce jour-là pour nous dire, éplorée « Vous avez tué mon père ! À cause de vous il est mort ! ». Nous croyions vraiment être les responsables de sa mort, moi le premier. Et sans le dire à Neal, nous allions discrètement, le soir, voir la tête de son père à la fois si proche et si lointaine, en lui confiant en pleurs « Tu n’es pas un monstre ! tu es le plus grand guerrier qui existe ! ». On avait même dit : « Láidir ! s’il te plaît, dis à Neal que ce n’est pas nous ! ». Ce qu’elle ne savait pas, ou ne voulait pas savoir, c’est que nous aimions profondément son père, car il était l’un des seuls avec qui nous jouions. Par la suite, nous interprétions les traits de mon bras différemment : nous devions trouver quinze personnes aussi fortes que lui, afin de protéger nos familles et nos trésors, qui seraient quinze nouveaux pères pour Neal, quinze excuses, quinze Láidir.

Les formes courbes de mon bras gauche étaient si confuses, qu’elles donnaient lieu aux fables les plus grotesques. Ces signes farouches ne se laissaient pas aisément apprivoiser. Si nous devions faire le choix entre deux possibilités, notre esprit de jeu nous incitait à choisir la plus difficile. Mais il n’y avait aucun calcul de notre part. Tout se décidait proprement dans l’immédiat. Ces signes qui ne se laissaient pas faire, nous les domptions par la force, en choisissant le délire pour méthode. Plutôt que de simplement présenter des « formes courbes », mon bras gauche était en vérité une carte, nous permettant de déchiffrer l’emplacement de nombreux trésors. Et pour une raison aussi énigmatique que notre esprit de jeu lui-même, nous savions pertinemment quels étaient lesdits trésors, c’est-à-dire leurs noms, leurs poids, ou leurs odeurs. Quand j’étais convaincu qu’il y en avait un à proximité, je criais que mon bras me brûlait. Quelqu’un posait ensuite sa main pour vérifier mon propos, et cette personne disait « oui ! c’est chaud ! on y est ! ». Quelqu’un d’autre non moins sceptique posait aussi sa main pour vérifier ce que le premier avait senti, pour ajouter « oui ! c’est vraiment chaud ! c’est bien là ! ». Jusqu’à ce que tout le monde fût d’accord. Un autre cherchait parfois à s’attribuer ce don que je possédais, en disant « Moi aussi ! touchez ! », mais nous disions que ce n’était que de la comédie, que ça ne se pouvait pas. Grâce à ces formes curieuses, nos journées étaient rythmées par des trouvailles en tout genre : cailloux, œufs brisés, branches noires, fleurs... Toutefois ce n’étaient ni des cailloux, ni des œufs brisés, ni des branches noires, ni des fleurs, mais des pierres de puissance, des œufs de dragons, des lames d’acier et des potions d’invincibilité.

Mon torse et mes cuisses présentaient les signes les plus amusants, alors qu’ils n’étaient pas plus différents. On y devinait des choses quotidiennes ; comme une pioche, ou une maisonnette, ou une croix ou des jambes. Aiseach était convaincu une fois de voir une chaise, avec son dossier et son assise. Il allait jusqu’à affirmer que c’était la chaise de Sean Cliodhna, sa grand-mère, que nous devions essayer de la voler « pour voir », comme il disait. Cette vieille dame nous inspirait une telle frayeur que nous n’osions même pas nous approcher, et elle ne se levait jamais de sa chaise. Sean Cliodhna portait toujours la même tunique jaunie, gardait la même position nuit et jour, et ne parlait pas. Ses rides tiraient sa peau vers le bas, produisant un pli sur ses yeux quasi clos et sur sa bouche, aussi fine que le sourire le plus timide de la lune. Lorsque nous voulions nous approcher à pas feutrés, pour tenter de voir ce qu’elle cachait sous ses fesses, une odeur immonde infiltrait nos narines. L’odeur était si répugnante que quiconque s’en approchait trop était considéré comme « puant », et nous évitions le puant toute la journée. Il y avait cependant un certain mérite à obtenir ce titre, puisqu’il nommait celui ou celle qui avait le courage de s’approcher le plus de la vieille dame. Son corps inerte, son teint hâlé, sa peau écorcée, sa tunique jaunie, son odeur infecte lui ont valu le méchant surnom « d’Arbre pourri ». Et se risquer à la toucher, c’était devenir tout aussi pourri qu’elle. Tout le monde au final voulait devenir pourri. Personne ne parvenait à aller au bout de la quête, qui consistait à passer sa main sous ses fesses pour dérober ce qu’elle y cachait résolument. Les parents de Gareich et d’Aiseach, quand ils observaient nos vaines tentatives, ne nous disaient pas qu’il n’y avait probablement rien de caché sous ses fesses, ils disaient plutôt « Si vous vous approchez trop, elle vous mangera ». Cette menace ne nous effrayait pas en tant que telle. Elle nous effrayait parce que nous ne l’avions jamais vu manger quoi que ce soit. Il se pouvait donc qu’elle ne mangeât rien d’autre que des êtres chétifs comme nous. Tout ceci à partir de ce qui était considéré par Aiseach comme étant une chaise. Ainsi, ces signes nous invitaient à accomplir bon nombre de missions, plus ou moins risquées, en fonction de l’idée qu’ils nous inspiraient.

Mon corps était un spectacle mystérieux, une énigme brutale de chair et d’os, créant défiance ou fascination, malédiction ou bénédiction, que l’ignorance faisait basculer de l’un à l’autre, où le dégoût et l’appréhension se mêlaient avec la curiosité et le souci. Gareich dit, une fois rassasié de nos souvenirs passés « Quand on y pense, ce qu’il y a sur ton corps, c’est vraiment bizarre ! ». Il m’était impossible de le contredire, et la façon dont il l’avait exprimé provoqua en moi une immense peine. Malgré tous ces gais récits, régnait à nouveau la question « Pourquoi ai-je ces cicatrices ? ».

C’était dans ces moments-là que je prenais plaisir à fuir, à vadrouiller, cherchant une réponse dans l’errance la plus totale. Et il me venait à l’esprit que peut-être je n’allais jamais assez loin.

On nous avait tant mis en garde à propos dangers de ce monde, que je n’osais pas m’engager dans des recoins étrangers. Mais si l’on m’avait promis qu’il fallait traverser la terre pour obtenir ce que je cherchais, je serais parti sur le champ. Qui me ferait cette promesse ?

Je pris alors cette résolution soudaine.

— Mes amis. Je tiens à vous annoncer que je vais partir. Je vais aller sur l’Autre-Monde, pour voir.

— Qu’est-ce que tu racontes, encore ? s’écria Gareich.

— Il va retourner au bout de la plaine, et il va revenir aussitôt, plaisanta Aiseach.

— Non, cette fois-ci, je me sens prêt à aller très loin. Je pars, je pars juste après.

— Et tu vas aller où, cette fois-ci ? dirent-ils en rigolant.

— Nulle part. Ailleurs. Je ne sais pas. Vous vous rappelez de nos histoires sur l’autre- monde, eh bien ! C’est là-bas que j’irai. Vous savez, je chéris chacun des moments de notre enfance, où nous essayions de comprendre, où nous voulions tout savoir. Cette époque me semble désormais lointaine. D’ailleurs, tout à l’heure, juste avant que tu n’arrives, dis-je en m’adressant à Aiseach, j’allais raconter à Gareich que cette idiote de Lothar s’était moquée de moi. Et toi Gareich, tu me redis que c’est bizarre.

— Oui, et ? On te l’a toujours dit, répliqua Aiseach. En quoi partir « loin » changerait quelque chose ?

— L’autre-monde en plus… Ce n’est pas à côté, dit Gareich avec ironie.

— Je sais qu’en restant ici je n’apprendrais rien, et je me dis qu’en partant c’est possible que je découvre quelque chose. Qui nous dit que nous n’avions pas raison d’inventer des histoires ? Vous savez très bien que nous ne parlons de cela qu’entre nous, pour ne pas embêter les autres. Peut-être que ce n’est pas absurde de croire que tout cela signifie quelque chose ! Que j’ai un destin ! Ce n’est pas plus absurde, selon moi, de supposer que ces cicatrices ne veulent rien dire, et que ce n’est pas la peine de chercher à comprendre. C’est comme si… Je n’ai pas d’exemples à vous donner, mais voilà, je tenais à vous le dire.

— Je comprends, je comprends, dit Gareich en se grattant la tête. Mais, je sais pas… Partir aussi loin… Là-bas, très loin, sans savoir où aller ? Non, je comprends que tu veuilles savoir. Mais... est-ce que c’est vraiment important ? Après, c’est normal que tu veuilles partir, beaucoup de gens sont partis. Mais... je sais pas… Je veux pas partir moi, en tout cas. Si jamais tu comptais me le demander, je te réponds tout de suite : je viens pas.

— Moi non plus ! dit Aiseach.

— Quoi ? Pourquoi ? dis-je, surpris qu’ils aient anticipé ma requête. Vous ne voulez pas partir avec moi ?

— Ah non ! dirent-ils en chœur.

— Mais je comptais sur vous pour m’accompagner, partir à l’aventure comme avant !

— Non, désolé mon frère. Je ne peux pas moi, dit Gareich en se levant et se dirigeant vers la sortie. Tu sais très bien que j’ai beaucoup de choses à faire. J’ai encore beaucoup de travail. D’ailleurs j’y vais, je commence à fatiguer. On se revoit demain, tu nous raconteras jusqu’où t’es allé.

Gareich était parti en riant. Aiseach me regardait droit dans les yeux.

— Tu comptes vraiment t’en aller ? Tu as l’air sérieux…

— Oui, je suis très sérieux. Tu es sûr de ne pas vouloir venir avec moi ? Si ça se trouve, on va bien rigoler.

— Je suis sûr et certain. Mais sois pas fâché ! Je dois t’avouer que depuis la mort de nos parents, des miens comme du tien, je me suis beaucoup reposé sur mon frère et toi. L’idée de partir jusqu’à l’autre-monde, si jamais tu vraiment sérieux, elle ne m’arrange pas. Regarde, dit-il en faisant un effort pour se relever et en touchant le mur de la maison, ici, c’était chez ton vieux père, et je m’y suis toujours senti comme chez moi. Il n’y a qu’ici où l’on ne m’a jamais fait de remarques. Tu sais, Gareich et moi restons avec toi parce que nous nous comprenons tous les trois. Hein ? Nous pourrions très bien vivre dans la maison de nos parents. Mais non. On reste la plupart du temps ici, parce qu’on s’y sent bien. D’habitude c’est moi qui veille sur la maison de nos parents, pendant que Gareich vaque à ses occupations. Mais si tu pars pour de bon, qui veillera sur la maison de ton père ? Laisse-moi rester. Et j’attendrai que tu reviennes pour tout nous raconter. Ton père était respecté parce qu’il travaillait dur, et je suis sûr que Gareich suit son exemple. Moi, c’est toi que je prends pour exemple. Parce que toutes les remarques qu’on a faites sur moi ne sont rien comparées à celles qu’on t’a adressées. Je ne voudrais pas partir en me disant que quelqu’un ici se réjouisse que tu partes (si jamais tu pars !). Donc je vais rester, et si on me questionne, je serai fier de dire aux questionneurs : oui il est parti ! Mais vous verrez, il reviendra avec des trésors, avec de l’argent, avec des navires ! Et… Ah la la ! Non, mon ami. Je dis n’importe quoi. Je crois que j’ai juste peur de partir avec toi. Ne prends pas en compte ce que je viens de dire, j’ai juste peur en vérité.

— Je me disais aussi que ton discours était très étrange… Tout ça pour me dire que tu as peur ! Mais moi aussi j’ai peur ! Franchement, ça ne t’excite pas de te dire qu’on pourrait aller sur l’autre-monde ?

— Non, pas du tout désolé. Et tu comptes partir quand ? Vers où tu pars ?

— Maintenant ! Je suis vraiment décidé, lui dis-je pour me donner du courage, car je n’avais pas prévu qu’ils refuseraient tous deux de partir avec moi. Je te dis au revoir Ais’, et j’y vais ! Je vais avancer droit, jusqu’au bout, et rejoindre l’autre côté, s’il existe.

— Tu sais que tu ne trouveras de l’eau, rien que de l’eau… Imagine qu’elle t’engloutit, tu fais quoi ? On dit que Manann, Seigneur des mers, noie quiconque ose s’aventurer trop loin ! En plus sur ta route tu comptes demander à des inconnus : “Hé! Regardez ! Qu’est-ce que ça veut dire que ces cicatrices ?” C’est bien ça ? Bah ! Les gens vont juste te prendre pour un fou !

— Il y a longtemps que je suis fou alors parce que j’ai passé ma vie à le faire. Ne t’en fais pas. Je veux juste aller le plus loin possible. Je n’aurai rien à demander à personne. Si quelqu’un sait ce qu’elles sont, alors cette personne me le dira d’elle-même. J’ai appris depuis tout ce temps qu’elles sont assez curieuses pour attirer l’œil et la bouche. Et si jamais je ne trouve rien… je rentrerai ! Allez, je ne perds pas plus de temps. Par où je vais pour rejoindre les eaux du Nord rapidement ?

— Le Nord ! Si Gareich était là, il te l’aurait dit mieux que moi. Mais le Nord ! Aussi loin ! Pourquoi ne pas aller à l’Ouest ? C’est beaucoup plus proche.

— Tu ne comprends pas quand je te parle. Je veux aller aussi loin que possible. Les eaux du Nord, on dit qu’elles se trouvent à quelques lunes de marche, et qu’il y a plein de navires qui n’ont pas peur d’embarquer pour l’autre-monde. Là-bas se trouve un moyen de traverser. Et le reste, on verra en chemin.

— Bon, alors, euh… Je crois que d’abord, tu dois longer la Sliabh. Ensuite… Ensuite tout droit, par là-bas. Filer droit à partir de la Sliabh, je suppose. Je pense que si tu gardes en vue un repère qui se tient derrière toi, tu pourras pas te tromper. C’est ça : file droit. Et si tu te perds… Tu trouveras quand même la mer. Que les dieux veillent sur toi…

— On verra ! On verra si mon père avait raison. Je rentrerai peut-être rapidement, qui sait ! Eh bien, salut ! Je te raconterai tout si je ne meurs pas en chemin, ha ! ha ! dis-je alors que j’étais terrifié par mon imprudence.

Et je sortis de la maison, sans prendre la moindre provision. Il faisait noir, et plutôt que de partir dans la matinée, je pressais le pas. Dormir était le meilleur moyen pour changer d’avis.

Après quelques pas je me retournai, et je vis Aisteach sortir à son tour, emportant la masse qu’il était venu récupérer, tout en me faisant un signe de la main. Peut-être allait-il se balader par un autre chemin. Peut-être allait-il travailler. Peut-être Gareich viendrait-il me rejoindre. Peut-être viendraient-ils tous les deux. Peut-être que quelqu’un viendrait en me disant enfin la nature de ces cicatrices pour éviter que je m’en aille. Peut-être était-ce une mauvaise idée. Tous ces tracas ne changeaient rien au fait que je n’étais pas entouré de mes frères, et que j’avançais complètement seul, à la poursuite de je ne sais quoi. « Allez, pense à autre chose », me dis-je en marchant. La communauté, mes amis, mes habitudes, tout cela était désormais derrière moi.

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