Une Maman.
Une chape de noirceur s’abattit sur l’esprit de la maman dont les forces manquaient. Elle bataillait pour garder conscience, son bébé dans les bras, traînant son corps fatigué et endolori sur l’humus. Elle continuait de libérer cette vilaine odeur, entourée par les araignées qui n’attendaient que son affaiblissement pour dévorer son nectar.
Dans un ultime effort, elle se laissa tomber dans l’eau. Elle flotta comme un tronc abattu par la tempête, prenant soin de garder son petit hors de l’humidité.
Les araignées les suivirent un moment sur la berge boueuse, sur les troncs et les branches. Elles tendirent des fils pour les attraper, puis constatant leurs vaines tentatives, finirent par s’en aller.
Ils furent emportés par le courant de nombreuses heures, durant lesquelles la maman resta inconsciente, se nourrissant lentement de l’eau dans laquelle flottaient ses racines. Le bébé était recroquevillé sur elle et pleurnichait, puis s’endormit, et se réveilla pour regarder le paysage changer, les arbres défilés, les petites cascades jaillir sur l’horizon. Finalement, sa maman se bloqua dans un tas de branches sur le côté d’un rivage et n’y bougea plus.
Il tâtonna le trou de son œil, les fibres de sa bouche, son buste. Mais elle ne fit plus un geste. Rien. Il se roula sous son chapeau ballotté par les vaguelettes de la rivière et pleura encore.
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