Le petit champignon d’or et d’argent jouait délicieusement avec les fils grêles des pattes de sa mère, occupée à travailler la terre du terrier ; il s’y pendait, se balançait, se propulsait, poursuivi par ses amies les pommes rieuses. Il galopa à une paroi terreuse et s’y fixa pour voir ces petites billes rouges l’y suivre, étirant leurs fines pattes adhésives et s’attachant au mur, fermement décidées à le rattraper. Feignant la panique, il reprit sa grimpette jusqu’au plafond où il s’y fit recouvrir de boules vermeilles, et émit une vive lumière qui traversa le corps de ces dernières, tapissant le terrier d’une ravissante teinte rouge argentée.

 Plus-tard, ils sortirent explorer l’extérieur aux alentours dénudés, leurs champs de vision élargie ravissant leur soif de découverte, bien que la fraîcheur des jours allants inquiétât le petit champignon pour qui tout cela était nouveau.

 Ils arrivèrent au sommet d’un grand arbre millénaire au tronc large et orangé, collant, l’atmosphère tout entière respirant cette mystérieuse substance. Au bout de la dernière branche tendue en un doigt dressé vers le gris des cieux, les deux globes du champignon, et les petites pommes sur son chapeau, découvrirent un spectacle saisissant ; car au-dessus de cette canopée endormie, batifolaient d’innombrables papillons blancs, leurs danses sublimées par les jolies couleurs des lucioles, dont les corps bariolés naviguaient dans cet interminable ballet.

 « Mihihi ! »

 Les pommes se mirent à sautiller, à tendre leurs petites pattes pour attraper les papillons les plus bas. Or, ils se rendirent compte qu’ils étaient très gros, au moins deux fois leur taille. Alors, ils redescendirent en catimini. À mi-hauteur, ils remarquèrent un autre phénomène intrigant : des ombres du bois, un nuage orange s’en propulsa, étirant au-dessus du sol ses bras nauséeux ; puis se dissipa.

 Curieux, ils descendirent et galopèrent jusqu’aux réminiscences de cet étrange phénomène.

 Alors, un râle grave et profond, retentit.