Géant !
Dans les sombres couloirs marchait un géant d’os, reste jauni d’un homme, admiré par tous les petits squelettes béa. Ils le poursuivaient par milliers. Une marée de curieux. Beaucoup lui grimpaient sur les péronés, les fémurs, le bassin, s’accrochaient à ses vertèbres où se pendaient à sa clavicule ; il y en avait même un au sommet de son crâne, ses bras chétifs déployés comme pour embrasser sa nouvelle grandeur.
Derrière ce géant s’excitait le colérique munit de sa brindille. Il bataillait contre ses congénères pour attraper les meilleurs ossements des grimpeurs éparpillés au sol. Il jouait du cure-dent, tapait pattes et museaux, criait comme tous les autres, tant et si bien que personne ne s’entendait.
Il parvint à attraper un bras à sa taille, moins vieux que le sien et plus résistant que la moyenne. Il se dépêcha de s’en aller avec, poursuivi par une foule d’envieux et de curieux qui suivaient le mouvement par pure excitation.
Il trouva refuge dans la fissure d’un mur du couloir et repoussa ses congénères qui s’y bousculèrent, trop à l’étroit. Il les piqua de son cure-dent jusqu’à ce qu’un chœur plus fort ne s’élève de l’attroupement de squelettes qui dansaient et sautillaient de joie. Le géant venait de se secouer les puces. Tous les vaillants alpinistes s’étaient transformés en une pluie salvatrice d’ossements pour le petit squelette. Ses poursuivants préfèrent y aller tenter leurs chances.
Enfin à l’abri, il retira son bras le plus ancien, emboîta le nouveau et en piailla de bonheur.
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