Le roi des morts. (Partie Trois)
La sentence fut prononcée avec les mots rugissants d’un roi plein de rage. Eut-il pu briser le petit squelette sans effort si sa vivacité et sa taille minuscule ne l’avaient pas fait réchapper au jugement royal, qui le poursuivit de par les boyaux insondables et les salles enténébrées.
La fuite de l’ambitieux le mena de par les contrées explorées, au-delà des lieux connus, dans les terres abyssales où régnaient en maîtres les dunes de sable, les odieuses pierres noires et les champiluciole ; les immenses racines pivots des anciens arbres traversaient les salles et les couloirs comme autant de serpents aux écailles marron.
La frénésie du roi décédé résonna non loin, les sens du petit squelette en fuite le prévenant du danger ; désespéré face à sa ténacité, il s’arma de sa brindille et reprit sa course interminable, bondissant sur les dunes et les amas rocheux, se hissant à leurs sommets, éprouvant l’endurance de ses os. Il traversait l’antichambre gigantesque où perduraient encore les marques des condamnés de jadis, lorsqu’il glissa et chuta dans une vallée de sable, déclenchant un siphon qui l’aspira malgré ses efforts pour remonter.
Il chut plus encore, entraîné par la cascade dans la chaleur ardente des enfers. Il pénétra au plus profond des abîmes, en direction d’une mer au sable tourbillonnant comme le maelström annonçant sa fin. Il piailla, se débattit, agitant ses pauvres membres assaillit par le sable tombant, battant de sa fidèle brindille ; qui, inopinément, cogna contre quelque chose qui le repoussa hors de la cascade. Sorti malgré lui, il décrivit une course vers le puits où s’élevaient les cris des âmes damnés, ces squelettes intrépides égarés formaient à présent des paquets d’ossements dans la rage du courant.
Le petit squelette découvrit la forme séduisante d’un crâne aux cornes merveilleuses, le défunt suzerain happé, lui aussi, par le piège formé par le temps, tentait vainement de l’attraper de ses phalanges abîmées.
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