Chapitre 43 (facultatif-sensible)
Le chapitre contient une scène pour public averti à caractère intime. Il n'est pas obligatoire de le lire pour comprendre la suite de l'intrigue. Vous pouvez tout à fait poursuivre le roman sans vous attarder sur cette parenthèse de plaisir, si vous n'êtes pas intéressé.
Une fois au calme, la chaleur se mêla à l'habituelle détresse d'une poitrine défoncée par la disparition du seul qui la comblait sauf qu'ici, l'alcool perturbait l'équilibre. Les fourmillements de son corps torturaient sa raison. Devant le miroir, son reflet lui plaisait. Un sourire ? La voilà divine. Elle comprenait désormais les nombreuses mains posées sur son corps durant la soirée. De mémoire, jamais elle n'avait eu autant de succès auprès de la gent masculine et cette situation était grisante. Plus d'un an sans plaisir... L'absence de Louis rendrait son extase plus fade, alors pourquoi tenter de le remplacer et surtout, quand aurait-elle pu prendre un tel temps ?
Avec cette parenthèse, cette soirée et ces hommes en uniformes, aux regards et aux caresses enflammées, difficile de lutter. Qu'avait-elle aimé lors de toutes ses danses ? Le lâcher-prise. Ainsi, paupières fermées, inspirations profondes, ici, dans son foyer pour les jours à venir où rien d'autre ne pouvait lui arriver que ce qu'elle désirait et ce qu'elle allait s'offrir, elle s'entraîna dans un cocon apaisant. Boxer noir en bas de ses chevilles, la fraîcheur de l'air caressant son intimité attisa son envie. Au loin, la soirée se poursuivait, et Jacob Banks, avec Slow up, sonnait le glas de son désir.
La folie accepta ses conditions et l'accompagna à sa façon. Louis était là. Parfait. Lui susurrait-il de vivre l'instant ? Lui proposait-il l'extase ? Tout était flou. Ses doigts glissèrent le long de ses cuisses avec douceur et tendresse, frôlant du bout de sa pulpe fraîche cette peau si soyeuse. Elle brûlait. Son corps se réveillait à une vitesse terrible. N'attendait-il que cela ? Qu'un feu vert ? Forçant le décolleté, sa main fondit sur sa poitrine et joua avec son sein certes amaigri mais déjà tendu d'excitation. Son esprit divaguait, son bassin bougeait. Soudain, Guillaume... Son souffle vibrant, ses yeux incandescents, sa main brûlante... Que ce serait-il passé s'il l'avait descendue ? Jusqu'où serait-il allé s'ils avaient été seuls ? Elle virevoltait, ses pensées tourbillonnaient. La main tendre et agile de Louis glissait sur son intimité. Ses doigts domptaient son plaisir par des caresses puissantes et expertes. Il lui manquait tant, et le voilà avec elle, en elle, sur elle. L'extase envahissait son corps. S'allonger, vite. Poursuivre cette danse lascive, coûte que coûte. L'exaltation s'intensifiait. Non. Pas déjà. Cette parenthèse devait durer. Elle se souvint alors des pauses qu'il adorait marquer relançant la puissance de sa jouissance à venir. Deux doigts dans son antre humide lui offrirent des va-et-vient exquis. Poitrine galbée, fesses musclées, sexe glissant, ses paumes s'empoignaient et jouaient à mesure que le feu progressait. Sous ses paupières, Guillaume, à nouveau, son regard, ses mains, son torse. Au diable le contrôle ! Se caressant le corps d'une main, elle jouit de l'autre. Divin, intense, explosif. Ses cuisses cherchaient à se refermer. N'avaient-elles pas compris que ce soir, elles étaient à la merci de son désir ? Elle gémit, encore et encore. La conduction terrible n'en finissait pas. Si puissante... Une mèche de cheveux tirée ? Un grognement ardent. Les draps malmenés ? Elle avalait un cri. Ou alors criait-elle ? Comment savoir ? Dans cette prise de pouvoir, rien d'autre n'existait que son plaisir.
Essoufflée, elle demeura dans sa chrysalide de sensuelle pendant un temps infini. Pas question de le quitter pour se projeter à nouveau dans la frénésie de ce monde. À moitié nue dans son lit, la voilà enfin apaisée quand des coups sur la porte explosèrent la délectation de son enveloppe engourdie. Louis disparut. La personne frappa de nouveau. Ne pouvaient-ils pas respecter sa tranquillité une soirée ? Avaient-ils forcément besoin de lui emprunter quelque chose, de lui souhaiter bonne nuit, de la faire rire bêtement ?
Porte ouverte. Horreur ! Guillaume, le dos voûté sur ses chaussures. Persuadée qu’il avait entendu son extase passée et peut-être même son nom crié, Olympe balbutia.
— Lieutenant, qu'est-ce que...
Un regard en direction de la salle commune, puis il plongea sur elle et l'embrassa avec fougue.
Pourquoi ne pas avoir ajouté ce fantasme à son imaginaire plus tôt ? Simplement parce qu’il n’aurait pas été aussi sublime ! À quoi jouait-il ? Que voulait-il ? Sa langue franchit alors la barrière de ses lèvres. Douce, alcoolisée, sucrée, parfaite. Le temps des questions viendrait plus tard. Imbibée d'alcool, débordante de plaisir, Olympe répondit à son offrande tandis que Guillaume la poussait par la force de son bassin, fermant la porte d'un coup de pied.
Son claquement interrompit le baiser. D'un simple regard, là encore, tout était dit. Une nuit. Une parenthèse. La furie riait, avait-il compris qu'il s'était jeté dans la gueule d'une louve qu'il avait lui-même affamé ? Elle ôta son T-Shirt et devant son torse sculpté, le désir d'Olympe s'exacerba.
L'embrasser, le lécher, le goûter... Tout faire. Tout vivre. Tout sentir.
D'une main brûlante, Guillaume la plaqua contre son bassin durci. À hauteur de ses fesses, il s'éloigna. Le soupir bruyant arraché des entrailles de la prédatrice l'avait-il effrayé ? Fallait-il encore qu'elle se contrôle jusqu'ici ? Non, l'homme s'étonnait simplement de l'absence de culotte. Avec la pénombre, difficile de savoir s'il souriait ou s'il désapprouvait alors elle se confia sans embarras. Oui, elle s'était fait l'amour et jouir avait tout exorcisé. Jamais elle n'avait entendu son lieutenant rire ainsi. Une bombe d'évidence explosa. Ce soir, elle n'était pas avec lui, ce soir Guillaume s'était invité dans sa chambre et s'inviterait bientôt dans son corps.
Nouvelle étreinte. Cette langue experte l'enivrait. Les bras en collier, elle sauta autour de ses hanches. L'homme profita de l'assaut pour glisser ses mains sous ses fesses, près, très près de son antre au miel déjà généreux. Il la posa sur le bureau qui trouva une utilité jusqu'alors jamais envisagée par la jeune femme. Pieds contre ses fesses, ordre donné : elle voulait goûter à la puissance de son bassin si dur, si tentant mais qui restait à bonne distance. Ainsi emprisonné par son corps, Guillaume n'eut d'autre échappatoire que de céder, alors sa paume l'attira contre lui. Elle, nue, lui, habillé, bombé. Si torride... Maigrie, affaiblie, sa force n'était plus la même et bien sûr, en accompagnant les mouvements de la déesse à l'aide de sa main, il le respecta.
Ses lèvres étouffaient ses soupirs. Dommage. Elle adorait s'entendre jouir, mais les visites expertes de sa langue dans sa bouche valaient bien quelques concessions.
Pulsion irrésistible, envie irrépressible, elle desserra sa ceinture. Lui aussi avait maigri et le pantalon glissa sur le champ, répondant ainsi à la lionne vorace. La panthère jaugeait sa proie. Rien ne détournerait cet homme de son objectif, alors pouvait-il la prendre, ici, maintenant, sur ce bureau ? Elle planta ses doigts glacés à l'intérieur de son caleçon et l’empoigna. Tête projetée en l'air, il exulta néanmoins, il murmura un ordre : qu'elle arrête. La provocation était jouissive. Ici, jamais il ne pourrait lui en vouloir de désobéir.
— J'ai dit stop !
L'avait-elle épuisé ? Était-il à bout de forces ? Où tentait-il dans un vain espoir, de maîtriser son ardeur ? En frappant à sa porte, il était devenu sa proie. Qu'il assume ! Guillaume mordit la valkyrie affamée de puissance. Voilà un adversaire à la hauteur de son appétit.
Il abandonna ses lèvres pour tirer ses cheveux, la toisant de toute sa hauteur. Que faire d'autre à part le regarder, le supplier de continuer, de s'approcher et de la dévorer ? Sa langue parcourut sa nuque, joua avec son lobe, progressa sur sa poitrine et engloba enfin ses seins. Ce gentleman se présentait au corps qu'il s'apprêtait à martyriser de ces assauts.
Au rythme de While my guitar gently weeps, des Beatles, se jouant bien loin, dans un monde qui n'était pas le leur, Guillaume, le regard fiévreux, dénoua sa robe et lâcha sa crinière. Le temps se figea. Imaginer n'est pas découvrir... Fantasmer n'est pas vivre... Et si la maigreur de son corps calmait ses pulsions ? Le majestueux indice de son sous-vêtement bombé en fut l'unique réponse et comme s'il lisait dans les pensées de sa belle, il le retira.
L'homme se colla nu contre elle. Sa peau douce, dure et brûlante força les paupières d'Olympe à se fermer tandis qu'un râle guttural s'échappait. Conscient du pouvoir qu'il avait sur son désir, l'homme interrompit l'Odyssée et glissa ses doigts entre les siens pour l'attirer sur le lit. La panthère ronronnait sous la parade de sa proie. Tête en arrière, cambrée au maximum, elle s'offrit toute entière avec une impatience frôlant les limites de la raison. Pouvait-il seulement la faire jouir plus loin encore que le cadeau qu'elle s'était accordé plus tôt ?
Un baiser brûlant et humide l'y invita. Le désir dans son regard n'offrait aucune ambiguïté et pourtant, Guillaume demeurait immobile... À quoi pensait-il ? Pourvu qu'il ne regrette pas, pas si près de l'extase. Alors, la prédatrice reprit le contrôle et pressa ses fesses pour une rencontre dont la douceur explosa le corps d'Olympe.
Savoureux, divin, exquis, addictif. Ses doigts avaient été magiques, lui était impressionnant néanmoins, les ondulations précises comme paramétrées éveillèrent la panthère. Non. Elle méritait mieux, elle, la plus puissante, la plus terrible, la plus dévastatrice. Où était son mâle dominant dont la froideur de ces derniers jours devenait à présent terriblement excitante ? Sa douceur avait respecté son passé. Sa puissance exalterait son présent. Dans le silence puissant d'une extase à venir, elle imposa un rythme à la hauteur de sa fougue. Synchronisés, complices, les mouvements enfin terribles leur arrachèrent à tous deux des souffles incontrôlables. Responsabilités, peurs, horreurs, tout s'évacuait. Encore. Plus fort. Plus loin.
Dans ce festin merveilleux d'une femme insatiable, Guillaume gémissait, agonisait presque, mais elle n'avait pas encore décidé de l'achever. La féline lécha les perles de sueur des poils de sa proie et s'allongea sur le côté. Les mains sur ses hanches, il s'invita avec brutalité. Désir, chaleur, puissance, cet homme la voulait pour lui, son regard ne mentait pas. Elle s'enflammait, lâchait prise. Des larmes emplirent ses yeux, son corps brûlait dans cette infinie conduction. Elle pensait le torturer mais s'était-elle seulement aperçue de l'inversion de rapport de force ? L'extase de ce duo refusant que la parenthèse ne se ferme semblait éternelle. Olympe se perdait sous la force de Guillaume. Guillaume se noyait dans la chaleur d'Olympe. Des secondes ? Des minutes ? Des heures ? La guerre avait coincé les grains du sablier et leur plaisir l'avait implosé.
Toujours perdus dans la contemplation de leurs corps rassasiés, Guillaume brisa l'instant et se leva.
— Tu repars déjà ?
La panthère ne parvint pas à maîtriser sa panique qui extirpa un rire communicateur à son partenaire.
— Ah non, je voulais juste remettre mon caleçon.
Ni l'un ni l'autre n'étaient prêts à laisser ce rêve se terminer. Qu'il revienne alors. Olympe s'installa dans le creux de l'épaule de Guillaume où son cœur battait fort, très fort et vite, si vite. Un murmure, un merci, puis la lionne sombra, épuisée et repue dans les bras de l'homme qui l'avait toujours comprise et qui, ce soir encore, lui avait prouvé qu'elle pouvait avoir confiance.
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