32.Les petits plats dans les grands
Brett
Immeuble Gallagher, South Central, Houston, Texas
11 Novembre 2023
Situation d'urgence, protocole d'urgence.
J'ouvris ma porte d'entrée aux côtés d'une Angelina très silencieuse et manifestement angoissée pour son amie.
— Ils sont hors de danger, la rassurai-je au mieux après un échange avec Alec. Appelez Joyce une fois là-haut, si ça vous permet de vous détendre.
Elle opina de la tête avant d'observer son environnement. Un faible bazar et une pile de documents jonchaient la table du salon tandis qu'un morceau de jazz s'échappait de la chaîne hi-fi que j'avais encore oublié en partant ce matin. À croire que ce n'est pas moi qui paye l'électricité.
— La salle de bain est sur votre droite, indiquai-je et la chambre d'ami au fond du couloir, en face de la mienne.
— Il y a quoi à l'étage ? Demanda-t-elle avec un soupçon de curiosité.
— Défense d'y accéder, lâchai-je d'une voix que je rendis volontairement mystérieuse. À moins...
— À moins ? répéta-t-elle alors que ma phrase restait en suspens.
Plus curieuse qu'elle, C'est pas possible.
— À moins que vous ne vouliez découvrir une armada de paperasse empilé. Vous y trouverez mon bureau et l'atelier.
L'interêt qui pétillait dans ses yeux ne diminuait pas, annonçant d'autres questions à venir.
— Un atelier ? De quoi votre bureau personnel est-il chargé ? Est-ce que...
Insatiable. C'est ce qui me plaît le plus chez elle. Son regard se fixa sur le bas de mon visage et elle se mordilla la lèvre de façon ultra sexy. Me rendant compte que mon sourire s'était malgré moi élargi, je me repris en me dirigeant vers la cuisine.
— Si vous êtes toujours autant enflammé de curiosité après avoir mangé un morceau, je vous ferai la visite guidée.
Je me tournai vers mon invitée.
— Vous avez une allergie alimentaire ? Ou une préférence culinaire ?
— Aucune, répondit-elle en me rejoignant. Ne me demandez pas ce que j'aimerai manger si vous n'avez... seigneur, Brett vous êtes un survivaliste ?
Je ne pus dissimuler mon amusement face à sa sidération. En effet, la contenance de mon réfrigérateur faisait vent debout au vide intersidéral de celui d'Alec.
— J'aime recevoir, et j'apprécie que mes invités aient ce dont ils ont envie. Et par dessus tout, j'aime cuisiner.
— Vous ne cessez de m'étonner, souffla-t-elle avant de désigner du doigt le bac à légumes. Des brocolis aussi ? Vous savez quoi, épatez-moi, vous avez carte blanche chef !
Si sa jovialité s'avérait agréablement contagieuse, la fin de son allocution amoindri ma bonne humeur. Je secouai la tête.
— Oubliez le chef, Angie, nous ne sommes plus au bureau.
Si seulement moi, je parvenais à l'oublier pour toujours... Elle leva le nez pour croiser mes yeux et pour la millième fois de la journée, j'essayai de repousser l'élan de déception ainsi que la colère inappropriée.
— Hors de question ! Objecta-t-elle alors que son visage se teintait de malice. C'est au cuisinier que je m'adresse. Laissez-moi être votre commis !
***
Le repas fut prêt et la table dressée en moins de temps que je ne l'aurait imaginé. Cuisiner aux côtés d'une femme aussi énergique et sublime qu'Angelina m'avait coupé du monde, du boulot, de mes inquiétudes, de tout. Et savourer le dîner face à elle... observer ses mimiques pendant qu'elle dégustait le goût de chaque aliment, ses légers soupirs de contentement. Un SMS émanant de son portable m'extirpa de ma contemplation discrète. J'en avais presque oublié mon assiette. Je ramenai ma fourchette entre mes dents et me focalisai de nouveau sur mon plat après avoir constaté qu'elle souriait à son écran. Si ça se trouve, Marc n'a pas perdu de temps bêtement, lui.
— Soyez franc Brett. Puisque on est enfin posés, jouons carte sur table vous voulez bien ?
Je captai les prunelles d'Angie qui me détaillait déjà, une petite ride barrant son front de poupée. La bulle dans la que nous étions vient bien d'éclater.
— Pourquoi vous m'en voulez exactement ?
— Qui a dit que je vous en voulait ? répliquai-je avant de soupirer. Je ne vous en veux pas, Anglina.
— À d'autres ! Vous êtes proche de l'iceberg depuis ce matin, pire, vous commencez même à faire concurrence à notre rédac-chef !
Elle vient de me comparez à Al ?! Si la situation s'y prêtait, j'aurais sourit.
— Et ce depuis que j'ai accepté les coordonnées de l'agent Weaton, souligna-t-elle avec justesse. C'est parce qu'il est votre ami, c'est ça ? C'est pour ça que vous le prenez aussi mal ?
— Ça n'a rien à voir, la contredis-je avec un soupir las.
— Alors pourquoi vous m'en voulez ?
Elle s'était littéralement levée de sa chaise, le regard emplit d'incompréhension et d'agacement. Rien de pire qu'un « Ce n'est pas vous, c'est moi », et pourtant. Devant mon silence prolongé, ses épaules s'affaissèrent, témoignant de sa déception.
— Ce n'est pas grave. Faisons comme si cette conversation n'avait pas eu lieu. Veuillez m'excuser.
Elle baissa les yeux vers ses couverts, visiblement agacée, et les rassembla dans son assiette vide.
— Ce n'est pas à vous que j'en veux ! lâchai-je en me redressant à mon tour.
Ma déclaration la figea un instant avant qu'elle n'esquisse un nouveau mouvement afin de débarrasser la table.
— J'ai beaucoup apprécié le repas Brett, vous cuisinez divinement bien, murmura-t-elle en se détournant vers la cuisine.
J'en ai marre. Cette ambiance pesante qui régnait par ma faute, juste ponctué par l'interlude de quiétude lors de la préparation du repas avait resurgit, aussi forte qu'en début de journée. Et j'en peux plus. Je me levai pour la rattraper et la trouvais en train de déposer son chargement dans l'évier.
— Ce n'est pas contre vous que je suis en colère, mais contre moi, putain ! croyez-moi !
Surprise de m'entendre jurer, elle me regarda me rapprocher avec lenteur. Je ne maîtrisais plus mes pas, et j'en avais plus qu'assez de réfréner mes mots. L'odeur de son parfum se renforça alors que j'outrepassais légèrement la distance raisonnable pour ne laisser qu'une dizaine de centimètres d'écart entre nos corps. Quelques centimètres que je crevai d'envie de faire disparaître.
— Je ne veux pas que vous vous mépreniez Angelina, articulai-je en baissant la voix. Vous me plaisez vraiment, vous m'attirez.
Je jurerai que son souffle vient de s'arrêter. J'étais aussi proche que je ne l'avais jamais été de ses courbes invitantes, de ses traits fins, de son expression douce, de ces yeux. Ils m'ébranlent bien trop, ces yeux.
— L'océan de vos prunelles me donne envie de m'y noyer, murmurai-je presque, le souffle presque coupé, heurté.
Mon affirmation basse eut un impact sur ses iris qui s'agrandirent assez pour me montrer à quel point mes mots lui plaisait. Et sa façon de me regarder, là, tout de suite... Brett, mec secoue-toi !
Ses lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres des miennes, je ne su pas à quel moment je m'étais encore laissé captiver, attirer, mais c'était le cas. Je déglutis tandis que mon regard détaillait malgré moi sa bouche si tentante.
— Je vous distrait ? me demanda-t-elle dans un expir court.
— Vous êtes bien plus qu'une simple distraction, avouai-je sous son regard de sirène. Vous...
Tentatrice ultime, un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle s'approchait, ne laissant que l'espace d'un cheveux entre nos corps. Elle était si proche que je pouvais percevoir le faible mouvement de son vêtement frémir au rythme de ses battements de cœur. Ne regarde ni l'échancrure de son chemisier, ni ses lèvres, ni...
— Ma position me l'interdit, je suis votre supérieur hiérarchique, prononçai-je presque douloureusement, alors que la chaleur qui exulait d'elle me poussait à la faute. C'est prohibé.
— C'est la seule chose qui vous retient, Brett ?
Sa façon dont mon prénom roula sur sa langue agit sur tout mon système interne. J'ai tellement envie de la toucher, c'est pas humain !
— C'est pour votre position que vous vous inquiétez, ou la mienne ? chuchota-t-elle en lorgnant à son tour sur le bas de mon visage.
Seigneur aidez-moi... J'aurai du lui mentir, lui dire que mon poste et mon devoir étaient ma priorité, que je ne m'inquiétais que de mes responsabilités, de ma place. Mais encore une fois, ses yeux m'extorquèrent ce qu'elle souhaitait entendre, à savoir, la vérité.
— Si vous saviez comme je m'en fout, haletai-je presque dans une supplique informulée. C'est votre devenir qui me préoccupe, Angie.
La seconde qui suivie, le plus doux des affleurement de son souffle contre mes lèvres eut raison de toutes mes résolutions. J'accaparai sa bouche en glissant mes doigts à l'arrière de sa nuque, avec lenteur au départ. L'explosion de désir que cette femme suscitait en moi s'éveilla rapidement. Très vite, j'entrai dans une sorte de transe, enivré par l'odeur de sa peau et le son d'un soupir, puis d'un gémissement bref. J'enroulai mon bras libre autour de sa taille que je resserrai contre mon abdomen, épuisant l'intégralité de ma réserve d'oxygène. Alors qu'enfin, j'avais vraiment l'impression de respirer.
Sa bouche ne quitta la mienne que pour mieux la retrouver alors que ses phalanges venaient parcourir mon torse pour grimper jusqu'à la naissance de mes trapèzes avec la douceur d'une plume. Délaissant son visage à contrecœur, je m'engouffrai sous son menton afin de lécher sa nuque avant de la couvrir de mes lèvres. J'avais terriblement faim d'elle, de ses soupirs, de ses torsions, de ses faibles mouvements de hanches contre les miennes, mouvements que j'attisai au renfort de caresses.
— Brett, serina-t-elle d'une voix rendue instable par le plaisir que lui procurait mes paumes, s'aventurant sur sa taille, ses flancs. Je redressai la tête le souffle court pour croiser ses beaux yeux, et mon désir grimpa derechef. Des rougeurs maculaient ses joues et son cou, ses inspirs étaient désordonnés, ses pupilles s'apparentaient à celles d'un chat s'apprêtant à entamer une partie de chasse. Je vais l'étendre sur la table du salon si elle se mord encore une fois la lèvre. Ce qu'elle ne fit pas. Au lieu de quoi, un sourire victorieux illumina son expression, un tantinet malicieuse. Elle s'attendait à ce que je finisse par craquer. Elle voulait que je craque, réalisai-je alors que sa main descendait avec lenteur sur mon flanc gauche, mettant un terme à mon analyse.
— À mon tour, susurra-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour atteindre mes lèvres, maintenant que je m'étais redressé.
J'inclinai ma tête pour lui faciliter la manœuvre, et sa bouche s'accoupla avec la mienne en allumant un foyer de plaisir fou dans mes entrailles. Je la repoussai contre le mur de la salle à manger pour l'y presser, me collant contre elle sans retenue. Elle geint dans le baiser, envoyant une nouvelle salve d'envie dans mes veines. Elle va me rendre fou.
Je l'invitai vers l'étage par ma gestuelle sans quitter sa bouche mais la sublime blonde s'y déroba un instant.
— La chambre d'amis, suggéra-t-elle en passant le doigt sur ma ceinture.
Hein ? Oui, la chambre d'ami. C'est plus près. J'avais l'impression que mon cerveau refusait d'enchaîner plus d'une pensée cohérente à la suite.
Je coopérai, la guidant dans le couloir sans décoller mon corps du sien et sans cesser de l'embrasser. Arrivés à l'entrée, les mains de ma partenaire se plaquèrent contre mes flancs, et elle me repoussa contre le mur adjacent à la porte. Je me laissai faire et mon dos claqua la surface. Elle pressa son bassin contre mon bas ventre et sa poitrine contre mon torse avant de s'agripper à ma nuque pour aspirer mon cou. Mes yeux se closirent à sous son toucher. Je suis en train d'imploser, c'est trop bon. Sauf que je n'avais pas pour projet d'être le seul à recevoir. A la recherche du contact direct de sa peau, mes phalanges s'affranchirent de son chemiser pour partir à la conquête de ses flancs. Je remontai une main jusqu'au galbe de ses seins. Enveloppés dans de la dentelle, vu le relief que je sens. De mes doigts, j'appréciai la sensation de ses monts délicieusement étreints par son soutien-gorge presque autant que les frissonnements de son corps et ses halètements contre ma gorge.
Je pressai l'un de ses seins à travers le sous vêtement, et sentis presque immédiatement sa main se faufiler un chemin pour coulisser sur ma longueur à travers mon jean en réponse. Je ne savais plus de fois combien de fois j'avais eu le souffle coupé, j'avais perdu le compte.
— Angie, anhélai-je tandis qu'elle attisait mon besoin.
— On pourrait continuer sur cette lancée..., ronronna-t-elle presque en soulignant la courbe du bas de ma mâchoire avec sa langue puis ses dents.
D'une seconde à l'autre j'allai vriller et inverser nos positions. J'en veux plus.
— Ou je pourrais te laisser sur ta faim. Tu sais quelle option je vais choisir ?
Elle mordit mon cou, m'envoyant une horde de frissons à travers tout le corps. L'instant suivant, la chaleur et la douce et succulente pression qu'exerçaient sa main contre mon entrejambe disparue.
— La seconde, me nargua-t-elle en effleurant mes lèvres. Bonne nuit Brett.
Quoi ? Elle insista fermement sur mon prénom avant de se soustraire à mes bras. Le claquement de la porte me sortit de mon immobilisme. Elle vient vraiment de... mes yeux firent la navette entre la porte et l'encadrement, avant que je ne baisse le regard plus bas, sur la bosse qui déformait mon futal, comme pour me convaincre que je n'avais pas rêvé. Elle venait vraiment de me chauffer à mort pour me laisser sur le carreau ?!
J'étais dans un état proche de la sidération, et je contractai fortement les mâchoires en me raclant la gorge avant de poser ma paume contre le mur. Et en dépit de mon intense frustration, un rictus amusé étira mes lèvres. Mademoiselle est rancunière. Je pouffai, avant d'arranger mon inconfort vestimentaire en grimaçant. C'est pas la revanche à laquelle je m'attendait, mais je vais être bon perdant. Seulement pour cette fois.
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Bonjour tout le monde !
Brett se rattrape dans ce chapitre, mais Angie lui fait payer sa journée (par contre, je me demande si un mec sensé penserait comme lui sur la fin, je le trouve bien "cool" x)
Le prochain chapitre, j'en sais rien -c'est plus une surprise x) - la seule chose dont je sois certaine, c'est qu'on va faire un petit tour dans les pensées d'Angie qui reprend la parole dès les prochaines lignes...à bientôt !
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