Chapitre 30

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Voir Elisa, les yeux bandés, attendre un inconnu, ou pas, était d'un érotisme puissant.

Je l'avais vu me chercher, par les sons de mes pas, dirigeant ses oreilles vers moi. Je l'avais vu me sentir, scrutant l'air parfois, en écartant les narines, pour attraper une odeur familière dans un déplacement d'air. Son corps avait frissonné à mon contact, laissant apparaître une chaire de poule sur sa peau.

Je sentais encore ses tétons dans la paume de ma main et son goût dans ma bouche. À bien y réfléchir, je n'étais pas vraiment redescendu dans le monde réel, ce qui se voyait au sourire sur mon visage et à cette érection sous mon pantalon. Heureusement pour moi, la nuit masquait cette dernière et m'évitait de devoir me cacher aux passants sur le trottoir.

Je n'étais plus qu'à quelques centaines de pas de chez Louise et tout à coup, je fus rattrapé par la réalité. Même si je n'avais pas pénétré Elisa, ce que je venais de faire, ne faisait pas partie des clauses du contrat, implicites, entre elle et moi. Et puis je n'avais pas pris le temps d'effacer les odeurs de sexe sur moi, ayant quitté le bureau précipitamment, avant qu'Elisa ne décide de retirer son foulard et de voir qui j'étais.

Juste avant d'arriver, je passais devant un bar, où j'aimais aller boire une bière de temps en temps. Je décidais donc de m'y arrêter et de prendre un demi. J'en profitais aussi pour aller aux toilettes et me débarbouiller.

Tout en buvant, je prenais le temps de digérer cette journée et plus particulièrement cette fin de journée. J'avais fait une erreur et n'avais pu résister à une crise d'orgueil. Mais pour autant, devais-je mettre un terme à ma relation avec Louise ? Il ne me fallait pas agir sur un coup de tête, même si j'avais trahi sa confiance. Et c'était elle que je voulais auprès de moi, c'était elle que j'aimais.

Raisonnablement, en arrivant chez elle, je ne changeais pas mes habitudes et lui proposait même un cinéma, histoire de limiter les questions sur ma journée.

Après le film, je l'invitais au restaurant et monopolisais la discussion, sur l'organisation de nos vacances de Noël, où je lui proposais de venir chez mes parents le vingt-cinq pour le repas de midi. Mais il subsistait dans ma tête une inquiétude ou plutôt une culpabilité. Heureusement, Louise ne sembla se rendre compte de rien.

Le lendemain, je me levais à cinq heures, embrassais doucement Louise avant de partir et la laissais se rendormir. Avant d'aller me coucher, j'avais expliqué à Louise que j'étais trop fatigué et que mon réveil allait sonner presque en pleine nuit. J'avais donc eu une bonne raison pour ne pas lui faire l'amour, la culpabilité ayant pris le dessus sur la beauté de son corps et mon amour.

Étonnamment, Elisa n'avait pas encore envoyé de message depuis son « bonne nuit », mais il était tôt.

J'étais enfin arrivé à mon bureau, après plusieurs heures de route et j'allais directement m'installer avec un café devant mon ordinateur. Suite à ma réunion, j'avais de nombreuses modifications à faire sur mon dossier et il ne me restait que deux semaines avant la livraison.

Je jetais un coup d'œil à mon téléphone et j'avais un « je t'aime, tu me manques » de Louise, auquel je répondais par un « Je t'aime aussi, ma chatte ». Mais à part ce message toujours rien d'Elisa.

Je me mettais au travail, avec une pointe de regret et juste un tout petit peu d'inquiétude, mais il fallait que j'avance.

En fin de journée, j'avais fait environ 25 % des modifications, mais toujours pas de nouvelles d'Elisa. Plutôt que de rentrer, je décidais de rester et d'écrire cette nouvelle histoire que je voulais commencer.

Mais il me fallait d'abord trouver une idée. Un jeu action ou vérité ? : un peu classique. Un peu d'échangisme ? : Pourquoi pas, mais cela ne devait pas être prévu. Il serait bien qu'un des personnages soit un peu coincé. Oui, ça serait bien... Mais pourquoi voudrait-il passer de coincée à échangiste ? Et si deux personnages étaient amants et avaient eu cette envie.

Je crois que l'idée était là, il me suffisait de l'écrire. Simplement...

- Chéri tu es sûr que c'est la bonne adresse ? dis-je

- Oui, Antoine m'a dit que leur nouvelle maison avait un portail blanc et là regarde, c'est sa voiture.

- Guillaume, la sonnette est juste devant toi.

- Ah oui merci !

Guillaume ouvrit le portail pour me laisser passer et referma derrière moi. À notre première rencontre, il m'avait ouvert les portes au restaurant et au cinéma et c'est ce qui m'avait tout de suite plu. C'était Antoine qui avait organisé ce rendez-vous, car il sortait depuis peu avec Amandine et espérait me trouver un prétendant. Nous avions échangé un baiser une fois alors que nous étions bourrés, mais celui-ci avait été oublié au fil des années. Enfin pas pour moi et c'est pour ça, je pense, qu'il avait choisi, il y a presque dix ans de me présenter Guillaume.

En arrivant à la porte d'entrée, Antoine et Amandine nous accueillirent.

- Ah enfin, vous voilà, dit-Amandine.

- Bonjour, Guillaume.

- Bonjour, Victoria.

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