Chapitre 31

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Et je suis somnambule
Mon rêve devient silence et j'erre sans lui
Les doutes d'une incrédule se perdent dans la nuit
Et tout s'est décidé
Je ne vis que d'idéaux, de mots cassés
Je tente d'être complétée
D'amour et d'inconnu
Et quand il m'enlace, je ne me sens plus lâche
Les défis d'autrefois paraissent loin et pourtant
Je sais que cette épreuve peut détruire à jamais
Les espoirs d'une vie parsemée de regrets
Et quand il me regarde, je sens mon cœur débattre
Être sans lui, c'est une mort qui s'annonce lentement...

En montant dans ma voiture, la radio jouait cette chanson de Cœur de Pirate, qui m'avait fait comprendre l'importance de ma relation avec Paul. A cette époque nous n'échangions que des messages sur notre messagerie pro et pourtant cette chanson avait raisonné en moi comme une évidence. Très vite il était devenue indispensable, mon indispensable.

En conduisant, je sentais encore ses mains sur ma poitrine, mais il n'avait rien dit et je n'arrivais à avoir aucune certitude sur son identité, comme toujours avec aul.

Dr Jekyll aurait effectivement pu avoir un certain nombre d'informations lui permettant de trouver mon lieu de travail. Mais comment serait-il rentré dans le bureau et d'ailleurs comment l'aurait-il trouvé. Guidé par la lumière peut-être !?

Et Paul, depuis des mois ne voulait plus donner de nouvelles, alors pourquoi venir me faire ainsi, jeux érotiques, caresse, cunnilingus...

Et surtout à quoi voulais-je croire ? Bien sûr que je voulais que ce soit Paul, mais je voulais l'ignorer par peur de le perdre de nouveau. Il était donc sûr que je continuerais de considérer Dr Jekyll comme ce trentenaire écrivant des histoires sur Wattpad.

Enfin, j'arrivais devant ma maison, pendant quelques instants, je profitais du calme de ma voiture, sachant très bien qu'en passant la porte, mes filles seraient en train de se chamailler et de hurler dans la maison.

Pour une fois, tout était calme, Florian regardait la télé avec notre petite dernière et les grandes étaient à l'étage à écouter de la musique. Je fis un baiser à mon mari et prenais place dans un fauteuil. Mais je préférerais prendre mes feutres et dessiner.

Là, ce matin, en arrivant pour poser mes affaires à mon bureau, je me voyais assise, les yeux bandés, attendant Paul. Cette image me fit vibrer et sur mon visage pouvait se lire un sourire de bonheur.

- Bonjour Elisa, tu es perdue dans tes pensées ? dit Alexandre.

- Bonjour Alexandre, apparemment...

- Tu es rentré tard hier ?

- Non, pas trop, vers dix-neuf heures ou dix-neuf heures trente. Enfin je crois je me rappelle plus très bien.

- Et Paul est parti à quelle heure ?

- Je ne sais pas, pourquoi me demande tu ça ?

- Quand je suis parti, il était encore en train de bosser et m'a à peine dit au revoir.

Ah...

- On ira boire un café tout à l'heure, à dix heures.

Il était évident pour moi, que j'expliquerais, dans les grandes lignes, ce qui c'était passé hier soir, à Alexandre. Mais comment allais-je lui dire tout ceci sans me ridiculiser de trop.

Et pour Dr Jekyll ? Il n'avait pas envoyé de messages, mais pour l'instant, je n'avais pas suffisamment digéré notre instant érotique. Je préférerais en faire de même pour le moment.

« On se rejoint en haut », écrivais-je à Alexandre.

« J'arrive :) »

- Je te prends un expresso sans sucre ? demandais-je à Alexandre à son arrivée.

- Oui parfait, c'est ça.

- Alors, tu viens au rock demain soir.

- Oui.

- Dis Alexandre, qu'est-ce que tu as pensé de Paul hier ?

- J'ai eu l'impression qu'il était plutôt jaloux, mais même le matin, alors qu'il n'était pas censé savoir pour toi et moi.

- C'est vrai que c'était drôle de voir votre petit combat de coq. J'ai l'impression que tu ne le portes pas dans ton cœur.

- En réalité, j'ai trouvé son attitude plutôt touchante. Et parfois quand vous vous regardiez, je comprenais qu'il y avait quelque chose entre vous, un lien qui perdure et qui a du mal à se briser.

- C'est terrible, il suffit d'un regard ou d'un mot de sa part et je replonge, dis-je en baissant les yeux de honte.

- Il te faudra du temps.

- Qu'est-ce que tu dirais dis je te disais que Paul et moi nous avons... joué... hier.

- Comment ça ?

- Après ton départ, j'ai reçu un message.

- De qui ?

- Et bien, c'est la question. Peut-être lui peut-être quelqu'un que je pense être lui. Mais le jeu était que de toute façon, j'imagine qu'il était Paul.

- C'est compliqué !

- Un peu, confirmais-je et je prendrais soin de t'expliquer peut-être tout ceci plus en détail.

- Et donc, que disait-il ?

- Il me demandait si j'étais prête... à... à jouer.

- Et ?

- Et j'ai dit oui...

Alexandre ne dit rien.

- À la fois j'ai honte, mais ce qui s'est passé après... Je ne sais pas si je dois te le dire, reprenais-je.

- C'est comme tu veux.

- Il avait mis un foulard dans mon tiroir et m'a demandé de le mettre sur mes yeux. Ensuite, il est venu et... enfin tu comprends ?

- J'imagine. Et tu regrettes ?

- Non... Oui... C'est compliqué...

- Si ça c'est fait, c'est qu'il fallait que ça se fasse.

- Si tu le dis, mais j'aimerais qu'il n'ait plus cette emprise sur moi, que mon bonheur n'ai plus besoin de lui. Car il a quelqu'un et... lui et moi... c'est... impossible. Notre histoire est trop compliquée.

- Avec le temps...

- Avec le temps, avec le temps va tout s'en va, chantais-je en souriant doucement.

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