Ces regards de solitude
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Assise là, sur la margelle,
Enveloppée de quelques hardes
À la fois colorées et tachées.
Devant toi, traine une sébile
Avec quelques pièces cuivrées.
Debout, dressé encore fier,
Un carton devant la poitrine
Tu braves tel Don Quichotte
Des colonnes de voitures
Et la pluie lave tes larmes.
Tu dors, encore innocent
Une étoile aux creux des mains
Ta mère remonte la couverture.
Une enfant pour demander
Juste un morceau de pain.
Tu danses seul une gigue,
Une cannette vide à la main,
Mal rasée, bouche de travers.
Tu rales après ces fantômes
Crachant ta fumée de haine.
Vous voilà, terriblement isolés
À la fois, uniques et nombreux
Eparpillés, si loin de chez vous.
Ignorés, repoussés, fustigés,
Votre solitude nous éclabousse.
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