Je levai mon bras vers le plafond, les muscles bandés et les doigts serrés fermement sur mon arme. Je croisai le regard de ce type bouffi. Je devais le faire, je voulais vivre, je ne comptais pas me faire bouffer par un irradié qui crève de faim.

 – Désolé mon bonhomme !

  J’abattu le pied de biche de toutes mes forces. La cervelle gicla ainsi que du sang qui allèrent recouvrir mes vêtements et mon visage. Le bruit ressembla à celui d’une flatulence en plus fort et écœurant. Son corps était gorgée d’eau et de gaz qui se déversèrent sur le sol dans un son horrible. Et l’odeur ajoutée à celle de ses selles diluées dans l’eau, c’était un spectacle auditif et olfactif d’une immondice que je n’aurai jamais, mais jamais imaginé !

  Je vacillai un instant, reculant de plusieurs pas. Mon arme contondante m’échappa des mains pour finir par terre. Un autre flot de bile gicla hors de ma bouche, me retournant les tripes. Mes jambes tremblaient, elles ne me soutenaient plus. Je terminai à genoux, pris de vertige. Je venais de tuer un être humain, j’avais pris une vie… Qu’avais-je fais ?

  Je réalisais l’horreur de la situation. Ce type était prisonnier depuis longtemps, réduit à se nourrir de ses excréments pour survire tout en pataugeant dans la flotte. La solitude devait l’avoir rendu fou et moi par égoïsme, je l’avais mis à mort. J’étais un monstre…

  Ma volonté était en miettes ainsi que ma motivation à survivre. Je restais là sur le sol trempé pendant plusieurs minutes à contempler le cadavre. Son crâne était fracassé, un trou béant d’où pendait de la chair, des os et de la cervelle. J’étais comme hypnotisé par cette scène. Et durant toute cette période où j’étais amorphe, ma montre sonnait sans fatiguer, comme pour me réveiller. Ce son que je perçu d’abord de loin, résonna dans mon esprit pour devenir bien plus fort, presque assourdissant. C’était comme si tout allait au ralenti ou comme se réveiller après un mauvais rêve. La descente d’adrénaline, c’était peut-être ça ?

« +3 d’expériences. »

  Ouais… hourra, j’ai gagné en expérience, me voilà rassuré. Cette nouvelle ne m’enchantait pas plus que ça, le traumatisme d’être un assassin étant encore trop frais. Je soupirai pour ensuite me relever. Le corps fébrile et l’estomac en vrac, je tenais difficilement debout. Un repas serait le bienvenu, même si je doutais d’avoir le cœur d’avaler quelque chose. Du moins pas dans l’immédiat.

  Je pris une longue inspiration. J’avais fais ce qu’il fallait. Il allait me mordre, peut-être m’infecter après tout il était irradié. C’était lui ou moi, je n’avais pas eu le choix. Oui, voilà, je devais m’en convaincre.

  Retrouvant enfin mes esprits, je ramassai le pied de biche pour enjamber ensuite le cadavre. Me dirigeant le plus dignement possible vers cette salle anciennement inondée. Des murs blancs délavés, des tuyaux éventrés, hormis ça, il n’y avait rien à part une porte sur la gauche. Je l’ouvris sans plus attendre, désireux de mettre un maximum de distance entre ma victime et moi.

Suite chapitre 2-0