Poser le décor de ma folie

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Cela fait un bon bout de temps que je te suis. Et tout ce temps-là, tu n’as rien remarqué. Tu n’as pas changé ton quotidien plutôt bien huilé. Quelque part, cela veut dire que j’ai plutôt bien fait les choses et que j’ai été discret. Trois mois passés à observer ta vie depuis l’extérieur, je sais pas mal de choses sur toi.

Savoir où tu habites a été le plus facile, vu que ton appartement est situé en face du mien, juste un étage plus bas. Depuis ce matin où tu étais semble-t-il particulièrement pressée [ou bien simplement terriblement à la bourre pour aller au travail ?] et que tu t’es intégralement changée devant ta fenêtre, sans faire attention si quelqu’un t’observait… Moi je venais juste de me réveiller, j’en ai renversé mon mug de café sur les pieds. De là, je suis devenu…comment dit-on…un peu obsessionnel..

Dire que je sais tout de toi n’est pas un joli mot. C’est bien la réalité. Les boîtes aux lettres de ton appartement m’ont donné ton nom et ton numéro d’appartement. J’ai fini par connaître ton emploi du temps [tu quittes ton domicile à chaque fois à la même heure] et une filature m’a permis de savoir où tu travailles. J’ai fait un vol à l’arraché à la petite vieille dame du rez-de-chaussée, juste le temps de pouvoir faire un double du passe magnétique pour entrer [et lui rendre son sac quelques jours plus tard en héros en n’ayant rien pris des quelques 300 €uros a été mémorable] dans le bâtiment.

Entrer par effraction dans ton appartement a été ce qui m’a provoqué le plus de sensations. J’ai pesé longtemps le pour et le contre. La peur de me faire prendre. La peur aussi de découvrir des choses sur toi qui ne me plairaient pas. Mine de rien, le fait d’être obsessionnel avec toi fait que je commence à m’attacher à toi.

Finalement, j’ai fait comme dans les films. Je me suis acheté une tenue de technicien télécom et je suis arrivé devant ta porte. Je savais que tu n’étais pas là. Mais peut-être y-avait-il un chien ? Un chat ? Ou un homme ?

Je sonne à la porte. Il vaut mieux éviter de se retrouver nez-à-nez avec quelqu’un quand on rentre par effraction. La chance, c’est que ta serrure n’est pas du type méga difficile à ouvrir. Au bout de 10 minutes, j’entends le « clac » que je voulais entendre et ta porte s’ouvre. Une fois rentré, j’en profite pour prendre une empreinte du barillet de la porte. Au moins, la prochaine fois, j’aurai une vraie clé. Même si tu ne me l’as pas donnée.

J’ai fait attention à ne toucher à rien. Mais j’étais comme un enfant dans un magasin de jouets. Ou dans un magasin de friandises, si tu préfères cette image. J’étais chez toi ! Tout me semblait beau. J’avais envie de toucher à tout, mais surtout ne pas laisser de traces.

J’ai regardé avec attention les quelques photos. Avec joie et soulagement aucun autre homme n’était à tes cotés. Je sais que je ne suis pas partageur. J’en ai profité pour regarder ta box internet : avoir ton adresse IP me permettra d’être beaucoup « intime » avec toi..

J’ai inspecté ton frigo, utilisé tes toilettes [ne dit-on pas qu’il faut marquer son territoire ?]. Je me suis même brossé les dents dans ta salle de bains ! Bien entendu, ta chambre fut le Graal ! Non, je ne me suis pas couché dans ton lit. Un reste de pudeur m’en empêchait. Ce serait avec toi ! Par contre, j’ai passé un temps fou dans ta garde-robe ! J’ai touché, reniflé tous tes sous-vêtements ! Je t’ai imaginée portant ce soutien-gorge ou cette jolie culotte. Et puis j’ai tout replié et remis en place.

J’ai dû venir ou 6 fois chez toi. A chaque fois, cette même poussée d’adrénaline. Et cette joie d’être quelque part avec toi. Il a fallu que je me restreigne à ne pas le faire trop souvent. Pas envie que tes voisins s’en rendent compte. Une fois, je suis même venu avec des fleurs, un bouquet de tulipes. T’en -es-tu rendue compte ?

Mais le meilleur, c’était quand même de t’espionner directement depuis chez moi. Avec l’adresse IP de ta box Internet, je peux tout faire depuis chez moi. Je peux voir les programmes que tu mates à la tv, savoir ce que télécharges, combien de temps tu passes devant ton ordinateur.

Ce fut un peu plus compliqué avec ta boîte mail. Même en cherchant, impossible de trouver le mot de passe. Mais finalement j’y suis arrivé et j’en ai passé du temps, à lire tes emails. Je sais quasiment tout de toi, je vis avec toi, 24 heures sur 24.

Mais tout s’est écroulé hier. Quand j’ai compris en lisant tes mails que tu avais démissionné de ton travail, et que tu plaquais tout pour partir faire de l’humanitaire quelque part en Afrique et rejoindre un bellâtre rencontré sur une appli de dating…

Hélas, je n’ai pas accès à ton téléphone. Je ne sais donc pas à qui tu parles quelle application tu utilises le jour et la nuit, les photos que tu envoies.. Et là, je m’aperçois que finalement, je ne vois pas TOUT ce que tu fais. J’ai une belle vision certes, mais incomplète..

Ma première réaction fut la colère. Quelle salope ! Comment pouvais tu faire cela à MOI ! Après tout ce temps passé ensemble ? Ca y est, je suis bon à jeter à la poubelle ? Il m’a fallu du temps pour me calmer. Bien sûr que tu peux faire tout cela, vu que tu ne m’as jamais vu.

Il est temps que l’on se rencontre. Je dois te faire changer d’avis… Tu es à moi et à personne d’autre.

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