Ma soeur...
Entre temps dans sa kheima la maman de Zohra s'activait entre balayage du sol, lessivage des couvertures et confection des gâteaux. Tout devrait être prêt pour le retour de l'enfant exilée, il faudrait qu'elle ressente le bonheur qu'ils avaient à la retrouvée, il faudrait rattraper le temps perdu.
Zohra dormait dans le hamac, elle aimait entendre sa maman s'activer autour d'elle.
Le grand-père maternel de Zohra avait sacrifié un mouton pour le couscous que sa femme et ses autres filles avaient pris soin de préparer dès l'aube. Tous les voisins seraient de la fête, ainsi se passaient les bonnes et les mauvaises choses de la vie, tous solidaires.
Avant le couché du soleil Ali et Youssef arrivèrent dans le village où quelques mois plus tôt Ali avait laissé sa fille, son bébé à qui il n'avait pas eu le temps de choisir un prénom. Youssef lui, commençait à avoir faim, et il avait hâte de poser ses pieds au sol, son siège devenait douloureux, quand au bourriqôt il traînait aussi les pattes.
Une fois installés chez ses hôtes, Ali demanda à voir son enfant. Là, l'épouse se mit à hurler, impressionné, Youssef se réfugia dans les bras de son père.
L'homme ordonna à sa femme de se calmer, et il raconta à Ali comment la petite fille était décédée quelques mois plus tôt suite à une grosse fièvre.
Sans un mot, Ali se leva, prit son fils dans ses bras et reprit le chemin du retour.
L'homme le supplia de rester pour la nuit, mais Ali n'entendait plus rien, tout en s'éloignant Youssef lui entendait les cris de bébés qui se chamaillaient, jaillir de la maison.
Youssef aurait aimé partager un peu leurs jeux, se reposer de son long voyage, manger et dormir au chaud.
Au village personne ne fit de commentaire. La fête fut annulée et la vie reprit sa routine.
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