Quelques années plus tôt, Chris, Micka, Jelena et John allaient pour la première fois au zoo. Ils avaient alors tous cinq ans, sauf John qui en avait quatre. Ils étaient accompagnés de leurs mères.

— L’été a vraiment bien commencé, dis donc — déclara Lumna, la mère de Chris et Jelena. Il fait une chaleur étouffante…

Malgré son magnifique chapeau de paille et sa robe azurée, le soleil commençait déjà à lui taper sur le crâne.

— Alors, les enfants, vous voulez voir quel animal en premier ? demanda Ivalna.

— On va voir les lions ! cria Micka. Suivez-moi !

Mickael courut dans le zoo comme s’il savait exactement où aller. Chris voulut le rattraper :

— Non, attends Micka, on va aller voir les ours d’abord !

— Eh, attendez-moi ! s’écria John. On doit aller voir les dragons !

— De quel dragon tu parles, idiot ? demanda Jelena. Revenez, les garçons !

Les deux mères étaient déjà dépassées.
« Oh les enfants, revenez ici ! » crièrent-elles en courant derrière leurs petits.

Une fois les enfants rattrapés, elles commencèrent à visiter les enclos un par un.

— Oh, regarde Jelly, un dragon qui vole ! dit John. Je te l’avais dit qu’il y en avait !

— N’importe quoi — répondit Jelena — c’est un crocodile sur une plate-forme volante !

Les zoos étaient tous alimentés à la Kemris à cette époque. Les enclos étaient munis de nouvelles installations comme des plates-formes flottantes : des disques aériens sur lesquels les animaux pouvaient se poser, planant tranquillement dans les airs.

— Bon, on va voir quel animal ensuite ? demanda Ivalna.

Chris et Micka se chamaillèrent pour savoir s’ils iraient voir les ours ou les lions en premier.

— Ça suffit, vous deux, ou on ne va voir ni l’un ni l’autre — menaça Ivalna.

— Oui bah moi, je veux plus être le copain de Micka ! déclara Chris.

— Bah moi non plus, je veux plus être ton copain ! répondit Micka.

— Vous allez arrêter vos bêtises, maintenant — ordonna Lumna.

— NON ! répondirent-ils en chœur.

— Faites la paix ou on n’ira pas manger de pizzas.

— Pardon mon frère ! se dirent-ils, avant de se faire un câlin.

— Ce fut rapide… — s’étonna Ivalna.

Comme convenu, ils partirent au restaurant du zoo. Une fois les ventres des petits monstres bien remplis, ils allèrent enfin voir les lions. Mickael et John étaient complètement émerveillés, tandis que Jelena surveillait John comme à son habitude.

— Pfff, je suis sûr que je suis plus fort qu’un lion ! déclara John.

— Arrête de dire n’importe quoi, Jojo. Contre un lion, tu paniquerais tellement que tu deviendrais tout fiévreux.

John, agacé, s’avança vers l’enclos des lions, prêt à en découdre.

— Tu vas voir, Jelly !

— Reviens, Jojo !

Une fois contre la vitre, il frappa de toutes ses forces. Soudain, un lion surgit, gueule grande ouverte, poussant un énorme rugissement. Figé de stupeur, John tomba en arrière. En courant le récupérer, Ivalna se rendit compte que…

Le pauvre venait de se faire caca dessus. Une odeur nauséabonde se déploya dans l’air, et toutes les personnes aux alentours reculèrent d’eux comme si la peste s’était répandue.

Elles n’avaient prévu aucune culotte de rechange, et durent ainsi terminer leur journée au zoo dans cet état. Depuis ce jour, Chris, Micka et Jelena se moquèrent sans arrêt de John, l’appelant « gros caca puant » durant des mois !