Chapitre 2

7 minutes de lecture

Elina Farrow

Mercredi 1er septembre 2021, le soir.

C'est une joie de savoir que les cours sont terminés. Mais j'aurais préféré passer plus de temps avec mon copain. Je suis contente d'avoir revus certaines personnes, ça faisait longtemps que je ne leur avais pas parlé. Même par SMS.

Je sors du bâtiment du lycée, et je vais jusqu'au portail. Mon copain m'a dit avant que je ne sorte, qu'il devait demander quelque chose au professeur d'histoire.

Je l'attends. Je suis patiente, mais j'ai l'impression que ça fait longtemps.

Qu'est-ce qu'il fait, enfin ?!

Je me retiens de retourner dans le lycée, pour voir s'il est encore là. Il ne peut quand même pas être parti sans me l'avoir dit ! Et puis, je l'aurais forcément vu. Même si, avec le nombre d'élèves qu'il y a ici, je pourrais ne pas l'avoir vu s'en aller.

Je profite du soleil, pendant qu'il est encore présent. Avant que la nuit tombe.

Je soupire. Ma patience commence à atteindre sa limite, ça devient agaçant.

— Qu'est ce que tu fais ?

Cette voix qui m'a fait peur, me dit quelque chose. Je crois même que c'est celle d'un garçon. Mais pas de mon copain. C'est celle d'Arthur. J'ai beau ne pas l'aimer, j'arrive quand même à reconnaitre sa voix. Il faut dire que Jérémy passe beaucoup de temps avec lui. Ce qui est encore plus problématique que le fait que j'attende impatiemment mon copain, c'est qu'Arthur m'ait posé une question. Qu'est-ce qu'il veut, lui ?

— Toi, qu'est-ce que tu fais ? réponds-je.

Je ne veux pas avoir de conversation avec ce type. S'il croit que je le laisserais m'approcher aussi facilement que toutes ces filles, il se trompe.

— Ben, j'attends le bus. Ça ne se voit pas ?

Oh, qu'est-ce qu'il m'énerve ! Je me retiens de l'envoyer balader. Puis, je l'entends rire. S'il se moque de moi, je vais me faire une joie de lui rappeler le fait qu'il n'a pas de coeur. Son rire est désagréable à mes oreilles. Je le regarde très mal.

— Tu n'as pas une fille à rejoindre ? Laisse moi tranquille !

Il n'est pas très loin de moi. Je dirais qu'un mètre de distance nous sépare. Et heureusement, sinon je l'aurais déjà poussé pour qu'il s'en aille.

— J'imagine que tu attends Jérémy. Non ? Il ne t'a rien dit, apparemment.

Qu'est-ce qu'il raconte ? Qu'est-ce que Jérémy ne m'a pas dit ? Il est entrain de parler à tous les profs, ou quoi ? Je sors mon portable de ma poche de pull, pour lui faire part de mon agacement dû au fait que je l'attende depuis bien trop longtemps. J'allume l'écran, et je vois un message qui vient de mon copain.

Ne m'attends pas. On se voit demain.

Je râle intérieurement dans ma tête. Il est déjà dix sept heures vingt. Le bus arrive à dix sept heures trente. Il me reste donc peu de temps pour le voir, avant que je ne rentre chez moi.

Je reste là où je suis, sur le trottoir. Je me retiens de demander à Arthur s'il savait que Jérémy allait être occupé et que je serais entrain de l'attendre dès la fin des cours.

Je vais parler avec Jérémy, ce soir. Il va avoir affaire à moi. Je n'ai pas envie d'être agacée devant les autres, alors je reste tranquille.

Le bruit d'un moteur qui semble s'être arrêté devant moi me fait reprendre mes esprits. Je lève les yeux, et je vois la porte du bus qui est entrain de s'ouvrir. Je me faufile à l'intérieur, je trouve une place près de la fenêtre. Ma place habituelle.

Quand le bus démarre, je vois Jérémy qui est avec ses amis devant le lycée. Il ne me voit même pas. Il ne peut pas continuer de m'ignorer quand il n'est pas tout seul.

Je suis arrivée devant mon arrêt. Je descends du bus. Je marche sur le trottoir du côté gauche de la route. Un chemin est tracé jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Je le suis. Quand j'arrive devant, il faut que je tape le code. Par chance, j'arrive à m'en souvenir.

— Il t'a laissé seule. Ce n'est pas cool de sa part. Je pense que tu n'aurais pas dû l'attendre.

Oh, je l'avais oublié, lui. Quand j'ai découvert que je vivais dans le même immeuble qu'Arthur, j'ai cru que c'était une blague. Un coup du destin. Et, chaque jour, matin et soir, je maudis intérieurement le fait de le croiser.

— Qu'est ce que ça peut te faire ? Ça ne te regarde pas.

Je viens d'arriver devant l'ascenseur. Forcément, il n'est pas encore arrivé quand j'ai appuyé sur le bouton. Je dois attendre avec Arthur. La poisse. En plus, il est juste à côté de moi, je le sais. J'ai du mal à croire que j'arrive à rester aussi calme.

— Il devrait être avec toi, c'est ce que je voulais dire.

C'est vrai que lui, il s'y connait en relation amoureuse. Une fille, et d'un coup, une autre. Et il ose venir vers moi pour me dire ça ? C'est une plaisanterie, j'espère ! S'il n'a pas encore compris qu'il vallait mieux qu'on s'évite, c'est qu'il est aveugle.

Je pense vraiment que c'est une chance qu'on ne soit pas encore entre tués. Viendra sûrement le jour où on ne pourra plus supporter d'être dans l'ascenseur de l'immeuble, et que l'on n'arrêtera de se croiser. Ainsi que de se voir, tout simplement. Ce serait sympa.

— Attends. Tu oses me dire ça ? Je suis sûre qu'une fille se demande où tu es, en ce moment même.

Et c'est vrai. Je pense sincèrement qu'une fille – plusieurs, pour être honnête – attend Arthur. Je me demande comment elles font pour tomber sous son charme, sérieusement. Moi, ça ne marche pas. Ce que je vois, à chaque fois, c'est un type qui ne sait pas quoi faire dès qu'il croise une fille. À part se rapprocher d'elles, pour les laisser tomber ensuite.

— Peut-être. Tu en connais une ?

Non mais, il est sérieux là ? Je commence à perdre mon calme. Il m'énerve. Pourquoi faut-il toujours que je le croise ? On dirait qu'il suffit qu'il parle, pour que ça réveille le volcan qui dort tranquillement en moi.

— Mais tu plaisantes ? J'en connais des tonnes !

Le pire, c'est que ça fait le sourire. Je me retiens de lui dire que c'était faux. Je soupire. Je ne supporte pas d'être avec ce type, surtout avec son air idiot. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, mais je choisis de le laisser tout seul.

Quand j'ai fini de monter les escaliers qui mènent au deuxième étage, je me précipite vers la porte de l'appartement. J'ouvre avec les clés, et je referme derrière moi. Je souffle. Cette journée est presque terminée.

Je lâche mon sac de cours dans ma chambre, après avoir sorti mon portable. Je regarde si j'ai des messages. J'en ai deux, qui sont de Jérémy. Je déverrouille mon portable, et je lis ce qu'il a écrit.

Désolé de ne pas être venu avec toi. J'avais des choses à faire.

Des choses à faire ? Quoi, par exemple ? Est-ce qu'il me cache des choses ? Il ne peut pas faire ça !

On a commencés à se parler quand on était en seconde. Et depuis, on n'a pas arrêté une seule fois de se raconter des choses sur notre vie. Même si ce n'est pas forcément quelque chose d'extraordinaire.

Aujourd'hui, j'ai l'impression que ça commence à devenir différent. Je veux répondre à son message, mais je ne sais pas quoi lui dire.

Des choses à faire ?

Je supprime le texte. Je ne veux pas qu'il croit que je veux l'empêcher de vivre sa vie. Je soupire. Je me suis toujours dis que si je lui posais trop de questions, il finirait par se lasser de moi. Et, j'ai peur que ça se produise. Qu'il me dise qu'il ne veuille plus de moi. Ou pire, qu'on se sépare.

Je prends mon courage à deux mains, pour lui écrire quelque chose qu'il sait déjà, mais que j'adore lui répéter.

Je t'aime, Jérémy.

Je pose mon portable contre moi. C'est une déclaration qui vient tout droit de mon coeur. Il sait que je l'aime, il n'en a jamais douté. Moi non plus, je n'ai pas douté de son amour. Je sais qu'il m'aime, qu'on s'aime, et c'est tout ce qui compte pour moi.

Je m'installe sur le canapé, pour regarder la télévision. J'ai mon portable dans les mains. Il vibre. Je regarde aussitôt la notification que j'ai reçu. C'est un message de Jérémy.

Je t'aime aussi, Elina.

Je souris, comme une idiote. L'émission des Reines du Shopping passe à la télévision dans dix minutes. J'ai bien l'intention de retenir et de graver dans un coin de ma tête, ce qu'il vient de me dire. Et je souris encore plus. Je dois avoir l'air bête, mais je me sens bien.

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