Je suis d'origine eurasienne, mon père est français de souche et ma mère est laotienne du côté maternel et hindoue du côté paternel. J'ai grandi dans un quartier où les origines étaient diverses, mais où les écoles étaient pleines de métissage, regroupant des enfants français, arabes, asiatiques, africains, et français. À l'époque, il n'y avait pas de différences notables entre nous, simplement des enfants innocents se concentrant sur leur éducation sans se soucier du monde des adultes.

Tout a basculé lorsque nous avons déménagé dans une autre région. Le choc fut rude pour tout le monde, nous nous sommes retrouvés éloignés de nos proches (oncles, tantes, grands-parents) pour des raisons professionnelles, et avons dû nous intégrer dans un nouvel environnement. Malheureusement, nous avons rapidement constaté que notre différence de couleur de peau attirait les regards et les préjugés, nous mettant à l'écart des autres habitants de cette région très attachée à son patrimoine.

J'ai dû faire face au racisme dès mon arrivée dans ma nouvelle école, en CM2. J'étais la seule élève non blanche de la classe, ce qui suscitait beaucoup de curiosité et de questions déplacées de la part de mes camarades. J'ai subi des remarques blessantes sur ma couleur de peau et l'origine de mes parents, ce qui a entraîné une chute de mes notes et un isolement social. Je gardais ces souffrances pour moi, voulant protéger mes parents de la dure réalité que je vivais.

Lorsque l'école a convoqué mes parents pour discuter de mes résultats scolaires en baisse, la maîtresse a mis en avant mon manque d'intégration et d'efforts, me reprochant d'être trop combative et de ne pas accepter la curiosité des autres enfants. J'ai réalisé alors que l'éducation du vivre ensemble n'était pas universelle, et que le racisme pouvait toucher n'importe qui, peu importe ses origines.

Avec le temps, j'ai compris que le racisme était présent partout, sous différentes formes et visant toutes les communautés. J'ai appris à pardonner ces enfants mal éduqués et cette maîtresse qui n'a pas su gérer la situation, tout en regrettant de ne pas en avoir parlé plus tôt à mes parents. Le racisme n'a pas de couleur, de religion ou d'origine, il réside dans la peur de la différence et dans le manque d'éducation.