Le Primaire (Bis)

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Mon année en école primaire a été marquée par un déménagement en milieu rural, où j'ai fait face à des brimades et des bagarres déclenchées par des mots blessants. Ces expériences ont laissé une cicatrice profonde en moi, une cicatrice qui ne disparaîtra jamais. Aujourd'hui, je pardonne l'ignorance des autres, mais je n'oublie pas les traces que cela m'a laissées.

Il est difficile d'expliquer à quel point j'ai souffert à l'âge de neuf ans, au point de vouloir disparaître. Ce sont des sujets tabous, mais qui sont bien réels, et je suis consciente que tout le monde n'a pas la force de se battre comme j'ai pu le faire. Il est perturbant de réaliser qu'un enfant si jeune puisse penser à la mort alors qu'il commence tout juste à grandir.

Pour tous les parents et enfants qui se sentent dépassés par la situation, je tiens à souligner l'importance de la communication. Il m'a fallu du temps avant d'exprimer toute la vérité à mes parents, qui ne se doutaient pas de la souffrance que je vivais. Grâce à leur soutien et à ma propre détermination, j'ai pu surmonter cette épreuve.

Avec le recul, je regrette d'avoir gardé le silence, car cela a blessé ma famille. Je réalise que ma souffrance a eu un impact sur tous ceux qui m'entouraient. Mon conseil principal est donc de ne pas hésiter à parler, même si cela peut être difficile au début. Il est essentiel d'écouter attentivement les enfants, de poser des questions pour comprendre leur ressenti, et d'agir en conséquence en tant que parents.

Je vais donc me replonger dans ces souvenirs, où se mêlent douleur et amour, en repensant à l'époque où j'ai été victime de brimades. Malgré leur ignorance de la situation, mes parents m'ont toujours soutenu et aimé inconditionnellement. Deux ans plus tard, ils ont découvert les traces que ces actes avaient laissées sur mon corps, bouleversant leur monde.

Mes parents ont toujours été présents dans ma vie, impliqués dans mon éducation et soutenant mes activités scolaires. Ils étaient toujours là pour les sorties scolaires, les réunions avec les professeurs, cherchant à participer et soutenir autant que possible. J'avais souvent la chance d'avoir les deux parents présents lors de ces moments cruciaux de ma vie.

Cependant, même lors de ces moments importants, le harcèlement des enfants reste souvent invisible aux yeux des adultes. Nous, enfants, savions comment dissimuler nos souffrances pour ne pas créer de problèmes aux yeux des adultes, nous cachant derrière des masques pour ne pas les inquiéter.

Les premières brimades que j'ai subies étaient dues à ma couleur de peau. J'ai grandi dans un milieu rural où les habitants ne souhaitaient pas sortir de leur zone de confort et évitaient toute sortie nécessitant une distance de plus de deux cents kilomètres de chez eux. Personne n'avait jamais vu de personnes de couleur en dehors de la télévision. Ils pensaient aussi que jamais des personnes comme nous ne viendraient s'installer par chez eux. J'ai entendu ce discours de nombreuses fois, de la part de personnes qui ont partagé ma vie pendant toute mon enfance. Aujourd'hui, les choses ont changé et évolué légèrement. Je retrouve encore d'anciens amis qui ne souhaitent pas bouger, estimant que c'est une perte de temps ou que l'endroit où ils habitent ne sera jamais aussi bien que chez eux.

Je me souviens de cette sortie scolaire où mon père a répondu présent. Tout le monde l'adorait, il avait une certaine aisance avec les enfants (sûrement dû au fait d'être entraîneur pendant plusieurs années en parallèle de son travail). Avec ce que mes cammarades me faisaient subir, il était difficile pour moi et cela me rendait jalouse de les voir s'accaparer mon père et en plus m'adresser des remarques discrètes sur le fait que ce n'était pas possible qu'il soit mon vrai père, qu'il ne pouvait pas avoir une fille comme moi parce qu'il était blanc et que tout le monde rêvait de l'avoir en tant que père. Mais je me sentais forte auprès de lui et ne craignais rien de mes ennemis car ils voulaient tellement être bien avec lui qu'ils faisaient semblant de m'apprécier et de m'inclure dans leur groupe... Je les détestais, je voulais les frapper, les insulter et mon père ne comprenait pas pourquoi je ne voulais pas me mélanger aux autres. Je disais simplement que je préférais partager ces moments uniquement avec lui. Je sais que cela lui faisait plaisir que je préfère passer mon temps avec lui mais cela le désolait de me voir seule et sans réels amis. Et je pense qu'au fond même si il ne l'avouera jamais il a pensé pendant un moment que je lui en voulais encore de nous avoir fait déménager et quitter mes anciens amis. Oui, je lui en ai voulu comme tout enfant en aurait voulu à ses parents de lui priver de quelque chose mais cela est passé rapidement, je voulais surtout les protéger et ne pas leur dire que leur fille qu'ils pensaient forte, sociable, enjouée n'était en fait qu'une jeune fille meurtrie par les mots et les gestes blessants de ses camarades de classes.

Ma mère et moi sommes très fusionnelles et il y a eu une période où elle s'est doutée que quelque chose n'allait pas, seulement j'ai balayé ses inquiétudes en jouant ma plus belle comédie. Après l'épisode de la sortie scolaire, je me battais plus que d'habitude. Ils avaient changé mon surnom et recommencé les brimades. Maman avait décidé de reprendre ses études pour se reconvertir professionnellement à l'époque et passer de secrétaire administrative à Assistante maternelle en passant un CAP petite enfance. Seulement à mon grand désarroi pour aider un peu papa, elle a trouvé un emploi en tant que femme de ménage à l'école maternelle et primaire où je me trouvais en parallèle du diplôme qu'elle préparais, ce qui m'a obligée à me faire des "amies" qui bien sûr m'utilisaient comme tête de turc quand elles le pouvaient. Il était hors de question que ma mère me vois subir tout ça, mais je n'aimais pas ces copines que je considérais comme condescendantes et irrespectueuses. Seulement elles étaient ma seule option pour qu'elle ne se doute de rien sur ce que je subissait. J'ai toujours réussi à modifier la vérité sur ce que je subissais.

Je croyais que mes parents n'étaient pas au courant de tout, et j'étais convaincu de cela. Même s'ils ne disaient rien, ils ont commencé à se douter de quelque chose lorsque j'ai refusé d'inviter certains "amis" à la maison. Ma mère a remarqué, lors de rares rencontres à l'école, les commentaires désobligeants que l'on pouvait faire sur moi. Sans explication, elle m'a inscrite au judo. Ce n'était pas pour que je continue à me battre, mais simplement pour m'apprendre à exprimer mes émotions et à agir en conséquence, uniquement pour me défendre.

Le sport a joué un rôle crucial dans ma vie, il m'a permis de m'évader et de me sentir vivante. J'étais douée dans ce domaine mais je n'avais pas envie de compétition. Je voulais juste apprendre et me mesurer à des adversaires plus forts. Les week-ends en famille étaient sacrés, nous quittions la région pour explorer de nouveaux horizons et les élargir. Mes parents avaient le désir ardent de nous familiariser avec la nature, les différentes cultures et l'histoire de notre pays. Ils nous ont inculqué le respect pour tout ce qui est vivant. Sans ces enseignements, je ne sais pas si j'aurais compris l'importance de la vie comme je le fais aujourd'hui.

Pendant la fin de l'année, j'ai rencontré une amie avec qui j'ai noué une amitié qui a duré presque vingt ans malgré les difficultés que nous avons traversées. Nos problèmes respectifs nous ont souvent poussées l'une vers l'autre pour trouver du réconfort. Elle a fait partie des rencontres qui ont changé ma vie, elle était devenu mon alliée, ma meilleure amie, ma soeur. Elle a contribuer à rendre plus doux ma scolarité.

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