Variure A
Antoine Cornélius vivait seul dans une maison trop grande pour lui et pour laquelle, il avait bien du mal à payer les traites. Il avait la trentaine, les yeux verts, était de taille moyenne, avait quelques kilos en trop et quelques cheveux en moins. Il cultivait un petit jardin qui lui donnait divers légumes de base (en fait surtout des pommes de terre).
Il travaillait dans une usine textile, une des rares pas encore fermées. Il aimait son métier et affectionnait particulièrement le contact avec les différents tissus. Il passait régulièrement la paume de sa main sur ceux-ci avec délectation.
Néanmoins sa véritable passion, c’était la Nature. Il se promenait souvent dans les forêts avoisinantes, cherchant des champignons qu’il pourrait déguster ou des fleurs dont il immortaliserait les couleurs.
Mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était de prospecter à l’aide de son détecteur de métaux : il passait des heures à fouiller, fouiner, creuser, jeter les babioles ferreuses qu’il trouvait et à reboucher les trous nonchalamment. Il faut bien reconnaitre qu’il n’était pas très doué. Il s’adonnait pourtant régulièrement à ce passe-temps solitaire sans grand résultat jusqu’à ce jour du mois de juin 2006, ce devait être le 6 si je me souviens bien.
Ce jour là, donc, Antoine gara sa voiture à l’entrée du bois de la Faux, prit son sac à dos dans lequel il rangeait son attirail et y pénétra d’un pas décidé.
Il était de bonne humeur, bien qu’il ne sache pas vraiment pourquoi. Peut-être sentait-il que le jour tant attendu où il trouverait un trésor fabuleux était proche?
Arrivé au niveau d’une clairière, il déballa ses instruments et s’équipa méticuleusement. Il n’y avait pas trop de végétation ; idéal pour détecter. Il commença sa prospection. Le terrain n’était pas trop souillé et les bips se faisaient rares. Après une heure environ, il s’arrêta, fouilla dans son sac et en sortit une bouteille d’eau, il but quelques gorgées et entreprit de faire l’inventaire de ses trouvailles.
Une capsule de bière, un morceau d’aluminium et quelques maillons de chaines tellement rouillés qu’ils semblaient soudés entre eux. Voilà le maigre butin qu’il avait déniché.
Il reprit sa besogne et après quelques mètres, il remarqua la teinte de l’herbe dans ce qui s'apparentait à un rectangle; elle semblait légèrement plus claire.
« Buip, buip, buip ». Le détecteur émit plusieurs bips, on aurait dit qu’il s’emballait ; l’objet devait être conséquent. Probablement un bout de grillage ou un câble électrique en aluminium, il en trouvait souvent dans les forêts.
Il posa l’engin à terre, s'arma de sa pelle et creusa. Après une bonne quinzaine de centimètres, il s’étonna de ne rien trouver. Il repassa le détecteur : « biiip », c’était plus profond !!! Il continua de sonder le sol et finit par entendre un bruit sourd : « tung »! Il en dégagea dix centimètres, puis vingt.
Le métal, étrangement, ne semblait pas trop rouillé. Antoine creusa encore un bon moment. Il était déjà épuisé et n’en voyait toujours pas le bout. Mais, c’est sûr, le jackpot était à portée de pelle !
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, le soleil commençant à faiblir, ses efforts furent enfin récompensés. C’était une boite métallique grisâtre surmontée d’un couvercle, lui-même métallique d’environ deux mètres de longueur sur un de largeur sans dessins ni signes distinctifs hormis une inscription, peut-être du latin !
« QUOD VERITAS INTUS »
Je ne pense pas qu’Antoine connaissait le Latin, toujours est-il qu’il se mit à soulever ce couvercle à l’aide de sa pelle. Mais il n’eut, cette fois-ci, aucun effort à fournir, celui-ci pivota de lui-même sur le coté (bien qu’aucune charnière ne semblait le maintenir).
Une lueur blanchâtre, informe et nébuleuse en sortit et dans une sorte de murmure, fit entendre ces quelques mots :
« Quel est ton souhait le plus cher ? »
Antoine resta figé un instant, ne réalisant pas vraiment ce qu’il se passait. Après une poignée de secondes qui lui parurent une éternité, il répondit simplement :
« J’aimerais, j’aimerais ne plus avoir de problèmes d’argent ! »
L’entité rétorqua alors:
« Entre dans la boite, ton souhait sera exaucé !»
Antoine n’eut à ce moment aucune hésitation, il sauta pieds joints dans celle-ci et le couvercle se referma sur lui…
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