Grenadier Café, High Park TORONTO, 29 Juin 2026.

Nous sommes là tous les deux, assis à la terrasse du café, quasiment vide. Un homme seul se tient à quelques table d nous, caché derrière un journal et une famille, père, mère et deux enfants se trouent de l’autre côté de la terrasse.

Je viens de déjeuner en attendant Emmanuelle. Il fait beau, et la fraicheur prodiguée par les arbres du parc et les parasols est la bienvenue. Elle est arrivée à l’heure, plus détendue que lors de notre dernière rencontre, et elle a presque le sourire. Nous avons discuté une dizaine de minute de banalités avant qu’elle ne se lance.

- Bon, si nous commencions ? Je dois partir à 16h.

Mon ordinateur est ouvert devant moi, je suis prêt à travailler. Elle sort le carnet vert de son sac à main.

- Avez-vous choisi les passages que vous voulez aborder ?

- Plus ou moins. J’aimerais m’attacher aux passages les plus marquants de cette histoire, mais il me semble obligé de commencer par la rencontre. Je voudrais pouvoir donner vos deux points de vue sur ce moment déclencheur.

- Comme vous voulez. Vous devez quand même savoir que notre rencontre ne fût pas réellement le vrai déclencheur de ce qu’il s’est passé par la suite. Mais vous avez raison, commençons par le début.

Elle ouvre le carnet vert, cherche un peu et se fixe sur une page. Elle reste un instant à contempler la page, le regard un peu vague. Elle s’anime à nouveau et commence la lecture.

Carnet vert page 3

Ma rencontre avec Emmanuelle a eu lieu au salon du livre érotique à Paris. Je déambulais dans les allées, un café dans une main et un sac dans l’autre, contenant les livres que je souhaitais faire dédicacer. A la recherche de titre accrocheurs, je ne regardais pas vraiment devant moi. Notre première rencontre fût donc un choc frontal qui vit se renverser mon café, nous arrosant copieusement tous les deux.

Alors que j’allais râler et engueuler copieusement mon agresseur, j’ai posé les yeux sur une magnifique jeune femme. Des cheveux noirs sur les épaules, des yeux marron, des sourcils bien dessinés, des lèvres un peu pâles, elle donnait l’impression de craindre ma réaction. Mon agressivité est retombée d’un coup, et je me suis platement excusé de ma maladresse.

Nous nous sommes observés un instant, avant que je ne l’invite à partager un café avec moi après être allés nous nettoyer un peu.

Nous nous sommes donc retrouvés au café du salon où nous avons discuté de celui-ci. Tout comme moi, elle venait à la recherche de nouveaux auteurs. La discussion fût riche et plaisante. Emmanuelle était souriante, rougissant parfois quand le débat sur un livre nous amenait vers des explications plus détaillées d’un passage particulièrement explicite.

Elle était belle, touchante, et je n’ai pas vus passé le temps en sa compagnie. Si bien que vers 13h, je lui ais proposé de l’inviter à déjeuner. Elle a accepté avec un sourire.

Nous avons longuement discuté pendant le repas. Elle avait 37 ans, elle était mariée et vivait en banlieue parisienne. Tout comme moi elle appréciait la lecture, essentiellement les thrillers, les histoires romantiques et bien sur la littérature érotique. Je lisais à l’époque beaucoup de Bit-lit, d’héroic-fantasy, et je venais de découvrir le genre érotique qui m’avait amené dans ce salon.

Nous avons ensuite arpenté ensembles les allées du salon, discutant des livres et des auteurs, s’arrêtant pour faire dédicacer l’un des livres que j’avais amené, discutant avec les écrivains.

Lorsque l’heure de la fermeture est arrivée, j’étais triste de la quitter. Nous avons échangé nos adresses mails, en nous promettant de rester en contact, et c’est elle qui s’est avancée vers moi pour m’embrasser sur la joue en me disant au revoir.

J’ai pensé à cette rencontre tout le trajet retour vers chez moi, et en arrivant, j’ai envoyé le premier mail d’une très longue série. J’étais déjà sous son charme.