65. Opportunité provoquée

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Julia

Je relis une nouvelle fois le message du Colonel et bougonne suffisamment bruyamment pour que les trois personnes présentes dans la salle des opérations se retournent et me regardent en se demandant lequel va trinquer. J’adore faire cet effet, mais je m’en satisferai plus tard, là, je suis agacée. Une fois de plus. Foutue mission humanitaire.

- Snow, tu veux bien aller me chercher Zrinkak, s’il te plaît ? demandé-je bien trop poliment vu mon état d’agacement.

- Il a encore fait une connerie ? Tu vas lui mettre la fessée ? se marre Snow.

- Son ONG va finir par me provoquer un ulcère, et j’en ai marre d’apprendre les choses par personnes interposées plutôt que de sa bouche, marmonné-je en tournant l’ordinateur dans sa direction.

- Ah oui, je vois. Pourquoi il ne te l’a pas dit, tu crois ? Il rêvait encore ?

- Il préfère la douce Julia et j’encaisse mal ces visites pourries ? J’en sais rien, mais c’est encore lui qui va trinquer.

- Bon, je vais le chercher. Je lui dis pourquoi ou je le laisse mariner ? Tu le veux comment ? A point ? continue Snow qui prend tout à la rigolade.

- C’est peut-être ton cul que je vais botter, finalement, si tu ne le bouges pas pour faire ce que je te demande.

- J’y vais, j’y vais. A vos ordres, cheffe !

- C’est ça, soupiré-je en le voyant enfin partir.

Je range ma paperasse en les attendant et j’ai presque envie de rire en voyant les deux autres me regarder en coin et surtout se regarder l’un l’autre en se demandant quoi faire de leur peau. Je ne suis pourtant pas tyrannique !

Lorsque Mathias revient, suivi de près par Arthur, ma colère dégonfle comme un ballon de baudruche. Le pauvre semble inquiet et le sourire carnassier de mon Sergent, satisfait de son petit effet, me donne vraiment envie de lui botter le cul.

- Laissez-nous, dis-je à mes hommes. Allez prendre votre pause.

Les deux trouillards ne se font pas prier et quittent la salle rapidement, mais Snow prend ses aises en s’asseyant.

- Tu sors aussi, Snow…

- Ah ! Je croyais que tu avais besoin de moi pour mener à bien la sentence suite à ce qu’il s’est passé. C’est quand même grave, non ?

- Mathias, soupiré-je, laisse Arthur tranquille et tire-toi de mon champ de vision. Je suis une grande fille, et toi un grand garçon qui a l’autorisation d’aller s’occuper de sa nana.

- Bon, si on ne peut plus rigoler… Arthur, bon courage, elle est de mauvais poil. A plus tard si vous survivez à l’entretien !

- Petit con ! l’insulté-je alors qu’il dévale déjà les marches.

Je ferme la porte de la pièce et me tourne vers Arthur qui n’a pas dit un mot durant tous ces échanges.

- Il t’a raconté quoi, Snow ?

- Que des réfugiés avaient indiqué que je faisais partie de la rébellion et qu’une révolte était prévue bientôt. Bref, que j’étais dans la merde car je ne savais pas tenir le campement.

- Quel abruti ! Non, je crée juste une opportunité, Monsieur Zrinkak.

- Je me disais bien aussi, j’avais bien compris qu’il se moquait de moi, mais je me demandais ce que ça cachait. Alors, cette opportunité, tu veux en profiter comment ? me dit-il alors que le sourire est revenu dans son regard.

- Bon, clairement, j’étais énervée, tu sais, dis-je en venant l’enlacer. Ton donateur de sapins débarque demain et j’en ai marre des civils casse-ovaires. Mais en jouant l’énervée, personne ne devrait oser venir nous déranger…

- Quoi ? Il débarque demain ? Comme si on n’avait que ça à faire, commence-t-il à s’énerver avant de réaliser ce que j’ai dit sur la fin. Personne ne va nous déranger, j’ai bien entendu ?

- Tu as très bien entendu, ris-je en glissant mes mains sous les couches de vêtements pour caresser sa peau. T’en penses quoi ?

- Que ton attitude est parfaitement inappropriée, mais qu’il était temps !

- Vous me dévergondez, Monsieur Zrinkak, souris-je en ouvrant son manteau pour le lui ôter.

- Oh Julia, si tu savais ce que j’ai envie de te dévergonder !

Il se laisse enfin totalement aller à son désir de moi car je le sens m’enlacer et me serrer dans ses bras alors que sa barbe vient chatouiller mon cou pendant que ses lèvres me couvrent de petits baisers.

- Arthur, soupiré-je de contentement avant de rire. Je te propose un remake de la cuisine de ta mère, sympa, non ?

- Mais c’est que la Lieutenant me donnerait presque des ordres ! répond-il en me soulevant dans ses bras musclés.

Je m’enroule autour de lui et prends d’assaut ses lèvres. Il lui a suffi de passer la porte pour que ma libido se déchaîne, c’est fou. C’est un baiser passionné, tendre mais pas que, plus pulsionnel, plus intense encore que ceux que nous avons échangés durant mon tour de garde hier soir. Ses mains sont agrippées à mes fesses jusqu’à ce qu’il me dépose sur le rebord de la table de réunion, et les miennes s’attellent rapidement à déboutonner son pantalon et lui ôter toutes ses fringues. Je veux bien créer des opportunités, mais on n’a pas la journée, clairement.

Je ris à nouveau lorsqu’il s’occupe de déboutonner mon propre pantalon et je le vois faire la moue, vexé.

- Vachement moins pratique que la robe, hein ? dis-je en me soulevant pour qu’il puisse me le retirer.

- Qui a eu l’idée de mettre autant de boutons sur un pantalon ? Ils pensaient pas à la bagatelle, c’est sûr ! J’ai envie de toi Julia, ajoute-t-il d’une voix suave.

- Ça tombe bien, parce que je peux t’assurer que moi aussi, j’ai envie de toi, murmuré-je en attrapant sa main pour la plaquer entre mes jambes.

Il ne se fait pas prier pour venir explorer cet endroit qu’il a manifestement hâte de redécouvrir. Ses doigts se font pressants, insistants et le contact contre ma peau, entre mes lèvres humides de désir, sur mon clitoris, me rend folle de désir. J’ai envie de le sentir en moi, et je ne peux retenir mes gémissements alors qu’il me caresse.

Je ne suis pas en reste et profite de sa quasi nudité, si avoir son pantalon aux chevilles n’est pas être nu, pour caresser sa peau, renouer avec son odeur, son goût. Mes mains et ma bouche partent en exploration jusqu’à venir empaumer son sexe bandé entre nous. Il ne mentait pas quand il disait avoir envie de moi, apparemment.

Il commence à aller et venir entre mes doigts alors que je sens ses mains s’emparer de mes seins à travers l’étoffe de ma veste de treillis qu’il n’a pas pris le temps de m’enlever. Il est pressé de me pénétrer, je le sens et cela m’excite de le voir aussi empressé de s’unir à nouveau à moi.

Je l’attire de ma main libre contre ma bouche, cherchant le contact de toutes parts, et profite de ce rapprochement pour presser son sexe contre le mien, me caressant par la même occasion alors qu’il continue ses mouvements dans ma paume. Sa langue s'immisce entre mes lèvres et vient danser avec la mienne, et je sens son sourire lorsque je fais glisser son gland entre mes lèvres. Ses mains viennent se poser sur mes hanches et nos yeux se trouvent alors qu’il s’enfonce enfin en moi d’une poussée franche, me tirant un gémissement sonore. Arthur s’immobilise finalement et me serre contre lui, et si je n’avais pas autant envie de jouir, je voudrais que le temps s’arrête là, tout de suite, pour profiter ad vitam aeternam de cette sensation de plénitude qui m’a gagnée.

Nous n’avons pas le temps d’aller plus loin que trois coups sont frappés à la porte. Je passe par toutes les émotions possibles et imaginables en un quart de seconde. J’ai envie de rire, puis je panique, m’affole peut-être même alors qu’Arthur soupire, pépère, comme si ce n’était pas grave. Je le repousse aussi gentiment que possible et descends de la table, plus que frustrée, pour me rhabiller.

- Dépêche-toi, je t’en prie, murmuré-je en déposant son tee-shirt et son pull sur la table devant lui en galérant à refermer mon pantalon.

- Le monde est contre nous, indique-t-il en enfilant son tee-shirt. Tu devrais me crier un coup dessus, pour faire plus vraisemblable pendant que je finis de me rhabiller.

- Une minute ! crié-je alors que les coups retentissent à nouveau contre la porte. J’ai aucune envie de te crier dessus.

Je souris et l’embrasse rapidement avant de m’asseoir à ma place, le souffle court. Je dois avoir les joues rouges, les yeux brillants et être tout sauf Lieutenant à cet instant, et j’espère que celui ou celle qui vient nous déranger aura oublié ses lunettes.

- Entrez ! dis-je dès qu’Arthur s’est installé face à moi.

La distance entre nous quand, il y a quelques secondes, nous ne faisions plus qu’un, me frustre d’autant plus et je sens mon agacement reprendre le dessus sur ma libido. Ça sent mauvais pour la personne qui ouvre finalement et vient se planter devant moi. Ma pauvre Myriam, tu vas pouvoir me traiter de frustrée pour une bonne raison, cette fois.

- Un souci ? lui demandé-je aussi professionnellement que possible.

- Ouais, on dirait, répond Myriam qui cherche à comprendre la raison de la froideur de mon ton. L’eau a gelé dans les canalisations et on n’a plus d’eau courante dans les douches ni en cuisine. Il faut que tu fasses venir quelqu’un. Et vite.

- Bien sûr, laisse-moi consulter l’annuaire pour trouver un plombier, bougonné-je. Vous avez fait le tour des réfugiés pour savoir si quelqu’un avait des compétences dans ce domaine ?

- Euh, non. On voulait avoir ton avis avant. Arthur, vous pensez qu’il y a quelqu’un qui pourrait nous aider ?

- Oui sûrement, répond-il tout aussi froidement que moi. De toute façon, le jour de Noël, personne ne voudra se déplacer. Alors, oui, il faut demander sur le campement.

- Ouh la, vous êtes agréables comme des portes de prison aujourd’hui tous les deux ! râle mon amie.

- Les emmerdes s’accumulent aujourd’hui, c’est… Frustrant, dis-je en me levant, persuadée que vu le problème, il ne nous sera pas possible de reprendre là où nous étions arrêtés avec mon Bûcheron.

- Ouais, ben si tu es frustrée, tu n’as qu’à te trouver un mec plutôt que de te venger sur moi.

Arthur ne peut s’empêcher de pouffer en entendant la remarque de Myriam et je lui lance un regard furieux.

- Impossible d’avoir une vie privée dans ce foutu camp, je sais pas comment vous faites pour trouver le temps, apparemment je n’ai pas droit au même traitement, marmonné-je en enfilant mon manteau.

- Julia, attends, je viens avec toi, dit Arthur en bondissant de son fauteuil. Il faut qu’on puisse continuer cette discussion interrompue par Myriam. Et je peux t’aider à trouver un mec capable de résoudre le problème, aussi.

- Faisons ça alors.

La frustration coule dans mes veines alors que nous retournons à nos occupations professionnelles. Si c’est comme ça à chaque fois qu’on se crée des occasions, je ne donne pas cher de ma peau. Je vais finir par totalement vriller et torturer mes hommes de la pire des manières possible. Je peux avoir beaucoup d’imagination quand je veux, et je suis certaine que dans ces circonstances, mon esprit serait très prolifique. Je constate qu’Arthur n’est pas dans de meilleures dispositions que moi mais, heureusement, chacun de nous s’adoucit au contact des réfugiés. Manquerait plus que nous devenions des cons avec eux aussi parce qu’on ne nous laisse pas jouir en paix, bordel.

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