Chapitre 2

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Eylen, assise sur le grand lit en bois, regardait avec nostalgie les premiers rayons du soleil illuminer le ciel de magnifiques couleurs rouge et orange.

Elle avait le cou rouge et irrité à force d’avoir essayé de retirer le satané collier d’or que l'empereur lui avait mis de force trois jours plus tôt. Sa tête bourdonnait continuellement depuis, lui causant une douleur sourde qu’elle ne parvenait pas à calmer, malgré tous les remèdes qu’elle prenait. Même les plante de puretés qu’elle avait tenu dans sa main en s’endormant n’avaient rien changé.

Seule la présence de son geôlier semblait apaiser sa souffrance. L’ironie de cette situation était que chaque fois qu’elle pensait à lui, son mal de tête augmentait de plus belle.

Elle passa ses doigts sur le métal froid de son collier, repensant à son arrivée dans le manoir du maire Lughen.

Après lui avoir mis de force le collier autour du cou, l’empereur s’était redressé, libérant Eylen qui était toujours allongée sur le sol.

—Lève-toi, lui avait-il ordonné en lui tournant le dos.

La jeune femme avait alors éprouvé l’envie subite d’obéir à son ordre et s’était rapidement relevée, apercevant la dague encore posée sur la petite table, elle avait réagit d’instinct, s’était jetée dessus l’empoignant fermement et s'était tournée vers le dos de l’inconnu.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à pointer l’arme vers lui, elle avait ressenti une vive douleur lui transpercer le crâne. Gémissant de douleur, elle s’était écroulée au sol en se tenant la tête.

L’homme lui avait alors calmement retiré l’arme des mains avant la relever face à lui.

— Tu ne devrais pas jouer avec ça, tu risques de te faire mal, avait-il dit avec sarcasme, un sourire au coin des lèvres.

Eylen avait senti la colère gronder en elle sous la moquerie de son opposant.

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous à la fin ?

L’homme avait lâché un petit rire amusé avant de lui répondre en souriant.

— J’ai cru que tu n’allais jamais le demander ! Je suis Qahir, l’empereur des sables, ton nouveau maître.

Eylen s’était figée en entendant le titre de l’homme qui ne semblait pas avoir plus de quatre ou cinq ans de plus qu’elle.

— Vous n’êtes aucunement mon maître ! S'était-elle écriée en le foudroyant du regard.

— Nous verrons cela, avait-il répondu avec un étrange sourire avant d’effleurer le collier de la jeune femme.

Cette dernière s’était reculée, se dégageant de son emprise avant de diriger son regard vers la porte de la chambre.

— n’y pense même pas, lui avait-il dit sereinement.

Eylen s’était stoppée net avant de lui faire face à nouveau.

— Je suis prisonnière ?

L’homme s’était tu, la fixant étrangement. 

— Quel est-ce collier ? Avait-elle demandé en touchant le cercle doré sur son cou.

— C’est un objet, qui te lie à moi... il me permettra d’être sûr que tu ne prévois pas de t’enfuir loin de moi, lui avait-il répondu avant de se diriger vers la commode, faisant tinter une petite cloche en argent. 

Une jeune domestique était alors entrée après avoir frappé doucement à la porte. Ses cheveux bruns étaient tirés en chignon au-dessus de sa nuque et son visage parsemé de taches de rousseurs. Elle avait jeté un discret coup d’œil à Eylen avant de s’incliner.

— Vous m’avez appelé ?

— Oui. Fait couler un bain pour mon invitée, et amène lui de quoi se changer.

— Bien.

Elle était ressortie aussitôt, fermant la porte derrière elle.

L’empereur s’était alors dirigé vers la porte, ignorant Eylen.

— Où allez-vous ?

— Tu préférerais que je reste ? Lui avait-il demandé en jetant un regard insistant à la baignoire au fond de la pièce.

— Non ! s'était-elle exclamée les joues rouges.

Trois jours s’étaient écoulés depuis, trois longs jours au cours desquelles elle était restée enfermée dans ces appartements, sans avoir la possibilité de sortir ou de voir Marwen. Elle savait que le mage était également retenu prisonnier dans la demeure, l’empereur l’ayant informé qu’il allait bien, mais ne lui autorisant pas à lui rendre visite.

Elle soupira en entendant son ventre gargouiller.

Oh, la fermes ! Je ne mangerais pas tant que je ne serais pas sortie de cette pièce !

C’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour faire pression sur l’empereur qui semblait vouloir la garder en vie. Malheureusement, elle le savait, dès qu’il lui ordonnerait de manger, elle ne pourrait s’empêcher d’avoir envie de lui obéir. Elle grimaça de dégoût. Satané collier ! se dit-elle en tentant encore une fois de l’ouvrir à deux mains. Mais le métal ne bougea pas d’un poil, restant attaché autour de son cou.

Elle reposa sa tête sur son genou replié contre elle en maugréant. La fatigue commençait à lui peser, mais elle ne parvenait pas à dormir à cause de ses violentes migraines qui lui vrillaient le crâne.

La porte s’ouvrit subitement laissant entrer l’empereur qui alla directement s’assoir sur l’un des fauteuils, suivit de près par la jeune servante brune. Cette dernière portait une assiette remplie de ragoût fumant qu’elle déposa sur la petite table. Eylen ne bougea pas, se contentant de fixer le nouvel arrivant d’un regard noir.

— Bonsoir Eylen, lui dit-il en faisant signe à la domestique de partir. Viens t’asseoir avec moi s’il te plaît.

La jeune femme se leva docilement, trop fatiguée pour lutter contre le collier qui lui intimait d’obéir. Elle s’installa sans un mot face à lui, le fusillant de regard. L’odeur du sang flottait autour de lui emplissant les narines d’Eylen.

— Vous puez le sang et la mort, lui dit-elle froidement.

— J’en suis désolé. Je serais bien allé prendre un bain avant de te rejoindre, mais on m’a rapporté que tu n’avais pas mangé de toute la journée d’hier. Je m’inquiétais, finit-il en levant un sourcil amusé.

— Je veux sortir d'ici.

— Pas encore.

— Alors quand ? S'emporta-elle, sentant l’agacement gagner encore du terrain.

— Quand tu auras mangé, pour commencer.

Eylen croisa les bras et s’enfonça dans son siège. L’empereur soupira avant de reprendre.

— Dois-je t’en donner l’ordre ?

Elle sentait la fatigue peser sur les épaules de l’homme. Au vu de ses habits et des nombreuses traces de sang et de terre qu’il y avait dessus, il avait encore passé sa nuit à se battre contre les monstres de la frontière. Pourquoi fait-il cela ? Il pourrait laisser les gens de Toren se faire attaquer et rentrer chez lui.

— Que voulez-vous exactement ?

— Je veux que tu manges ! Répondit-il énervé.

Eylen prit automatiquement la cuillère pleine de viande qu’elle fourra dans sa bouche, faillit s’étouffer avec et avala finalement sa bouchée avant de tousser.

L’empereur grimaça avant de reprendre.

— Pas si vite. Aaaah... tu ne me faciliteras pas la tâche.

— Si vous me disiez ce que vous attendez réellement de moi, peut-être que je pourrais me montrer moins difficile, lui dit-elle en reprenant du plat qui était finalement fort savoureux.

Il la regarda en souriant légèrement.

— Tu avais faim finalement.

Eylen grogna sans répondre et continua de manger, soulagée de remplir son estomac. Il l'observa tranquillement terminer son assiette.

— J’ai besoin que tu m’aides à traverser la frontière, lui dit-il finalement.

Eylen lâcha sa cuillère de surprise.

— La frontière ? Mais je ne l’ai même jamais vu ! C'est ridicule.

— Oui, dit comme cela ça peut sembler étrange. C’est pourtant la vérité...

— Mais vous venez de l’autre côté ! Vous l’avez forcément traversée pour venir, faites pareil et retournez chez vous !

— Je ne veux pas retourner chez moi Eylen, lui dit-il en se penchant vers elle, plongeant son regard froid dans le sien. Je veux que tu m’aides à faire passer la frontière à mon armée de guerriers.   

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