Chapitre 8
La nuit était sur le point de tomber. Qahir accompagné de Saki et des autres guerrières Suharis, été caché derrière les buissons, observant l’entrée de la grotte en silence. Babil et les Garidans se trouvaient face à eux, de l’autre côté du chemin qui menait à la caverne, également camouflés parmi la végétation.
Un nuage passa devant la lune, propageant une ombre sombre sur les lieux. La frontière , derrière Qahir et les guerrières.
L’empereur serra les mâchoires et essuya la pluie qui lui trempait le visage, concentré sur sa perception des environs à travers son aura. Un monstre pouvait arriver à tout moment de la frontière invisible qui se trouvait à peine à quelques mètres d’eux. Allez. Sortez de là ! Pensa Qahir en fixant l’ombre de la grotte.
Les Sinistris allaient sortir d’un instant à l’autre, ce n’était plus qu’une question de minutes. Ces créatures, ressemblant à de grosses chauves-souris au corps long et plat, étaient pourvue d’une grande mâchoire remplie de centaine de petites dents aussi pointues que des aiguilles, vivaient en horde dans les grottes comme celle-ci. Elles dormaient généralement le jour et partaient chasser la nuit, emportant toute la colonie et ne laissant que leurs petits et quelques gardiennes dans leur nid.
Soudain la lune réapparut, éclairant la grotte de ses rayons clairs. Qahir camoufla rapidement son aura afin qu’elle devienne totalement imperceptible. Un vrombissement secoua l’air suivi d’un nuage noir qui surgit de l’ouverture et fonça à toute vitesse vers la plaine en direction de Toren, dépassant les guerriers qui étaient camouflés.
Qahir et ses hommes retinrent leur respiration jusqu’à ce que la colonie de Sinistris disparaisse au loin. Quand il estima que les créatures étaient suffisamment loin, il fit un signe discret à Babil avant de se diriger silencieusement vers l’entrée de la grotte.
Une fois à couvert de la pluie, ils s’arrêtèrent un instant afin d’allumer leurs torches. Les Sinistris étant aveugles, elles ne se repéraient qu’au son et en percevant l’aura ou l’Energie de leurs proies dont elles se nourrissaient en grande partie partie, leurs essaims ne laissant derrière elles que des corps vidés de toute force et de sang. L’utilisation des sphères brillantes d’Elaria étaient donc proscrite, car trop facilement repérables.
Ils se divisèrent en plusieurs groupes au fil de leur avancée dans les tunnels afin de trouver les nids où étaient gardés les petits, certainement très enfoncés dans le labyrinthe de galeries.
Qahir sentit leur présence avant même de les apercevoir, il leva la main pour prévenir les guerrières, posa sa torche au sol et s’avança à pas de loup en se baissant avant d'entrer dans la cavité qui se trouvait devant lui.
L’odeur qui emplissait les lieux, un mélange de sang et de déjection acides, lui fouetta le visage et il se couvrit le nez de son coude. Le sol était recouvert de cadavres décrépits de petits rongeurs, levant les yeux, il aperçut les petites créatures endormies, accrochées au plafond avec leurs griffes aiguisées. Ces dernières, faisant environs la taille d’un poing, étaient plus petites que les adultes qui pouvaient atteindre la longueur d’un avant-bras d’homme.
Qahir décelait mal leurs couleurs, certains étaient noir, d’autre gris ou marrons. Tournant le regard, il ne distingua aucune gardienne, ces dernières étant certainement partis surveiller les autres galeries ou peut-être avaient-elles repéré Babil et ses hommes. Espérons que ce ne soit pas le cas, se dit-il en se concentrant sur les petits Sinistris. Il leur fallait trouver des futures reines, les rares petits femelles de la colonie.
Il repéra enfin un petit au pelage plus clair, presque blanc. Avec des gestes précis et furtifs, il attrapa une des fines fléchettes accrochées à son bras gauche et la planta dans la petite créature, la retenant silencieusement lorsqu’elle chuta du plafond. Sur sa droite, Saki tenait également une deuxième Sinitri clair dans ses mains. Ils sortirent rapidement de la cavité et fourrèrent les créatures dans des sacs de toile que leur tendait une des guerrières. Cette dernière les referma avec des cordelettes sombres avant de les attacher à sa taille.
Ils avaient quasiment atteint la sortie lorsqu’ils rejoignirent Babil et ses hommes. Le chef des Garidans leva un doigt en grimaçant pour signifier qu’ils n’avaient trouvé qu’une seule future reine. Avec celles capturées par les autres groupes et les deux qu’ils avaient capturés avec Saki cela leur faisait un total de cinq spécimens. Qahir hocha la tête et pointa la sortie.
Soudain un cri strident retentit loin derrière eux, vers les profondeurs des galeries et l’un des Garidans à droite de l’empereur poussa un faible gémissement avant de s’écrouler, le corps entièrement raide et les traits figés. Merde ! Les gardiennes nous ont repérés. Qahir laissa libre cours à son aura, l’étendant tout autour de ses hommes afin de les protéger des ondes des Sinistris capables de paralyser leurs proies à plusieurs mètres de distances. Il ne s’agissait plus d’être discret dorénavant, mais de sortir vivants de la grotte.
À son ordre, ils se précipitèrent tous vers la sortie, l’un des Garidans portant son compagnon paralysé sur son épaule. À peine avaient-ils fait quelques mètres sous la pluie battante que les Sinistris sortirent de la grotte.
Leurs corps étaient recouverts d’un pelage gris sombre, leurs petits yeux noirs brillaient dans la nuit, leurs grandes oreilles rondes dépassaient de leur tête plate et leurs longues ailes noires s’agitaient nerveusement au-dessus de leur dos.
Elles ouvrirent grand leur gueule, dévoilant leurs centaines de petites dents pointues qui brillèrent dangereusement sous les rayons de la lune et poussèrent un long cri aigu qui leur vrilla les tympans.
Qahir sentit le sol tanguer sous ses pieds et sa vue se brouiller. Il se retourna et lança l’une de ses lames sur la première gardienne qu’il aperçut, celle-ci se plantant dans sa gueule grande ouverte. Babil, qui se tenait près de la deuxième créature, l’attaqua d’un coup de lance, mais elle fut déviée par un mouvement d’aile de la créature qui se jeta alors sur le bras du guerrier, y plantant son énorme mâchoire. Babil poussa un cri de douleur avant de lui planter dans le crâne la pointe d’un de ses couteaux. Le sang gicla de son bras lorsqu’il arracha la créature de son biceps, puis il fit signe de la tête à Qahir pour lui signifier que tout allait bien et ils repartirent rapidement vers la droite, espérant ainsi éviter la colonie qui avait certainement été alertée par les cris des gardiennes.
Repérant une étendue de boue, Qahir et ses hommes s’y roulèrent et s’en recouvrirent avant d’y rester allongés. Le vrombissement d’ailes des Sinistris se rapprochait. Du coin de l’œil il aperçut Babil entièrement recouvert de boue qui fixait la plaine en direction de Toren. Il réduisit son aura jusqu’à l’effacer totalement et observa le nuage sombre de démons passer à une dizaine de mètres d’eux sans les repérer.
Si les guerriers du désert avaient l’habitude de se battre contre les monstres de la frontière, les Sinistris restaient une des rares créatures qu’ils redoutaient de devoir affronter. Leurs ondes paralysantes étaient très difficiles à contrer si on ne contrôlait pas parfaitement son aura. Seuls Qahir et les Garandïs qui s’entraînaient des années durant à la façonner et la manipuler étaient capables de s’en protéger. Une fois leurs proies paralysées, les créatures y plantaient leur mâchoire avec force et leur pompaient leur sang et leur Energie.
Qahir fit signe de se relever lorsqu’il estima que le danger était loin. il s’apprettaient à repartir quand il remarqua que Babil avait des difficultés à se redresser. Aussitôt, deux Garidans s’approchèrent et passèrent leur bras sous les épaules de leur chef qui grogna de mécontentement.
Qahir sourit, s’il râle, c’est qu’il va bien !
Il sentit alors une vive douleur lui traverser le tibia. Baissant les yeux, il découvrit la gueule d’un serpent marron plantée dans sa jambe. Sa tête était aussi grosse que le poing de Qahir et son corps était entièrement recouvert de longues épines rouge. Il donna un rapide coup de lame juste à l'arrière du crâne du serpent et l’arracha avec un grognement, ne laissant qu’un long dard rouge qui resta planté dans sa chair.
Il découvrit en se redressant les guerriers et guerrières qui étaient en conflit avec les mêmes créatures étranges tout autour de lui.
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