Chapitre 13

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Le roi, toujours accoudé à la grande table, observa ses conseillers un à un dans le silence le plus total. Il se tourna ensuite vers son fils en se redressant.

— Continu donc ton récit mon fils, lui dit-il.

— Bien, acquiesça Aodren. Nous avons pu constater sur place que les étrangers venaient en effet de l’autre côté de la frontière. Néanmoins, ils parlent couramment notre langue et semble avoir vite  compris nos coutumes. L’empereur quant à lui semble être un homme puissant et féroce. Ces hommes le sont tout autant, ils sont rapides et dotés d’une très grande force et s’entraînent tous les soir à tuer les monstres aux abords de la frontière.

Les conseillers l’écoutaient avec des mines sombres, se jetant des regards inquiets.

— On dit que vous êtes revenu seul, prince... intervint finalement sire Guimin. Que c’est -il passé ?

Ce dernier était un homme grand et mince, ses longs cheveux fins et bruns attachés sur sa nuque, un monocle coincé sur son œil gauche.

— Nous avons été attaqué, répondit Aodren en serrant les poings sous la table. Les guerriers de l’empereur nous ont pourchassés lorsque je retournais au camp avec mes compagnons, ils ont ensuite profité de la nuit pour nous assaillir. Tous mes chevaliers sont morts à l’exception du mage qui m’accompagnait et de son assistante.

Le silence pesant s’installa à nouveau tandis que les conseillers digéraient le récit du prince.

— Vous dites que le mage qui vous accompagnait et son assistante sont encore en vie, intervint sire Telmar. Où sont-ils dans ce cas ?

— Ils ont été faits prisonnier. L’empereur semble vouer un intérêt tout particulier aux mages et la magie. Il avait d'ailleurs sous sa coupe le mage de Toren, maître Rainir. Ce dernier était apparemment en train de former d’autres apprentis trouvés dans la ville.

— Avait-il des mages étrangers qui l’accompagnaient ? demanda Sire Guimin.

— Je n’en ai pas aperçu, je ne saurais dire.

— L’empereur vous a donc laissé la vie sauve, annonça sire Méolan en se penchant vers Aodren.

— Oui, il souhaitait que je transmette un message au roi ainsi qu’à ses conseillers.

— Et quel est-il ?

— Qu’il marchera bientôt sur le palais royal accompagné de toute son armée et que si nous ne l’accueillons pas avec le drapeau blanc issé, il mettra alors à feu et à sang la cité toute entière.

Aodren énonça calment sa dernière phrase en fixant sire Méolan. Lorsqu’il se tourna vers le reste de la table, il découvrit comme il s’y attendait, les visages blêmes des conseillers.

— Nous sommes donc en guerre, souffla doucement sire Méolan en se redressant.

— C’est en effet le cas, répondit le roi d’une voix sombre.

Elaria n’avait pas été en guerre depuis des décennies, le royaume vivait en paix avec ses voisins, ces derniers se trouvant soit de l’autre côté de la mer, soit par-delà la chaîne de montagnes du sud et de l’ouest.

— Comment l’empereur compte-t-il faire traverser la frontière à toute son armée ? Interrogea sire Kallus perplexe.

— De la même façon qu’il la traverse depuis des années, répondit sire Telmar.

— Faire traverser la frontière à quelques hommes semble déjà être un exploit que nous sommes nous-même encore incapables de faire... lui dit Sire Guimin en se tournant vers lui.

— Le plus important pour le moment n’est pas de savoir comment il compte faire traverser son armée, mais plutôt quand le fera-t-il, intervint le capitaine Fanir, commandant des armées.

C’était un homme aux larges épaules et à la mâchoire carrée qui s’accordait parfaitement à ses cheveux noir coupés à ras.

— Nous n’avons malheureusement pas cette information pour le moment, répondit le roi en se penchant en avant. La première chose à faire, me semble-t-il est d’envoyer notre armée à Toren et de remettre en ordre la situation sur place.

— Je m’en chargerai avec honneur Majesté, dit Fanir en tapant son poing contre sa poitrine.

— Non capitaine Fanir, je préférerais que vous restiez ici afin d’entraîner nos troupes et les futures nouvelles recrues que nous allons devoir engager. Cette tâche ne peut être donnée à personne d’autre.

Le capitaine des chevaliers acquiesça, la déception se mélangeant à la fierté dans son regard d'acier.

Aodren se tourna vers le roi, prêt à répondre à sa demande.

— Ce sera mon second fils, le prince Kelian, qui se chargera de mener les troupes jusqu’à Toren.

Aodren sentit son sang se glacer sur place, mais ne laissa rien paraître de son étonnement et se retourna vers la table. Kelian est bien trop jeune, à quoi pense le roi ?

Kelian, son jeune frère, était plus jeune que lui de quelques années et venait à peine de fêter ses vingt ans. C’était un très bon chevalier si l’on omettait son côté fougueux et un peu trop querelleur pour être sage.

Aodren, perdu dans ses pensées, écouta d’une oreille distraite le reste de la réunion tandis que le roi et ses conseillers discutaient des différents détails de l’opération.

— Bien, l’expédition partira donc dans deux jours.

Les neufs conseillers se levèrent et saluèrent le roi avant de sortir de la pièce. Aodren resta assis puis se tourna vers son père.

— Je vois que tu sembles dérouté par ma décision d’envoyer Kelian à Toren. Lui dit le roi en l’observant calmement lorsque les portes se furent refermées sur le derniers conseiller.

— En effet père. Kelian n’est pas près, il risque de commettre des erreurs.

— N’en as-tu pas commis toi aussi ?

— C’est donc cela ? s'offusqua Aodren, le sang lui montant aux joues. Vous me punissez pour avoir échoué.

— Non mon fils, il ne s’agit pas d’une punition. Je sais que tu as fait au mieux, malgré tout, je ne pouvais pas te choisir à nouveau pour cette mission. Le regard du peuple est tourné vers nous, il nous juge à la moindre erreur... Accompagne ton frère, tu lui prodigueras tes conseils et ensemble vous reconquerrez Toren. Une fois que ta réputation sera redevenue celle qu’elle était, tu pourras revenir sur le devant de la scène.

— Je ferais comme vous l’ordonnez père, accepta Aodren en se levant.

Il s’inclina et se dirigea vers la porte, laissant le roi seul dans la salle du conseil.

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