Chapitre 36

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Qahir était plongé dans ses documents depuis plusieurs heures quand Asha passa la fenêtre pour entrer dans le bureau.

— Qu’est-ce qu'il y a ?

— la princesse Shaïa a reçu un message de Minar et vous attend au palais des concubines.

Qahir soupira et mit de côté la lettre qui relisait pour la troisième fois avant de se lever.

— Dis à Shaïa que j’arrive.

La guerrière hocha de la tête et disparut aussitôt.

Lorsqu’il passa la porte de son bureau, il se retrouva nez à nez avec l’intendant qui portait une pile de rouleaux dans ses bras.

— Ne me dites pas que ces documents sont pour moi, intendant, dit-il avec agacement.

— Je le crains, votre Excellence, fit le vieil homme en s’inclinant respectueusement.

Qahir soupira avant d’ouvrir la porte de son bureau.

— Déposez-les sur mon bureau, je m’en occuperai demain.

— Bien votre grâce.

Il observa le vieil homme s’avancer jusqu’au bureau avant de repartir pour le palais des concubines.

Shaïa l’attendait dans le jardin du palais, se promenant sur le chemin de galets blanc en observant la végétation.

Elle s’inclina pour le saluer lorsqu’elle l’aperçut et se dirigea vers un petit salon extérieur.

— Quel message l’Hadjib t’a-t-il transmis ? lui demanda Qahir  une fois installé.

— Il y avait deux messages. Le premier concernait le corbeau qui a attaqué Eylen : l’animal était tout à fait normal, ressemblant à tous ceux de son espèce. Il ne s’agissait pas d’un démon provenant de la frontière et il n’avait aucune trace d’une quelconque maladie...

Elle s’arrêta, le fixant avec intensité.

— Cependant... repris-t-elle. Il trouvé du sang dans l’estomac de l’animal...

— Les corbeaux sont des charognards, il est possible qu’il ait mangé un petit animal avant de l’attaquer.

— Il n’y avait aucun reste d’un quelconque animal dans son estomac, ni de quoi que ce soit d’autres hormis du sang.

— Tu veux dire qu’il se serait uniquement nourri de sang ?

— Ou qu’on ne lui a donné que cela...

— À quoi bon... Pourquoi donner du sang à un oiseau ? Demanda Qahir sentant son agacement revenir à nouveau.

Sa journée avait été un enchaînement de tracas et le message de l’Hadjib n’arrangeait pas le tableau.

— Shaïa, explique-moi si tu comprends, car là, je ne suis pas d’humeur à réfléchir à tes énigmes.

— Le sang peut permettre tout un tas de choses à celles et ceux qui savent l’utiliser, lui dit la guerrière.

— Tu veux parler des prêtresses de sang ? Pourraient-elles manipuler des animaux avec du sang ?

— Je ne sais pas... Personne ne le sait. Elles gardent secrètement les détails de leurs pouvoirs et ne les partagent qu’entre elles. Mais si l’Hadjib a pris soin de nous informer de ce détail, c’est qu’il n’est pas sans importance.

— En effet, il y a également cette histoire de collecte de sang dans la cité impériale... Qu’est-ce que tu sais à ce sujet ?

— Uniquement ce qui a été dit aux citoyens, qu’ils seraient récompensés pour leurs donc. Nombreux sont ceux qui se sont porté volontaires. La princesse Nora a également participé à la collecte avec les prêtresses.

— L’Hadjib avait raison, il se trame quelque chose dans le palais des prêtresses de sang.

— Le temple des prêtresses est à part du palais impérial, il obéit à l’autorité de la grande prêtresse, il en a toujours été ainsi...

— C’est bien là le problème... Quel était le second message ?

— Des démons se sont réunis en horde à l’ouest de Minar, aux abords de la frontière. Ils n’ont pas encore attaqué la cité et semblent attendre quelque chose. L'Hadjib attends votre avis pour savoir s’il doit les attaquer ou les observer pour en apprendre plus.

À l’ouest de Minar... C’est-à-dire face à la cité impériale.

— Quand ont-ils commencé à se réunir ?

— Hier dans la soirée.

— Dis à l’hadjib de continuer de les observer à distance. S’ils font signe de s’avancer vers la cité impériale, qu’ils les attaquent immédiatement.

— Bien. Comment va Eylen ? Demanda soudainement la princesse.

— Bien, répondit Qahir prit de court.

— Comptez-vous la garder au palais impérial indéfiniment ?

— Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ? S'énerva Qahir.

— Vous semblez épuisé votre Grâce, lui dit calmement Shaïa sans se laisser impressionner.

— Quel est le rapport avec Eylen ?

— Vous ne pouvez pas vous occuper des affaires de la cité et de la surveiller en même temps, votre temps est trop précieux...

— Je décide de ce à quoi je consacre mon temps, répliqua froidement l’empereur.

— Installez-la dans le palais des concubines.

Qahir la regarda sans répondre, les mâchoires crispées. Il savait ce qu’allait lui dire la guerrière, même s’il ne voulait pas l’entendre.

— Elle y sera plus en sécurité, entourée des guerrières Suharïs.

L’empereur grimaça. Elle avait raison, le palais des concubines était plus sûr que le palais impérial, du moins tant qu’il ne confiait pas la protection d’Eylen au Garandïs. Mais je ne peux pas faire ça sans la présenter aux citoyens... De plus, il n’était pas certain qu’elle soit mieux protégée par les Garandïs que par les guerrières.

— Le palais des concubines est réservé à mes épouses... finit-il par dire sans grande conviction.

— Une épouse de plus ou de moins, quel problème y a-t-il à cela ?

La princesse Suharï arborait un petit sourire confiant qui avait le don de l’agacer fortement.

— Vous feriez d’une pierre deux coups, votre Excellence. D’une vous la mettriez en sécurité et de deux, une fois présentée au peuple comme étant votre nouvelle concubine, il sera plus difficile pour eux de tenter de l’éliminer discrètement sans attirer votre courroux... reprit-elle plus sérieusement.

Certes... Mais il restait le problème du collier défectueux. Elle avait déjà réussi une fois à échapper à son attention, qu’est ce qui l’empêchait de le faire à nouveau ?

— Les colliers peuvent-ils être défectueux ? Demanda-t-il en fixant la guerrière.

Shaïa le dévisagea en fronçant les sourcils.

— Tant que le collier est scellé, il fonctionne. Une fois le lien établi, il ne peut être rompu que si vous retirez le collier, ou si le porteur perd la vie...

Qahir serra les poings. Il ne savait pas ce qui ne fonctionnait pas avec le collier d’Eylen, mais il n’avait malheureusement pas le luxe de s’en inquiéter tout de suite. Il se releva, contourna la table et se posta devant Shaïa, se penchant vers elle pour mieux lui faire face.

— Elle ne devra jamais être seule. Pas un seul instant.

— Oui, fit la guerrière en le fixant.

— Tu veilleras sur elle comme s’il s’agissait de moi.

— Oui.

— S'il lui arrive malheur, continua l’empereur en effleurant de ses doigts la joue de la guerrière, tu en paieras le prix...

— Oui...

Qahir se redressa et s’éloigna.

— Fais préparer sa chambre, dit-il sans se retourner.

Elle ne va pas apprécier, songea-t-il en imaginant la réaction de la jeune femme lorsqu’elle comprendrait ce qu’il avait l’intention de faire.  

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