Chapitre 46

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La porte de la chambre s’ouvrit à la volée et Eylen se figea, faisant face à l’empereur qui la fixait avec colère.Il traversa rapidement la pièce, s’arrêtant à quelques centimètres d’elle et posa ses doigts sur son collier, sa présence semblant envahir tout l’espace autour d’eux. La jeune femme n’osait pas parler, ni même bouger, consciente de la tension qui couvait à l’intérieur du guerrier.

Il posa alors les yeux sur le lit et découvrit le cadavre du rat, gisant entre les draps, dont le sang avait tâché les draps de soie blancche. L’empereur laissa libre cours à sa colère, et elle senti son Energie envahir toute la pièce tandis qu’il se tournait vers la guerrière qui l’avait suivi, la questionnant d’une voix grave. 

Eylen continua de fixer l’empereur tandis que la femme s’approchait pour observer l’animal. Cette dernière entreprit alors d’examiner la chambre dans tous les recoins sous le regard inquisiteur de l’empereur. Lorsqu'elle ouvrit la fenêtre, examinant le jardin, Eylen serra imperceptiblement les mâchoires en frissonnant, priant pour que Marwen n’ai laissé aucune trace de son passage.

L’empereur l’observa et retira d’un geste vif la cape rouge qu’il portait pour la passer sur les épaules de la jeune femme.

— Tu es frigorifiée, dit-il en l’attirant à lui, la serrant dans ses bras.

Eylen écarquilla d'abord les yeux de surprise et fut aussitôt envahie par la puissante aura de l’empereur, l’enveloppant comme un voile protecteur. Incapable de résister, la jeune femme ferma les yeux, laissant l’Energie s’enrouler autour d’elle avant de circuler dans chacun des muscles de son corps. Elle sentait également la chaleur de l’empereur, sa respiration calme tandis que son torse se soulevait, le frottement ses mains sur son dos.

La guerrière s’adressa alors à l’empereur dans leur langue et Eylen sursauta de surprise en réalisant qu’elle avait totalement oublié sa présence. Elle s’écarta vivement de l’empereur et rougissant tandis qu’il répondait à la guerrière. 

Il releva ensuite le visage d’Eylen et se pencha vers elle.

— Que s’est-il passé ?

— J’étais dans le lit quand j’ai senti quelque chose bouger à mes pieds. Je n’ai pas réfléchi et je l’ai transpercé avec ma dague avant de soulever le drap.

— Tu as vu autre chose ? 

Eylen commença par hésiter, mais les yeux de l’empereur fixés sur elle la convainquirent de ne pas le faire patienter trop longtemps, se souvenant de ses réactions lorsqu’elle lui mentait.

— Des yeux... derrière la fenêtre, comme la dernière fois, dit-elle gênée, avant de se mordre la lèvre.

Pourvu qu’il ne pose pas d’autres questions.

L’empereur plissa les yeux, se redressa et alla à son tour examiner la fenêtre sous le regard inquiet de la jeune femme.

— Mais c’était sûrement mon imagination, renchérit-elle alors, espérant détourner son attention.

— Non, c’est déjà la deuxième fois que tu dis apercevoir des yeux qui t’observent, répondit l’empereur.

Il referma la fenêtre et s’approcha à nouveau.

— Nous allons t’installer dans une autre chambre pour cette nuit.

Il fit signe à la guerrière qui ressortit aussitôt et attrapa Eylen par la taille, la guidant vers le couloir. La jeune femme resserra la cape autour d’elle en se laissant faire, troublée par la main chaude de l’empereur.

La seconde chambre était légèrement plus petite que la précédente, des lampes à huile y étaient déjà allumées, éclairant chaleureusement la pièce.

L’empereur referma la porte derrière eux et la jeune femme se crispa, prenant alors totalement conscience de la main posée sur sa taille et de leur soudaine intimité. Elle se crispa aussitôt, assaillit par les souvenirs de la dernière soirée qu'ils avaient partagée.

Un silence gênant s’installa alors et l’empereur déplaça sa main sur son épaule pour la faire avancer vers le lit. Il tira la couverture et Eylen y glissa ses jambes dessous en s’asseyant.

— L’entraînement d’Inaya semble porter ses fruits, dit-il en tirant les draps sur elle.

— Oui, fit la jeune femme en lui rendant sa cape.

— As-tu ressenti une Energie étrange se dégager du rat ? Ou quelque chose de suspect ? As-tu eu une autre vision ?

Eylen réfléchit un instant, essayant de se remémorer la scène. C’était l’étrange chose qui l'observait qui semblait avoir repéré l’animal en premier, mais elle se voyait mal expliquer ça à l’empereur.

— Non... Je n’ai pas ressenti d’Energie, mais plutôt une impression. Comme s’il m’avait voulu du mal. Comme le corbeau dans la cour de Minar... 

L’empereur soupira et déposa la cape au pied du lit avant d’en faire le tour pour s’y assoir. Eylen ouvrit grand les yeux et le fixa avec surprise.

— Dors, lui dit-il en se déchaussant. Je reste ici cette nuit.

Il s’adossa à la tête de lit comme à son habitude et croisa les bras. Son ton était catégorique et calme, à tel point que la jeune femme se demanda s'il se souvenait des événements de l’autre soir.

En fait, je suis la seule à y penser encore, il ne semble même pas gêné... De toute façon, il doit être bien plus habitué que moi à ce genre de situation, songea-t-elle légèrement vexée. L’empereur la dévisagea à son tour avec un petit air amusé. 

— Tu t’attendais à autre chose peut-être ?

Le visage de la jeune femme s’enflamma brusquement et elle se retourna vivement, tirant la couverture jusque sur son visage.

— Non !

L’empereur eut un petit rire amusé et elle sentit son regard posé sur elle tandis qu’elle fermait les yeux, espérant s’endormir rapidement.  

*** 

Qahir observa la jeune femme s’endormir, sa respiration se faisant peu à peu plus lente et régulière. Il se sentait enfin apaisé, pour la première fois depuis ces trois longs jours, sa colère intérieure semblant avoir entièrement disparu.

Lorsqu’il fut certain qu’elle dormait, il tendit la main et ramena du bout des doigts une de ses longues mèches de cheveux noirs qui tombait devant son visage, frôlant sa joue au passage. La jeune femme lui avait menti tout à l’heure. Encore... Repoussant la sourde colère qui cherchait à refaire surface, il caressa du bout des doigts les cheveux d’Eylen et contempla ses traits fins et délicats, se retenant avec justesse de s’approcher encore.

 Deux petits coups résonnèrent alors contre la porte.

— Entre, dit-il tout bas pour ne pas réveiller Eylen.

Shaïa ouvrit alors silencieusement la porte et la referma derrière elle s’inclinant bien bas. Qahir la dévisagea froidement, sa main toujours entrelacée dans les cheveux d’Eylen.

La princesse portait un simple kimono blanc, qu’elle avait certainement revêtu à la hâte avant de venir, qui épousait à merveille son corps élancé et ses courbes généreuses.

Qahir se leva lentement, laissant la colère l’envahir tandis qu’il s’approchait de la concubine et s’arrêta à quelques centimètres d’elle.

— Je t’avais confié sa protection, dit-il tout bas d’une voix vibrante.

— J’ai fauté, mon empereur, souffla la princesse en tombant à genoux, les yeux au sol. J’accepterai ma punition comme il se doit.

Qahir serra les poings et se crispa.

— Debout, ta mission n’est pas terminée.

Shaïa se releva et il alla s’asseoir sur l’un des fauteuils, la princesse le suivi et resta debout à ses côtés.

— Tu as de la chance qu’il ne lui soit rien arrivé, je ne serai pas aussi clément la prochaine fois...

— Oui.

— Jusqu’où mènent les traces de la fenêtre ?

— Saki les as suivies jusqu’à l'entrée de la cour impériale.

Qahir acquiesça en se frottant le menton.

— J’ai ordonné à deux guerrières de s’ajouter à la ronde de nuit...

— C’est inutile, l’interrompit Qahir. Il ne reviendra pas cette nuit.

Shaïa le dévisagea avec surprise.

— Fait venir Asha, j’ai une mission à lui confier.

La princesse acquiesça et ressortit rapidement. Qahir poussa un soupir et s’approcha du lit, observant le visage détendu d’Eylen, toujours profondément endormie.

— Je laisse passer tes cachotteries pour cette fois, souffla-t-il tout bas en se penchant vers elle avant d'embrasser délicatement son front.

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