Chapitre 47

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Marwen sentit le métal froid de la lame contre sa gorge et ouvrit les yeux. Aussitôt, avant même qu’il ne pense à se protéger, l’aura écrasante de l’empereur s’abattit sur lui, l’empêchant de respirer. Il écarquilla alors les yeux, incapable de réagir ou de se protéger, totalement à la merci de l’homme qui le surplombait, ses yeux sombres fixés froidement dans les siens.

Il aperçut alors Rainir affolé qui s’approchait, mais l’empereur lui saisit le cou d’une main sans même le regarder, le soulevant du sol.

— Que faites-vous ? parvint à articuler le jeune mage. 

— Silence ! gronda alors l’empereur, sa voix résonnant dans toute la chambre.

D’un mouvement du bras, il balança Rainir dans son lit sans lâcher Marwen des yeux, qui suffoquait.

— Savez-vous pourquoi je suis ici, mage ? Lui demanda-t-il en le libérant de son aura.

Marwen prit une grande inspiration, toujours conscient de la lame posée contre sa gorge.

— Non... souffla-t-il entre deux respirations. 

L’empereur eut alors un large sourire, dévoilant ses dents blanches qui brillèrent dans la nuit.

— Je vais finir par penser que le mensonge est une coutume Elarienne... marmonna-t-il tout bas.

Il rengaina sa lame et s’approcha d’une des lampes pour l’allumer, éclairant faiblement la pièce avant de s’installer sur une chaise en bois, au pied du lit de Marwen.

L’ancien guérisseur se frotta la gorge en se redressant, mit ses lunettes et aperçut Rainir, assit sur son propre lit qui se tenait également le cou en grimaçant.

— Où étiez-vous cette nuit, mage ? demanda alors calmement l’empereur en le dévisageant.

— J’étais ici, répondit Marwen avec assurance, en espérant qu’Eylen ne l’ait pas trahi.

— Vraiment ? Mmmm... Dans ce cas, pouvez-vous jurer que vous ne me mentirez pas ?

Marwen fixa l’empereur sans comprendre.

— Jurez, insista-t-il, sa voix claquant dans l’air. 

Le mage recula contre la tête de son lit. 

— Je... Je jure de ne pas vous mentir...

Aussitôt, le bracelet se mit à chauffer contre sa peau.

— Bien, fit l’empereur avec un étrange sourire satisfait. Maintenant, dites-moi... Où étiez-vous cette nuit ?

— J’étais ici... Argh !

Marwen se recroqueville sur lui-même en criant de douleur. Il avait littéralement l’impression de brûler de l’intérieur, comme si son propre pouvoir s’était retourné contre lui et l’attaquait de l’intérieur. Il tenta de reprendre le contrôle de son Energie, mais en vain. Se tenant la poitrine à deux mains et hurlant de douleur, il entendi au loin les cris affolés de Rainir qui s’était rapproché.

— Marwen ! Marwen ? Arrêtez ! Que lui faites-vous ?!

— Moi ? Je ne fais rien, répondit la voix calme de l’empereur, résonnant dans les oreilles de Marwen qui continuait de souffrir.

Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu’il tombait du lit et roulait au sol. Il allait mourir. Il espérait mourir, pour que ça s’arrête !

— Il suffit qu’il cesse de me mentir, dit alors l’empereur. Allez-y mage, dites-moi où vous étiez cette nuit ?

— Eylen, articula difficilement Marwen entre ses dents serrées.

Aussitôt, la douleur disparue, aussi soudainement qu’elle avait surgit, et Marwen s'étouffa en inspirant profondément , sa gorge lui brûlant tellement il avait hurlé. Ses veines pulsaient sur ses tempes et ses oreilles bourdonnaient, tandis que son cœur battait à toute allure. Il resta allongé au sol, sa joue collée à la pierre froide, vidé de toutes ses forces.

— Marwen, souffla Rainir en l’aidant à se redresser.

Le mage n’arrivait pas à discerner correctement les traits du jeune homme, sa vue étant encore brouillée de larmes. Il remercia son compagnon d’un hochement de tête et s’assit sur son lit, s’adossant au mur face à l’empereur, ses muscles tremblant de façon incontrôlable.

— Vous étiez donc avec Eylen ? Continua l’empereur imperturbable en le fixant froidement.

— Oui, répondit le mage en se crispant.

— Pourquoi êtes-vous allé la voir ?

— J’avais des questions à lui poser, je voulais la prévenir du danger du collier.

L’empereur plissa des yeux, visiblement mécontent de la réponse du mage.

— Que lui avez-vous dit ?

— Je lui ai fait part de ce que j’avais découvert... il hésita et jeta un bref regard d’excuse à Rainir, en examinant le collier de Rainir durant son sommeil...

Il vit du coin de l’œil le jeune mage écarquiller les yeux de surprise et s’en voulut immédiatement ne pas l’en avoir informé plus tôt.

— Je vois, et qu’avez-vous découvert en examinant son collier ?

— J’ai découvert qu’il était relié à son esprit, son cœur et à son Energie, répondit machinalement Marwen.

Il donnait ses réponses le plus clairement et le plus rapidement possible, de crainte que le bracelet ne le fasse à nouveau souffrir.

— Avez-vous examiné celui d’Eylen ? Demanda l’empereur avec dureté.

— Oui.

— Et ? Était-il différent de celui de Rainir ? 

— Non... Le collier était identique, mais...

— Mais ? insista-t-il.

— Il n’était pas relié à son Energie... répondit Marwen à contrecœur.

L’empereur le dévisagea un instant en restant silencieux.

— Savez-vous pourquoi il ne l’est pas ?

— Je suppose que c’est parce qu’Eylen n’a pas d’Energie propre... Mais je ne suis sûr de rien...

— Comment vous êtes-vous faufilé dans le palais des concubines ? Les Suharïs auraient dû vous repérer.

— J’ai utilisé un sort qui masque totalement mon Energie et camoufle ma présence.

— Expliquez-moi.  Fit alors l’empereur soudainement très concentré.

— C’est un sort que j’ai moi-même inventé. Lorsque l’on essaie de cacher son Energie, il reste toujours une trace, comme une sensation de manque ou de trou. J’ai donc élaboré un sort miroir en quelque sorte, qui ne fait pas disparaître ma présence, mais la camoufle dans le décor, de tel façon qu’on ne peut soupçonner ma présence.

— Mmmm, c’est... ingénieux, lui dit alors le guerrier en souriant.

Marwen ne répondit rien, se contentant de le fixer avec méfiance.

— Bien, fit l’empereur en se redressant. J’ai une nouvelle mission pour vous, mage !

Il tendit la main vers l’angle de la pièce qui se trouvait encore dans l’obscurité et une jeune femme rousse en sortit comme par magie.

— Je vous présente Asha, vous allez l’aider à s’introduire dans le palais des prêtresses.  

*** 

La nuit touchait presque à sa fin quand Qahir revint au palais des concubines. Les guerrières Suharïs et la princesse Shaïa l’attendaient, agenouillée au sol, tête baissée devant l’entrée. Seul Asha, Saki et Inaya manquaient à l’appel, les deux dernières étant certainement restées auprès d’Eylen.

L’empereur les dépassa sans même leur jeter un regard et entra dans la cour intérieure du bâtiment. 

— Shaïa, appela-t-il avec force.

La princesse le rejoignit rapidement, toujours tête baissée.

— Dis-leur d’aller dormir, je veux qu’elles soient en pleine forme demain pour veiller sur Eylen.

— Bien.

Il repartit en direction de la chambre de la jeune femme et passa sans un mot devant Inaya qui montait la garde avant d’entrer silencieusement.

Il s’approcha en silence de la jeune femme qui dormait toujours, l’une de ses jambes dépassant négligemment du lit. Il l’attrapa pour la remettre sous le drap et la jeune femme soupira en tournant sur elle-même pour finir sur le dos. Elle marmonna quelques mots inaudibles dans son sommeil en plissant le front et Qahir s’approcha pour mieux entendre.

—... Non... Trop gênant...

— Qu’est-ce qui est gênant ? demanda-t-il tout bas avec curiosité.

— ... Le baiser...

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