Chapitre 51

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Qahir s’avança vers le terrain du palais des concubines, faisant face aux guerrières Suharïs. Il se plaça au milieu du terrain, sans arme et ferma les yeux à l’affût du moindre mouvement. 

Une première guerrière l’attaqua par l’arrière, sans un bruit, mais l’empereur fut plus rapide attrapant son bras armé d’une main et parant son coup de pied de l’autre. Il tira la guerrière vers lui, enfonçant son genou dans son abdomen et évita d’un rapide mouvement le couteau de lancer qui filait vers lui.

Une seconde Suharï l’attaqua, armée d’un long sabre. Il pivota sur son pied gauche pour éviter l’attaque et la désarma d'une frappe rapide à l’avant-bras. La guerrière se mis garde et ils entamèrent leur combat à main nue.

L’empereur combattit ainsi les guerrières une heure durant. À la fin du derniers combat, les guerrières vaincues s’inclinèrent face à leur maître et il repartit sans un mot. Du coin de l’œil, il vit quelques-unes aider leurs compagnes qui claudiquaient, certaines ayant également plusieurs contusions sur les corps et le visage. Il n’y était pas allé de main morte.

Mais il le sentait à travers le collier, les guerrières lui étaient reconnaissantes de les avoir épargnées et de la correction qu’il leur avait donnée.

Pour autant, sa colère du matin n’était toujours pas apaisée et il se sentait toujours dérangé par cette histoire de baiser. Mais il avait promis de ne pas tuer le mage, et ce dernier était justement parti en excursion dans le palais des prêtresses avec Asha. Il a intérêt à réussir sa mission.

Un Garandï le rejoignit en courant alors qu’il atteignait le jardin des concubines, il s’inclina face à lui et lui tendit un minuscule rouleau de papier.

Un message de Musa. Qahir attrapa le papier et le déroula. Le message n’était pas codé et très court :

“Les démons foncent sur la cité impériale.” 

L’empereur froissa le papier et jura à voix haute.

— Préviens Hamza, ordonna-t-il au Garandï. Les démons attaquent la cité.

Le guerrier reparti en courant et Qahir se dirigea vers les appartements de Shaïa.

Aamal et Eylen avaient les yeux fermés ainsi que les mains jointes quand il arriva dans l’entrée de la pièce et il fit signe à la princesse de le rejoindre.

— Depuis combien de temps sont-elles ainsi ?

— Ça va faire trois heures.

— Bien. Fais raccompagner Eylen directement à sa chambre une fois que ce sera fini. J’ai reçu un message de Minar. Les démons sont en route vers la cité.

Qahir sentit à travers le collier, un fugace sentiment de tension traverser la princesse, mais elle se reprit aussitôt.

— Je me prépare, dit-elle avec détermination.

— Non, répondit l’empereur d’un ton ferme.

La guerrière le dévisagea avec surprise, il sentait qu’elle se retenait de répondre.

— Tu restes avec Eylen. Inaya et Saki aussi, ajouta-t-il à l’intention des deux guerrières qui gardaient la porte.

Shaïa acquiesça avec obéissance et les deux autres guerrières firent de même. 

Qahir s'approcha de la princesse, lui souleva le menton et la fixa avec intensité.

— Ne me déçois pas cette fois-ci, lui dit-il d’un ton menaçant.

La princesse pinça les lèvres et hocha de la tête avec conviction.

Il repartit rapidement vers la cité, se demandant s’il valait mieux prévenir Asha afin de faire participer le mage au combat, puis décida de ne rien en faire. Le palais des prêtresses allait être en ébullition pour se préparer à recevoir les blessée, Asha pourrait certainement en profiter pour trouver ce qu’elle cherchait.

Il se dirigea directement vers la caserne des Garidans où Babil préparait déjà ses troupes.

— Appelle les mages, lui dit-il en s’approchant.

Babil le dévisagea avec surprise.

— Toute aide sera bonne à prendre, lui expliqua Qahir. Je veux qu’ils défendent les côtés de la cité afin de regrouper les monstres dans un même périmètre.

— Bien, répondit le chef de Garidans en faisant signe à l’un de ses hommes.

Une heure plus tard, le soleil entamait à peine sa course quand ils aperçurent le nuage de fumée que provoquaient les démons au loin. Qahir se tenait devant les Garandïs, dos à la cité, les Garidans se tenaient quant à eux à l’arrière sur les ailes gauches et droites. Les mages étaient éparpillés sur les remparts prêts à défendre les côtés de la cité.

Le chef des Garandïs s’approcha de l’empereur.

— Des démons qui attaquent en pleine journée... lâcha Hamza avec colère.

— Foutu frontière.

— Que Râï veille sur nous... souffla-t-il alors que l’ombre d’un gigantesque démon se profilait à l’horizon.

— Et que notre souffle soit encore chaud demain matin, répondit Qahir avec ferveur.

Il prit une grande inspiration avant de lancer sa monture au galop, en criant à pleins poumons. À ses côté Hamza hurlait lui aussi, son cimeterre levé au-dessus de lui.

L’avant du groupe était constitué d’hyrgues, des monstres semblables aux grands félins des savanes, au pelage gris et aux longues griffes acérées comme des poignards. Ces démons étaient capables de sauter à plusieurs mètres de distance et de trancher une tête d’un coup de patte. Leur gueule, constamment ouverte en un large sourire, dévoilait de petites dents pointues et leurs grands yeux jaunes étaient capables de voir dans l’obscurité la plus totale.

Qahir pointa sa lance courte en acier sur l’une des premières créatures, mais cette dernière sauta par-dessus pour l’éviter. L’empereur réagit immédiatement et releva son arme pour la planter dans son ventre. Le démon s’arrêta net en plein saut et poussa un cri féroce tandis que Qahir le balançait au sol d’un mouvement de sa lance maculée de sang.

Autour de lui, les autres Garandïs combattaient déjà avec férocité les monstres. À travers le carnage, il aperçut Babil aux prises avec un Gawï géant. Le monstre, qui le dépassait d’une bonne tête et demie, ressemblait aux ours bruns que l’on pouvait apercevoir dans les montagnes d’Elaria, mais avait un museau plus enfoncé, le poil plus sombre et de grandes défenses qui pointaient de sa bouche vers le ciel.

Le chef des Garidans évita la puissante patte du monstre d’une roulade au sol et en profita pour lui lacérer la jambe, lui faisant perdre l’équilibre.

Qahir se détourna du combat de son ami pour se reconcentrer sur les autres démons qui approchaient. Une espèce de mille-pattes géant sorti du sable juste sous sa monture qui perdit l’équilibre tandis que l’empereur sautait au sol, lâchant au passage sa lance pour attraper son cimeterre argenté. Il se remit en appuis sur ses deux jambes et se tourna vers le démon qui continuait de sortir du sol, mesurant plus de deux mètres de haut.

Qahir fonça vers son abdomen et visa entre deux carapaces sombres, sa lame se plantant dans la membrane souple et y ouvrit une large entaille d’où s’écoula un étrange liquide jaune. Le mille-pattes émit une sorte de cliquetis strident et se jeta sur lui, ses deux crochets avant essayant de se refermer sur son bras. Qahir balaya l’espace d’un grand coup de lame et la bête recula. Le monstre attaqua alors de face, ouvrant en grand ses deux crochets et l’empereur planta sa lame en avant, directement dans sa gueule. Le cimeterre traversa le crâne du démon dans un craquement et du liquide jaune lui coula sur le bras, brûlant sa peau au passage et dégageant une atroce odeur. De l’acide !

Qahir retira sa lame et essuya son bras avec sa cape avant de repartir au combat, laissant derrière lui le cadavre du mille-pattes.

La nuit était bien installée quand le combat se calma. Qahir, au milieu des cadavres de monstre, était recouvert de différents liquides puants et brûlants et sa jambe gauche saignait abondamment.

Autour de lui, les Garandïs et les Garidans finissaient d’achever les derniers démons. Il se tourna vers les remparts où les mages encore debout continuaient de protéger les angles de la cité, cantonnant les démons dans un même périmètre.

Babil, qui venait d’achever une Hyrgue, s’approchait d'une démarche légèrement claudiquante.

— Aaah ! Je crois que j’ai bien mérité mes deux bouteilles cette fois mon ami ! Lui dit-il en souriant.

Qahir lâcha un petit rire avant de lui taper l’épaule. 

— Tu ne perds jamais une occasion !

— On a qu’une vie, autant en profiter !

— Tu as raison ! Allons-nous désaltérer, ensuite nous prierons Neptä pour nos morts, déclara l’empereur en avançant vers la cité.

Ils avaient tué plus de quatre-vingts démons cette nuit, mais ces derniers avaient emporté avec eux plusieurs guerriers, dont un Garandï.

Les prêtresses sortaient déjà des remparts pour soigner les blessés urgents, tandis que d’autre Garidans se chargeaient d'amener les autres rescapés directement au palais. Les morts seraient ensuite également portés jusqu’au palais où les prêtresses s’occuperaient de les préparer pour leur dernier voyage.

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