Chapitre 14
On trace vers la salle de sport, on aura tout le temps de se mettre sur la gueule, une fois qu’on aura désamorcé Penny.
Harry passe devant, on met le turbo, le gymnase est au bout de la cour de récré.
On n’est qu’à quelques mètres de la porte.
Il se retourne, me tire par les oreilles, chope Lucy par les cheveux et nous plie en deux.
Un coup de feu. C’est pas passé loin.
Réactif le gars.
Cinq types en caleçon de bain et armés se tiennent devant la porte. Ils devaient être vraiment pressés d’en finir, ils n’ont même pas pris le temps de se saper.
On rebrousse chemin.
Les balles fusent. Ils nous prennent en chasse.
Bon finalement, je crois qu’on désamorcera Penny, une fois qu’on se sera mis sur la gueule.
Je passe devant, je digère mal les coups de calibre.
Á trop surveiller mes arrières, j’oublie de regarder où je mets les pieds.
Je percute un gars qui dévale les escaliers. On se ramasse tous les deux.
Un agent.
Pas de doute, il est en calbute.
Lui aussi ne m’a pas vu venir, sous le choc, il laisse tomber son flingue et ne voit pas venir ma batte qui lui refait le nez.
Un autre type se pointe, regarde son collègue en sang, peut-être un peu trop longtemps. Harry profite de cette diversion pour lui présenter le plat de son immense règle en métal.
Ça claque.
Lucy conclut en lui tranchant la gorge, ramasse son flingue et le balance à Harry.
Il sourit. Il aime les flingues.
Devant tant d’émotion, j’attrape celui de nez-brisé et lui file. Il s’enfonce les deux canons dans le pif et renifle l’odeur de la poudre.
Les cinq agents rappliquent.
Harry ouvre le feu.
Les types se mettent à l’abri au coin du couloir.
- Harry, couvre-nous, on contre-attaque.
Planqué sous les escaliers, il se prépare à les arroser de plombs.
Je fonce avec Lucy. Un grand brun, passe la tête.
Harry tire et gueule.
- Alors Cody ! On fait plus sa maligne !
C’est pas passé loin.
Deux autres se mettent à découvert et nous visent. Cette fois Harry fait mouche.
Une balle dans le front pour l’un et une dans l’épaule pour l’autre que je chope dans ma course.
On arrive au bout du couloir, je le pousse contre les trois types.
Harry sort de sa planque et vient en renfort.
- Je les sonne, tu les finis ! je dis à Lucy.
Les gars perdent l’équilibre, je file un coup de coude dans une mâchoire, un type se ramasse.
De tout son poids, Lucy lui monte dessus et le taillade. Il se débat mais elle est vraiment trop lourde.
Un des trois, voyant le vent tourner, prend la fuite.
Harry le vise.
Manque de concentration. Il loupe la nuque mais se contentera d’un joli trou en bas du dos.
Le flic hurle de douleur, ventre à terre, il se tord dans tous les sens.
Le troisième homme, profitant de ce cafouillage, braque son flingue derrière moi.
Je me retourne.
Merde, il vise Lucy, toujours en train de déchiqueter l’agent. Du moins ce qu’il en reste.
Pas le temps de la prévenir, j’envoie ma batte, elle se la prend en plein front et part en arrière.
Il tire.
C’était moins une.
Harry se rapproche de Lucy et tente de lui faire reprendre connaissance.
J’y suis allé un peu fort mais dans ces moments-là, on ne calcule pas.
Je chope le poignet du grand brun, le retourne, ça craque, je le plaque contre le mur.
Il lâche son arme.
Je lui chope la gorge et commence à serrer. Il me fixe.
Je me sens tout bizarre, engourdi comme si j’avais des fourmis dans tout le corps. Je transpire, son regard est profond, je cligne des yeux.
Entre mes mains ne se trouve plus la gorge d’un grand brun mais d’une magnifique brune.
Je relâche mon étreinte. Je ne comprends rien.
Une fille en short de bain a remplacé le type.
Je suis un peu gêné, elle aussi est torse nu. Mon regard bloque sur sa poitrine. Deux sublimes seins en forme de poires.
Elle me prend délicatement les mains et les pose dessus.
Je n’entends plus rien. On est seul, elle et moi. Je sens son souffle chaud. On est bien.
Elle passe sa main dans son dos et en sort une adorable lame bien tranchante.
Que ça lui va bien. Elle me sourit, lève son bras.
Un coup de tonnerre me fait sursauter.
Je reprends mes esprits.
La fille est redevenue un grand brun avec un énorme cratère fumant au milieu de sa poitrine musclée.
Je recule, il s’écroule.
Je regarde Harry, flingue en joue, tenant dans ses bras Lucy le visage en sang.
- Merde, ça va Lucy ? Tu saignes ? je lui demande tout penaud.
Elle se passe la main sur le visage.
- Non, c’est pas le mien.
Elle a fait de l’agent du hachis Parmentier
- Il s’est transformé en nana ? je tente de me rassurer.
Harry fait non de la tête…
- Non, c’est Cody, il t’a juste retourné le cerveau.
Beurk !
Je m’essuie les mains contre mon costume, tous les deux se marrent.
Je suis humilié. J’attrape ma batte et me dirige vers le flic agonisant.
Il me voit et se met à ramper. Je lui file un coup de batte sur la gueule et m’acharne dessus.
Ouais ! Je suis un mec ! Un bonhomme ! Un vrai ! Ça fait mal ! hein ?!
Un bruit métallique me coupe dans mon élan.
Je lève les yeux, Arthur se tient face à moi, accompagné de Dario, caméra toujours fixée sur l’épaule.
- Oh mon Dieu… chuchote le présentateur.
- Tu filmes, là ? je demande à Dario.
Il me répond à l’affirmative d’un air désolé. « En direct… » L’objectif de sa cam parcourt toute la salle. Dario ne rate rien.
Lucy se relève, aidée par Harry qui range ses deux flingues dans sa ceinture, devant un corps déchiqueté.
Dario s’attarde sur Cody, la poitrine toujours fumante puis, gros plan du crâne liquide de ma dernière victime.
Il remonte de bas en haut, lentement pour terminer par ma gueule décomposée et désolée.
Je cache ma batte derrière mon dos.
- Écoutez, bon, vu comme ça, c’est vrai que ça peut prêter à confusion...
- Vous allez nous tuer ? C’est ça ? Et puis vous allez tout faire sauter ? Arthur perd son sang-froid.
- Mais on ne va rien faire sauter du tout ! Justement, on est venus là pour tout arranger quand ces gars …en short de bains nous ont sautés dessus ! C’est eux qui ont posé cette bombe ! Il faut rétablir la vérité une bonne fois pour toutes. On est du bon côté et on va sauver cette ville.
Arthur reprend des couleurs, c’est bon signe.
Ils nous font confiance.
Dario suspend l’enregistrement.
- Moi tu sais, à partir du moment où je repars vivant avec de bonnes images, le reste je m’en fous.
Je m’approche de la cam, colle ma face contre l’objectif.
- Ne craignez rien, on s’occupe de tout ! C’était Lapin, en direct de Canal 7, à vous les studios !
Clin d’œil. C’est bon pour l’image.
- Bonne chance, on est avec vous, me dit Arthur.
- Merci, par contre, ne restez pas dans les parages… On ne sait jamais.
Sur ces belles paroles, je m’avance vers la porte de la cour. Je tire.
Fermée. Merde.
Harry me rejoint, tente de l’ouvrir à son tour.
Elle est belle et bien fermée.
- Venez, on monte à l’étage, on passera par la fenêtre.
Penny, fais-toi belle… on arrive.
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