Chapitre un

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Il était une fois, un royaume prospère gouverné par un frère ainsi qu’une sœur éclairés et d’une grande bonté. Sur ces terres, les cultures y étaient riches grâce aux températures clémentes. L’eau claire coulait dans les fontaines acheminées par des aqueducs. Les routes étaient pavées avec soin pour permettre aux marchands de circuler plus facilement afin de rejoindre des foires célèbres dans la contrée. Les étrangers affluaient, d’ailleurs, en masse pour commercer, mais aussi faire connaître la richesse de leur contrée.

Seulement les souverains attirèrent la jalousie d’autres puissants. Ils envoyèrent une délégation chez la sorcière des couleurs. Avec maintes flatteries, ils lui demandèrent de régler le problème. Désireuse de voir par elle-même ce qu’il en était, la mage chassa les délateurs. Elle et elle seule choisirait s’il fallait punir les dirigeants de ce royaume. Pour ce faire, elle décida de les mettre au défi. S’ils pouvaient triompher de l’épreuve qu’elle leur enverrait alors cela voudrait dire qu’ils étaient ce qu’ils affirmaient : de bonnes personnes, qui ne souhaitaient que le bien-être de leur peuple. Sinon, elle se ferait un plaisir de démasquer ces usurpateurs pour exposer la vérité à la face du monde.

Un après-midi alors que tous deux prenaient leur thé dans les jardins du palais, le malheur les frappa. Liana lisait avec attention les dernières doléances qui venaient de parvenir entre leurs mains. De son côté, son frère réglait les préparatifs en vue de l’extension des égouts de la ville de Vern qui voyait sa démographie exploser, avec tous les problèmes que cela pouvait poser.

Sur la colline, à l’ombre des branches d’un chêne ancien, ils profitaient de la douceur du temps. En contre-bas, ils pouvaient apercevoir les jardins du palais, où les arbres avaient été taillés avec soin. On y retrouvait une multitude d’espèces dont certaines avaient été apportées par des délégations étrangères en cadeau. Des présents qui donnaient parfois de savoureux fruits.

Afin de traverser ces lieux sans déranger les végétaux, des allées pavées de pierres rosées avaient été installées. Celles-ci menaient à l’intérieur des bâtiments. De temps à autre, une statue se dressait, représentant des animaux magnifiques ou de superbes nymphes. Les chemins pouvaient aussi conduire jusqu’à d’imposantes fontaines, sublimes par leurs jets d’eau claire ou les mosaïques qui se dessinaient dans leurs fonds.

Plus bas encore, la ville s’étendait vers la mer. Ses saveurs iodées revenaient d’ailleurs jusqu’aux narines des souverains par l’intermédiaire d’un vent frais. Les clameurs de la cité résonnaient jusqu’à leurs oreilles. Signe que la vie suivait son cours de manière habituelle.

Un événement vint pourtant troubler leur quiétude. Devant leurs yeux médusés, un éclair frappa le sol, pour faire apparaître une femme d’une grande beauté. Une capuche noire recouvrait ses cheveux, obscurcissant une partie de son visage. Liom tenta détailler sa figure sans y parvenir. Cela le décontenança. Pour peu, il aurait pu croire que la silhouette qui lui faisait face changeait en permanence.

Dans sa main, un bâton de bois sombre où l’on avait gravé des runes, attiré le regard. De l’objet émanait une puissance que même ceux qui ne maîtrisaient pas la magie pouvaient sentir. Preuve que cette femme n’était pas n’importe qui.

Liana fut la première à se reprendre. Elle se leva pour accueillir dignement l’inconnue. Sa peur ne devait pas prendre le dessus sur la bienséance.

– Chère étrangère, je suis Liana Valdi. Soyez la bienvenue dans notre royaume.

D’un signe de tête, elle la salua. Son frère en fit de même.

– Puisque vous arrivez à l’heure du thé, venez donc prendre place à notre table. Nous vous ferons porter des biscuits ainsi qu’une boisson chaude.

D’un geste de la main, il lui désigna la table. Cependant, la sorcière ne bougea pas. Son regard se posa sur les souverains, sans qu’aucun mot ne sorte de sa bouche. Sa silhouette s’avança, devenant de plus en plus massive à mesure qu’elle s’approchait.

– Je suis ici, pour vérifier vos capacités, à vous que l’on dit empli de bonté et d’intelligence. Pour ce faire, je lancerai une malédiction sur votre royaume. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel disparaîtront. Seul l’un d’entre vous pourra parcourir le monde à leur recherche. Ainsi, je verrais si vous êtes aussi unis que la rumeur le prétend.

Aussitôt ses paroles dites, la sorcière leva son bâton vers le ciel. Une vive lueur s’en échappa.

– Rouge pour la chaleur, orange pour la fertilité, jaune pour la lumière qui nous éclaire tous, vert pour les fruits et légumes juteux, bleu pour l’eau, violet pour la magie. Je vous laisse trouver seuls ce qu’est l’indigo.

Alors que résonnait sa litanie, les couleurs furent attirées par le pouvoir que générait son bâton. Elles se mirent à tournoyer dans les cieux jusqu’au moment où elles disparurent, absorbées par le morceau de bois.

Autour des souverains tout n’était que blanc, noir ou en nuance de gris. Adieu les feuilles vertes de vie. Adieu le ciel d’un bleu radieux. Adieu vie du royaume…

Muets de stupeur, les gouvernants contemplaient le désastre alors qu’une vive clameur montait de la ville. La peur habitait les esprits, les poussant à fuir ce qu’ils ne pouvaient comprendre.

– Je vous laisse faire face à l’épreuve.

La sorcière disparut rapidement. Sa bouche lâcha une dernière phrase aussi mystérieuse qu’elle.

– C’est ainsi que va la vie et ses couleurs.

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