Le harcèlement selon Lisa

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« Si elle était assise à ma place, au lieu d’être accrochée à ce mur, elle passerait inaperçue. Tout juste un homme sur dix se retournerait sur elle, sans ressentir la moindre émotion. »

Lisa tira une bouffée et rejeta la fumée sans se presser.

« Je ne vois pas ce qu’on lui trouve d’extraordinaire, d’attirant, de fascinant même, au point de rester des heures à la dévisager sous toutes les coutures, à s’en crever la vue ! Elle a les cheveux plats, les yeux d’un marron quelconque et les mains molles. Quant à sa robe elle fait penser à un sac. Et son sourire, est ce qu’on peut appeler sourire cet imperceptible frémissement sur le coin gauche de ses lèvres ? Et pourtant, on vient des quatre coins de la planète, s’agglutiner devant elle, comme des mouches autour d’un pot de miel. »

Elle tira encore une bouffée, touilla machinalement la moitié de café qui restait dans la tasse, la porta à ses lèvres et en but une infime gorgée. Puis elle prit une profonde inspiration.

« En tout cas, si j’étais la Joconde, je porterais plainte pour harcèlement visuel. »

Cette réflexion la fit sourire. Elle l’imaginait s’extrayant de son cadre, une fois les portes du Louvre fermées, se glissant furtivement le long des couloirs, avec l’habileté et la précaution d’un Sioux pour éviter de traverser l’un des innombrables rayons qui aurait déclenché l’alarme et, une fois dehors… (Inutile de chercher à comprendre comment l’eût elle fait : l’imagination a ses raisons que la raison ignore) rejoindre le commissariat le plus poche, s’adresser au planton avec un accent Italien à couper au couteau, gesticulant tant et plus afin de se faire comprendre et voir débarquer aussitôt tout ce que l’édifice comptait comme personnel de garde ouvrant des yeux comme des soucoupes, bouche bée, certains se grattant le crâne, d’autres se pinçant pour s’assurer qu’ils ne rêvaient pas, qu’ils se trouvaient bien en face à la Joconde en chair et en os qui avait, pour l’occasion perdu tout sourire.

« J’aurais bien aimé la voir marcher dans les rues de Florence, accompagnée de son innombrable marmaille, sentant l’urine, la transpiration et autres puanteurs que je passe sous silence. Parce qu’à cette époque, les gens ne se lavaient pas. L’église avait décrété que l’eau véhiculait les maladies !... Pauvre femme quelconque qui serait morte totalement inconnue si Léonard n’avait pas fait son portrait et si François Ier n’était pas tombé amoureux du tableau. »

La chaleur de sa cigarette dont la combustion arrivait à son terme, la tira de son échappée dans la Florence de la Renaissance, pour la ramener dans son Vingt et unième siècle, morne, fade et sans relief. Elle écrasa le mégot dans le cendrier puis jeta un regard circulaire autour d’elle, afin de s’assurer qu’aucun regard interrogateur n’était posé sur elle, des fois qu’elle aurait pensé un peu trop fort, comme son père avait l’habitude de le lui répéter lorsque l’un de ses ordres allait à l’encontre de ses désirs.

« Tu as beau te renfrogner dans ton coin et ne rien dire, j’entends parfaitement ce que tu penses »

Alors, vautrée sur le canapé, serrant entre ses bras l’un des coussins, elle attendait qu’il eût fait demi-tour pour lui tirer la langue.

Elle n’aimait pas son père et ne s’était jamais posé la question du pourquoi du comment. C’était rédhibitoire et, à l’en croire, réciproque. Même son prénom : Lisa elle l’avait en horreur, car c’est lui qui l’avait choisi. Mais pas par hasard.

Lorsqu’il la vit pour la première fois, dormant comme un petit ange dans son berceau, il jura avoir perçu chez ce bébé de quelques heures le même sourire fasci= nant et envoûtant que celui immortalisé par l’hôte du Clos Lucet. C’est sans doute pour cela qu’elle détestait la femme, le tableau et celui qui l’avait peint.

Et gare au garçon ou à l’homme qui voulant exalter sa beauté, eût osé la comparaison. D’ailleurs, il fallait être ou aveugle, ou amoureux ou, aveuglement amoureux d’elle pour lui trouver un soupçon de ressemblance avec son illustre aînée. Lisa Bouteux était blonde avec un visage rond, dur et ingrat à la peau rêche, des yeux bleus globuleux et un nez sans relief. Seule sa bouche aux lèvres sensuelles et ses seins aux rondeurs suggestives, attiraient le masculin et le féminin. Ainsi, à Trente-quatre ans, elle avait donné autant de plaisir à ses amants qu’à ses maîtresses, sans jamais réussir à n’en conserver un, ou une seule.

Un homme de passage lui avait fait un enfant qui naquit deux jours après la mort de son père. Elle lui donna son prénom. Seul hommage posthume à cet homme tant décrié.

Elle vida sa tasse d’un trait et, en la reposant, elle réalisa qu’un homme se tenait debout devant elle, tenant une cigarette entre ses doigts. Indiquant son briquet, lui demanda du feu. Elle le lui tendit machinalement, sans mot dire. L’homme s’en servit et le reposa avec un « Merci » appuyé et distinct puis, s’installa à la table près de la sienne et commença à tirer les premières bouffées de sa cigarette en regardant partout sauf dans sa direction. Quand le garçon se présenta, il commanda un café. Lisa en profita pour lui en commander un deuxième.

« Trop de café, ce n’est pas bon. »

Elle ne répondit rien.

« Bien que des études récentes tendraient à prouver le contraire. Mais, vous savez, les études on leur fait dire ce que l’on veut. Tenez, les cigarettes, par exemple. On diabolise les fumeurs. On les pourchasse, on les pourfend, on leur tire à boulets rouges. Si l’inquisition revenait, ils seraient les premiers à périr sur le bûcher : « Qui a vécu par la fumée, périra par la fumée ! » Eh bien, moi qui ne suis pas un gros fumeur – dix cigarettes au maximum par jour – tous les médecins que j vois me disent : « Oh, si vous ne fumez que cela, ce n’est pas bien méchant » En d’autres termes, ce n’est pas elle qui me tuera. Alors, vous voyez ? »

Lisa ne répondit toujours rien.

« C’est comme la nourriture. Certains diront qu’il ne faut pas manger trop salé, d’autres rétorqueront qu’il ne faut pas manger trop sucré, d’autres encore soutiendront mordicus qu’il ne faut pas manger trop fade. Et je vous fais grâce de la viande ou du poisson qu’il ne faut pas manger ou trop cru, ou trop cuit ; les légumes qu’il faut bouillir ou pas. Vraiment, si on se conformait à leurs avis, on ne mangerait plus. Il n’y a que l’eau qui soit passée au travers de leurs études et dont la quantité à boire quotidiennement reste encore à l’envie de chacun ! Mais il faut se presser car elle ne restera pas longtemps inoubliée. »

Le garçon arriva avec les cafés et les posa sur les tables respectives et s’éclipsa. Lisa alluma une autre cigarette.

« Avouez que nous vivons tout de même une drôle d’époque. Et quand je dis : drôle, c’est un euphémisme pour ne pas dire : dramatique. Voire même : tragique ! On ne sait plus ce qu’il faut dire ou faire pour être conforme aux normes en vigueur, comme on dit. C’est désespérant, vous ne trouvez pas ? »

Lisa ne répondit toujours rien.

« Je dois vous agacer avec mes parlotes !... A moins que vous soyez étrangère et que vous ne compreniez rien… Non, vous ne l’êtes pas. Vous avez commandé votre café avec un accent de chez nous… Donc, mes parlotes vous agacent. Je vous comprends. Vous n’êtes pas la seule. Déjà enfant j’agaçais tout le monde : « Jérôme ! Tais toi tu nous soules… » Ou encore : « Ferme ton clapet ! Tu économiseras de la salive… » Ou pire : « Maudit le jour où on t’a appris à parler ! » Mais ça ne me faisait ni chaud, ni froid. Je m’en allais dans ma chambre parler à mes soldats de plomb ou mes figurines. Normalement, j’aurais dû devenir écrivain ou, plus précisément auteur dramatique. Eh bien non. Détrompez-vous. Dès que je me trouve devant une feuille blanche, c’est silence le plus total. Ma main refuse d’avancer. Ma femme… »

Il leva les yeux au ciel.

« Eh oui, ma femme, la pauvre ! Elle m’a conseillé de m’enregistrer et de recopier par la suite. Mais cette méthode a fait chou blanc aussi. Dès que je me suis entendu, j’ai pris peur et j’ai tout effacé. Et vous croyez que ça aurait freiné mes ardeurs logorrhéiques ? Pas du tout. Je parle toujours autant, sinon plus. »

Il expulsa un petit rire :

« Savez-vous ce que je réponds à ceux qui me demandent quand est ce que j’arrêterai de parler autant ?... « Le jour où les technocrates deviendront intelli= gents ! »

Il pencha légèrement sa tête vers Lisa et lui demanda :

« J’espère que vous n’en êtes pas une…Oh, et puis quand bien même. Un soir j’ai sorti cette vanne dans un restaurant. A la table voisine il y en avait un. Savez-vous ce qu’il m’a dit, avec beaucoup d’humour ?... « Nous deviendrons intelligents, le jour où vous cesserez de parler autant. » Et vlan ! La réponse du berger à la bergère. Retournement de situation. Renvoi de la vanne à l’expéditeur. Je ne l’ai pas pris mal du tout. J’ai même levé mon verre à sa santé… Et lui aussi, d’ailleurs. »

Il but une gorgée de café, sortit une cigarette de son paquet et lorgna le briquet de Lisa n’ayant eu aucune réaction, il la replaça :

« Finalement j n’en ai pas autant envie que ça. »

Il vida sa tasse, posa l’argent dans la petite assiette sous laquelle le garçon avait calé la note.

« Je le connais par cœur le prix du café. Un euro Vingt-cinq. Vingt-cinq centimes de pourboire c’est amplement suffisant. »

Il se tourna franchement vers elle :

« Je vais m’en aller. Je vous demande pardon de vous avoir importunée. »

Lisa tourna la tête vers lui et le vit se lever. D’un air autoritaire, elle lui lança :

« Un instant s’il vous plaît ! »

L’homme arrêta son mouvement. Elle lui fit signe de reprendre sa place et, d’un ton dénué de toute aménité lui demanda :

« Qu’attendez-vous de moi ? »

L’homme la regarda avec une légère inquiétude au fond des yeux et ne répon= dit pas. Elle réitéra sa question avec plus de brutalité. L’homme reprit une cigarette et, d’office s’empara du briquet de Lisa pour l’allumer. Quand il eut rejeté la première bouffée il répondit d’un ton parsemé d’excuses :

« Je voulais juste faire la conversation. Je vous l’ai dit : je suis un infatigable bavard.

— C’est ça ! Juste faire la conversation ! Sans aucune arrière-pensée, j’imagine. »

L’homme la regarda avec des yeux de chien battu :

« Bien sûr que non. Je suis marié et… »

Sans attendre qu’il eût fini sa phrase, elle lui plaça une feuille pliée en quatre sous le nez en hurlant :

« Et ceci, ce n’est pas une arrière-pensée non plus ? »

Il prit le papier, le déplia, le tourna et le retourna. Si quelqu’un doté d’une vue aux rayons X avait pu regarder à l’intérieur de son crâne, il y aurait vu une multitude de points d’interrogation à la place de son cerveau. Visiblement, il ne comprenait pas et cela le laissa muet de longs instants, au terme desquels il restitua la feuille à Lisa en lançant :

« Mais… Il n’y a rien écrit là-dessus ! »

Elle hurla :

« C’est bien pour cela que je vous demande ce que vous attendez de moi. Non seulement vous rôdez autour de ma maison, mais en plus vous glissez subrepticement dans ma boîte aux lettres cette page blanche et, quand je me pointe ici à neuf heures pile, vous débarquez une heure et demie plus tard en me tenant des propos sans queue ni tête. »

L’homme allait arguer quelque chose pour sa défense, mais elle l’en empêcha et lança :

« Je sais très bien ce que vous alliez me dire : comment puis-je connaître l’heure et le lieu vu qu’il n’y a rien d’écrit. C’est ça n’est-ce pas ? Vous l’avez pensé tellement fort que tous les clients de ce bar ont dû l’entendre ! »

Les clients, d’ailleurs commençaient à prêter une oreille attentive – sinon les deux – à cette étrange conversation. A leur décharge, on pouvait dire que Lisa ne faisait rien pour rester discrète.

« Ce n’est pas parce que cette page est blanche qu’elle ne dit rien de vos inten= tions ! Tout le monde sait que les rendez-vous se donnent toujours les Samedis à neuf heures dans ce bar. Et vous n’êtes ni le premier ni le dernier à vouloir me rencontrer de la sorte. Alors, pour la dernière fois, qu’attendez-vous de moi ! »

L’homme se trouva désappointé, ne sachant quelle attitude adopter. : devait il l’agresser à son tour ? Rester calme ? Indifférent ? Répondre par une boutade ? Décidément il ne voyait pas et, pour la première fois de sa vie il regretta sa maudite verve. Il lui revint à l’esprit une phrase que sa mère lui ressassait sans arrêt : « Chéri, fais toujours attention comment tu parles et, à qui tu parles. Parler c’est comme lancer des cailloux en l’air. Prends garde qu’ils ne retombent pas sur ta tête. Ça peut faire très mal. » Cette fois ci, visiblement, aucun ne l’avait raté.

Si l’on part du postulat selon lequel la femme a toujours raison, quels que soient les évènements, les circonstances et le contexte, les imprécations de Lisa à l’encontre de Jérôme, lui attirèrent un nombre croissant de sympathisants attroupés principalement autour de sa table, prêts à lui servir de rempart, au cas où la brute épaisse, pour l’instant recroquevillée à la table voisine, ne se rebiffât soudainement et lui sautât au cou afin de lui démontrer qui était le plus fort des deux. Elle profita de cet auditoire improvisé, pour enfoncer le clou. Son clou.

« Je suis une femme sympathique, ouverte, libre, libérale. Une femme de mon temps, quoi ! Quand un homme me donne un rendez-vous – ou même une femme – je ne demande qu’une chose : qu’il ait des couilles… Passez-moi l’expression mais c’est la seule qui s’adapte comme un gant ! »

Elle insista :

« Qu’il ait des couilles ! Et pas comme celui-ci qui s’est borné à me demander du feu puis s’est assis à côté de moi et a commencé à me parler de café, de cigarettes, de viande cuite et de poisson cru et même des technocrates qu’il ne porte visiblement pas dans son cœur, sans même faire la moindre allusion… que sais-je, sur mes yeux, la couleur de mes cheveux, ma bouche ou… pourquoi pas sur mes seins ! Je ne suis pas une bigote, ni une oie blanche ni une Sainte Nitouche. Et, si je les mets en évidence, ce n’est pas pour qu’on fasse semblant de les ignorer. Lui, rien ! Ni allusion, ni même le plus petit soupçon de regard concupiscent. Vide ! Et il a le culot de m’avouer qu’il est marié. En plus !

Ce n’étaient pas des petits cailloux qu’il avait lancé en l’air, mais des tonnes de météorites qui s’abattaient sur sa tête, sans relâche, sans répit.

Et Lisa qui continuait de lui demander :

« Alors, qu’attendez-vous de moi ? Dites le si vous êtes un homme. »

Devant le mutisme de Jérôme qui, s’il avait pu se cacher sous terre l’eût fait en remerciant le ciel, elle prenait à témoin celles et ceux qu’il était convenu d’appeler désormais : ses partisans, en discourant et en haranguant avec une force de persua= sion et de conviction, digne d’un grand tribun.

« Une folle, pensa-t-il. Et de la pire espèce : lucide, froide et déterminée… Géniale. Et moi, qui ne suis qu’un bavard sans envergure, que vais-je pouvoir dire pour ma défense ? Et Jeanne, si elle me voyait dans cette situation, comment le prendrait elle ? »

Jeanne…

Et, par association d’idées : Francis.

Une lueur d’espoir s’alluma dans ses yeux.

« S’il pouvait passer, là, maintenant, je pourrais me jeter dans ses bras et lui implorer qu’il me sorte de cette situation. D’ailleurs, il lui suffirait de l’entendre parler pour se convaincre qu’elle est barge, maboule, chtarbée et j’en passe. Ainsi que tous ceux qui l’écoutent et boivent ses paroles. »

Il soupira :

« Il suffit d’un rien pour lancer une meute contre un pauvre diable. Dans ce cas, le pauvre diable c’est moi. Et après ?... »

Une main lui toucha l’épaule :

« Et alors, tu lui as fait quoi à cette pauvre femme ? »

C’était Francis !

« Dieu soit loué, tu es là ! »

Il lui prit le bras.

« Rien. Je ne lui ai rien fait. Juste demandé du feu, puis je me suis assis à cette table, à côté de la sienne et je me suis mis… »

Le policier l’interrompit :

« Te fatigue pas, je sais tout. »

Puis il se tourna vers Lisa dont la petite foule qui l’entourait avait cédé la place à deux de ses collègues.

« C’est bien cet homme que vous accusez de harcèlement ?

Lisa le regarda d’un air presque outré :

« Harcèlement ?... Harcèlement ?... Le seul harcèlement que je puisse lui reprocher c’est le harcèlement verbal. Mais il n’est pas le seul à me souler de ses pa= roles. Les hommes aiment bien bavarder avec moi. J’ai une tête qui inspire la conversation. Mais les autres, monsieur l’agent. Les autres, à un moment donné, commencent à s’intéresser à moi et dévient leur conversation sur mon physique. Lui, rien du tout. Un je-m’en-foutisme patent. Comme si je n’existais pas. Alors, je vous le demande : est-ce que ce sont des manières de faire, que de donner rendez-vous à une femme dans un bar, d’arriver une heure en retard et l’ignorer. »

Puis elle raconta comment elle l’avait vu, sans le voir, rôder autour de sa maison, la veille au soir et montra la feuille blanche trouvée dans sa boîte aux lettre et la signification qu’elle en avait tirée.

« Voilà, monsieur l’agent. Vous savez tout. »

Francis acquiesça en faisant un effort pour rester sérieux. Il vit que ses deux collègues en faisaient autant.

« Et vous voulez porter plainte contre lui ? »

— Jamais de la vie ! Je ne suis pas une procédurière, moi. »

Elle se pencha sur Jérôme et le regarda dans les yeux :

« Tout ce que je veux, c’est qu’il me dise ce qu’il attend de moi ! »

Elle le secoua.

« Qu’attendez-vous de moi ? »

Jérôme, qui avait repris du courage, grâce à la présence de son beau-frère et de ses amis, releva la tête, la regarda droit dans les yeux et lui dit :

« Rien. Je n’attends rien de vous. J’attends juste ma femme pour aller déjeuner avec elle. Si je vous ai soûlé de mes paroles, je vous demande pardon. Je suis un incorrigible bavard. »

Elle haussa les épaules.

« Ne vous excusez pas. Le bavardage ne me gêne pas du tout, quand il ne prête pas à conséquence. Mais alors, pourquoi cette…»

Il l’interrompit :

« Je n’ai jamais glissé cette lettre dans votre boîte, comme je n’ai jamais rôdé autour de votre maison. Primo : je ne sais même pas où vous habitez, deuxio : hier soir j’avais une fièvre carabinée et mon beau-frère – il indiqua Francis – et ses deux collègues – il indiqua les deux autre policiers – sont venus dîner à la maison. »

Les trois hommes approuvèrent de la tête.

« Vous voulez mettre en doute la parole de trois policiers assermentés ? »

Lisa se redressa, regarda les trois fonctionnaires et, haussant les épaules, lança d’un ton dégagé :

« Eh bien, ce n’est pas vous que j’attendais, alors

Elle haussa à nouveau les épaules et ajouta sur le même ton :

« Vous voulez que je vous présente mes excuses ? Je vous les présente. Etes-vous satisfait ? »

L’un des deux policiers se tourna vers Jérôme :

« Monsieur, vous voulez porter plainte contre madame ?

Jérôme tourna la tête en signe de négation et lança d’un air las :

« Je veux qu’elle me fiche la paix. »

Piquée au vif, Lisa lui rétorqua :

« Mais je vais vous la ficher la paix. Et de ce pas même, si ces messieurs m’y autorisent. Vous n’entendrez plus jamais parler de moi. »

Les trois policiers se regardèrent puis, d’un accord tacite lui firent signe de s’en aller. Lisa ramassa son paquet de cigarettes et son briquet, encore posés sur la table, et le fourra dans son sac puis, se retourna encore une fois vers Jérôme et l’ayant dévisagé attentivement, lui laça :

« Et dire que vous n’êtes même pas mon type d’homme »

FIN

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