Prologue

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Allongée au milieu d’une forêt ténébreuse. L’esprit de Pauline vacille, incapable de comprendre ce qui l’a amenée ici. Tout est noir, à l’exception de la pleine lune qui éclaire faiblement l'endroit maudit. Un frisson glacé remonte le long de son échine. Désorientée, elle se sent piégée dans un cauchemar dont elle ne parvient pas à s’éveiller.

Soudain, une vague de panique la submerge. Son cœur bat si fort qu’il semble vouloir s’échapper de sa poitrine, tandis que ses poumons se resserrent, comme si l’air se raréfiait autour d’elle. Elle bondit sur ses pieds, son regard fouillant désespérément l’obscurité épaisse à la recherche d’un point de repère. Mais tout ce qu’elle perçoit, ce ne sont que des ombres mouvantes et des silhouettes difformes qui se dessinent à l’horizon. Un murmure sinistre flotte dans l’air, un écho d’un autre monde, mêlé à des sifflements lugubres qui glacent son sang.

Elle les entend. Ils sont là, quelque part, se rapprochant dans les ténèbres. Ces formes humaines, ou plutôt inhumaines, sont des entités à la peau incandescente, d’un jaune orangé, comme des flammes jaillies des profondeurs de l’enfer. Ces créatures ne marchent pas, elles glissent, silencieuses, attirées par quelque chose qu’elle ne peut comprendre. Terrifiée, Pauline tourne les talons et se met à courir, ses jambes brûlant sous l’effort, son souffle haletant, comme si l’air s’éloignait d’elle à mesure qu’elle fuyait.

Les murmures se font plus intenses, plus oppressants. Leur langage incompréhensible s’insinue dans son esprit, empoisonnant chacune de ses pensées. Ils sont derrière elle, elle le sent, ils la pourchassent. Elle court plus vite, ses pieds martelant le sol avec désespoir, mais soudain, elle trébuche sur une racine tordue qui jaillit du sol. Elle s’effondre violemment, le souffle coupé par l’impact. Une douleur fulgurante la traverse au genou, et en baissant les yeux, elle voit son sang s’écouler en flots, tachant la terre d’une teinte sombre et inquiétante.

En relevant la tête, elle est figée d’horreur. Juste devant elle se tiennent trois araignées Goliath, d’une taille monstrueuse, leurs corps sombres et luisants étincelant dans la lueur lunaire. Leurs innombrables yeux la fixent, perçant son âme avec une intensité glaciale, comme si elles tentaient d’infiltrer son esprit, de s’y ancrer et d’y semer leur propre folie. Attirées par l’odeur de son sang, les créatures avancent, silencieuses, leurs pattes velues effleurant la terre dans un mouvement hypnotique.

Pauline tente de se relever, mais sa jambe blessée refuse de bouger. Le sol semble se dérober sous elle, se tordre et se déformer comme s’il cherchait à la piéger. Elle tente de courir, mais c’est comme si elle n’avançait plus. Chaque pas la ramène en arrière, comme si le monde entier la trahissait. Les araignées se rapprochent, et elle sent leur souffle glacial sur sa nuque, leurs pattes effilées prêtes à l’attraper. Elles sont si proches qu’elle peut presque entendre le cliquetis sinistre de leurs mandibules.

Elle se précipite vers un arbre dans un dernier effort désespéré de s’échapper. Mais lorsqu’elle pose la main sur le tronc, une sensation inimaginable la traverse. Le bois est chaud, palpitant, vibrant sous sa paume. Comme si l’arbre avait un cœur, comme s’il était vivant. Les battements résonnent dans ses os, dans sa chair, amplifiant sa terreur. Alors, les arbres eux-mêmes commencent à bouger. Leurs branches se tordent, s’allongent, se dirigent vers elle comme des tentacules prêts à l’attraper. Les feuilles bruissent de murmures étouffés, et les troncs se penchent, l’enserrant dans une étreinte sinistre et oppressante. Elle suffoque. Chaque respiration devient un combat, chaque mouvement un effort désespéré pour échapper à ce piège vivant.

Sa vision se trouble, des points noirs dansent devant ses yeux. L’air autour d’elle est devenu lourd, presque tangible, écrasant. Elle ne peut plus respirer. Les vertiges l’envahissent, elle vacille, ses jambes se dérobent sous elle. Elle sait qu’elle va perdre conscience, elle le sent, comme une chute interminable dans un abîme sans fond.

Puis, comme sortis de ses pires cauchemars, les araignées fondent sur elle. Cette fois, elles ne se contentent plus de l’observer. Elles se jettent sur elle avec une violence terrifiante. Pauline sent leurs pattes effleurer sa peau, leur souffle froid envahir chaque fibre de son corps. Elles l’enserrent, l’étouffent, l’étranglent de leurs longues pattes velues. Son esprit se déforme sous l’assaut. La peur pure laisse place à la terreur viscérale, paralysant chaque muscle, chaque pensée. Elle est piégée.

Les murmures dansent autour d’elle, et des lueurs éclatent dans la nuit. Des rayons lumineux étranges l’engloutissent, mais loin d’apporter réconfort, ils ne sont que le présage de la fin. Sa fin. Tout se resserre autour d’elle, comme un linceul maudit qui se referme sur son corps brisé. Elle ne peut plus fuir. Un cri désespéré jaillit de ses lèvres, un hurlement de terreur qui résonne dans les ténèbres comme un ultime appel à l’aide. Mais personne ne viendra.

Puis tout s’éteint, et elle sombre dans le néant.

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