Chapitre 4 : Le secret du placard

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De retour à Paris, quelques jours après son voyage, Pauline reçu une lettre de son notaire. Elle avait complètement oublié cette procédure. À sa majorité, elle avait hérité du vieil appartement familial haussmannien, mais n’y avait jamais remis les pieds, trop accablée par la douleur de son passé. Récemment, elle avait chargé l’Office notarial de le mettre en vente, car il lui fut trop difficile d'y vivre. La lettre lui rappela qu’elle avait quelques meubles à récupérer, des effets personnels, ainsi que quelques vieux cartons laissés dans un placard qu’elle n’avait jamais exploré.

C’est lors d’un samedi pluvieux qu’elle se décida enfin à retourner dans cet appartement. Tout était resté en l’état, comme figé dans le temps. En ouvrant le placard dans le bureau de ses parents, Pauline découvrit de vieux cartons altérés, ainsi qu’une mallette poussiéreuse, fermée à clé. Elle força la serrure et tomba sur une pile de documents anciens, des notes manuscrites et des disquettes gravées d’un sigle inconnu. Ses mains frissonnèrent lorsqu’elle réalisa qu’elle venait de mettre la main sur ce qui semble être une partie des travaux de ses parents, ces fameuses recherches que sa tante Sophie lui avait soi-disant dite perdues ou détruites. Elle se dit qu’elle devait absolument les comparer aux recherches enregistrées sur la clé USB donné la veille de la conférence par Jeff.

Parmi les documents déposés dans un des cartons, elle tomba sur une feuille pliée en quatre, c’était des notes manuscrites de son père. Pauline déplia le papier fébrilement et commença à lire. Ses yeux s’écarquillèrent à mesure qu’elle saisit l’ampleur des découvertes de ses parents. Ils avaient travaillé sur la modification de l'ADN humain, une technologie révolutionnaire destinée à éradiquer des maladies génétiques héréditaires. Mais ce qui l’effraya le plus, c’est qu’il y était noté la mention d’un vol. « Nos travaux ont été pris par des mains que nous ne connaissons pas, une branche clandestine du gouvernement. Ils n’ont aucune idée des conséquences de ce qu’ils manipulent… »

Pauline sentit son cœur s'emballer alors qu'elle termina la lecture des mots de son père. La pièce sembla s’être figée autour d’elle, comme si le temps eut cessé de s’écouler. Elle relut la note plusieurs fois, espérant y trouver une explication plus claire, mais la peur qu'elle ressentit ne faisait que croître. Ses parents, des scientifiques réputés et respectés, s’étaient retrouvés impliqués dans quelque chose de bien plus dangereux qu’elle ne l’avait jamais imaginé. Leurs recherches, sur lesquelles ils avaient travaillé en secret, étaient tombées entre de mauvaises mains.

Elle posa la lettre sur le sol, ses pensées tourbillonnent. Ses parents avaient donc été victimes de leur propre travail. La « branche clandestine » dont parlait son père dans la lettre… Qui étaient ces gens ? Ceux qui avaient envoyé leurs gorilles au restaurant de Rio de Janeiro l’autre soir pour surveiller Jeff ? Le gouvernement ? Une organisation privée ? Et surtout, qu’avaient-ils fait avec ces découvertes ?

Pauline se pencha sur la pile de documents, ses mains légèrement tremblantes trahissant son anxiété. Les notes manuscrites de son père étaient détaillées, complexes, mais elle pouvait suivre une partie des recherches. Ses parents avaient découvert un moyen d'altérer l'ADN humain avec une précision qui dépassait tout ce qu'elle avait vu dans ses propres recherches. Ce qu’elle tenait entre ses mains était révolutionnaire, mais aussi terriblement dangereux. Elle comprenait pourquoi ses parents avaient travaillé dans l’ombre, sans en parler à qui que ce soit.

Son regard se tourna vers les disquettes ornées d’un étrange sigle. Ce symbole ne lui disait rien, mais il avait quelque chose d'inquiétant. Une partie d’elle voulait immédiatement vérifier ce qu'elles contenaient, mais une autre hésitait. Pouvait-elle vraiment se fier à ce qu'elle allait découvrir ? Elle repensa à Jeff et à ce qu'il lui avait dit lors de leur rencontre à Rio de Janeiro : « Certaines vérités ne pardonnent pas. »

Pauline inspira profondément et prit une décision. Elle devait comparer ces documents aux fichiers de la clé USB de Jeff. Si ce qu'il lui avait donné contenait des informations complémentaires, cela pourrait lui permettre d’avoir une vue d'ensemble sur ce que ses parents avaient découvert et sur les personnes qui avaient volé leur travail.

De retour chez elle, elle s’enferma dans son bureau, où elle installa à la fois le support numérique et une vieille machine capable de lire les disquettes trouvées dans l’appartement familial. Lorsqu'elle connecta la clé USB à son ordinateur, une fenêtre s'ouvrit immédiatement, révélant une série de dossiers cryptés. Chacun portait un nom énigmatique, comme s'ils cachaient des secrets anciens. Incertaine de leur contenu, elle hésita un instant avant d'explorer plus avant, consciente que chaque dossier pouvait dissimuler des informations sensibles ou oubliées depuis longtemps. Elle remarqua également un journal au fond d’un autre carton, elle y reconnut l’écriture de Jeff. Ses mains frémirent en l'ouvrant.

Dans ce journal, Jeff détaillait ce qu'il savait de la collaboration avec ses parents. Ses écrits qui leurs avaient été remis, étaient parsemés d’avertissements, des phrases répétées comme des mantras : « Ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient », « Ce n'était pas censé aller aussi loin », et surtout, « Le projet Codex était une erreur. »

« Codex ? Quel était ce projet ? » Ce mot résonna dans l’esprit de Pauline. Elle n'en avait jamais entendu parler, ni dans les discussions avec ses parents, ni dans les rares souvenirs qu'elle gardait de leur travail. C'était ainsi qu'ils l'avaient nommé : Codex. Ce nom évoquait des images de danger et de chaos, rappelant les sombres légendes et mythes anciens.

Pauline ferma les yeux un instant, tentant d’assimiler l'information. Tout cela dépassait ses recherches personnelles sur la thérapie génique. C’était une manipulation à grande échelle de l’ADN humain, sans doute pour des objectifs bien plus vastes et inquiétants que la simple guérison de maladies héréditaires.

En parallèle, elle inséra l'une des disquettes dans le lecteur. À sa grande surprise, les fichiers n'étaient pas cryptés. La plupart contenaient des données brutes, des séquences génétiques, des calculs complexes et des graphiques montrant des simulations d’altérations de l’ADN. Mais un fichier attira particulièrement son attention : « Protocole Codex – Phase finale. »

Elle l'ouvrit avec une appréhension grandissante. Ce fichier décrivait en détail l'application potentielle de la technologie de modification génétique de ses parents. Il ne s'agissait pas seulement de corriger des anomalies génétiques. Le « protocole Codex » permettait, en théorie, d’augmenter les capacités humaines, de rendre certaines personnes immunisées contre des maladies, ou même de les doter de caractéristiques améliorées, comme une intelligence accrue ou une résistance physique au-delà des capacités humaines normales.

Mais les derniers paragraphes du document étaient glaçants. Il y était fait mention de tests. Des tests sur des sujets humains. Pauline lut avec horreur que certaines personnes avaient été exposées à ces modifications génétiques sans leur consentement, dans un laboratoire secret, quelque part en Afrique du Sud. Ses parents avaient tenté de s'opposer à cela, d'après la lettre de son père. Ils savaient que cette technologie ne devait pas être entre de mauvaises mains, mais il était sans doute trop tard.

Des questions bouillonnaient dans l'esprit de Pauline. Était-ce pour cela que ses parents avaient été tués ? Parce qu'ils avaient tenté de stopper le projet ? Ces expériences avaient-elles encore lieu ? Jeff lui avait dit que la découverte de ses parents était encore utilisée et qui étaient ces personnes capables de manipuler une technologie si avancée avec une telle irresponsabilité ?

Elle ne pouvait plus reculer. Elle devait découvrir qui se cachait derrière Codex et pourquoi ils avaient volé le travail de ses parents. Mais elle savait aussi que chaque pas qu’elle ferait à partir de maintenant la mettrait en danger. Jeff avait raison. Certaines vérités ne pardonnent pas. Mais Pauline ne pouvait pas s’en détourner.

Déterminée, elle prit la clé USB et les documents, et les rangea soigneusement dans un coffre sécurisé. Elle savait que ses prochaines actions devraient être prudentes, calculées. La route vers la vérité était semée d’embûches, mais elle était désormais prête à affronter les fantômes du passé, quels qu’en soient les risques.

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