Chapitre 4 : Colloque Scientifique

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Pauline ajusta son micro et jeta un dernier coup d'œil à la salle comble sentant monter en elle une vague d'adrénaline tandis que les murmures du public s'éteignaient, laissant place à un silence chargé d'attente. Des scientifiques du monde entier étaient rassemblés pour ce colloque international à Rio de Janeiro, un événement incontournable dans le domaine de la biologie moléculaire et de la génétique. Les murs en verre de l’espace de conférence laissaient entrevoir les vagues tranquilles de l’océan Atlantique au loin, mais Pauline n'avait pas le loisir d'apprécier la vue. Ses pensées étaient focalisées sur sa présentation et sur l'importance cruciale de ce moment pour sa carrière.


Elle prit une grande inspiration, essayant de calmer les battements rapides de son cœur. Ce n'était pas sa première intervention dans un contexte scientifique, mais celle-ci avait un poids particulier. Ce moment décisif marquait le point culminant de plusieurs années de travail acharné dans le domaine de la thérapie génique. Et au-delà de cela, il y avait cette étrange sensation qu'elle ne parvenait pas à dissiper, un pressentiment que cette conférence serait les prémisses d’un tournant plus personnel.


Devant elle, l’écran projetait le titre de sa conférence : "Régénération cellulaire et thérapie génique : Une nouvelle ère dans la médecine régénérative". Son travail portait sur des thérapies expérimentales visant à réparer des tissus endommagés grâce à l’activation de certaines séquences génétiques dormant dans l’ADN humain. C’était une percée potentielle qui, si elle fonctionnait sur l’humain, pourrait révolutionner le traitement des maladies dégénératives.


— Mesdames et messieurs, je vous remercie pour votre attention aujourd’hui. Mon discours portera sur un domaine d’avant-garde, celui de la régénération cellulaire par la manipulation génétique ciblée…, commença-t-elle d’une voix claire et dans un anglais impeccable, après s'être assurée que son micro fonctionnait correctement.


Pauline se détendit un peu lorsqu’elle se laissa porter par son discours. Elle était dans son élément. Les données, les graphiques, les résultats d'expériences récentes s'enchaînaient sur l'écran, et elle naviguait avec assurance dans les aspects techniques de ses recherches. Elle sentait les regards captivés de ses collègues, percevant l’intérêt croissant au fur et à mesure qu’elle détaillait les applications possibles de sa thérapie.


— En utilisant un vecteur viral modifié, nous avons réussi à cibler spécifiquement les cellules atteintes par une dégénérescence. Les résultats préliminaires sur les modèles précliniques sont extrêmement prometteurs. Nous avons observé une régénération de près de 70 % des tissus endommagés en l'espace de quelques semaines, avec des effets secondaires minimes…


Elle balaya l’assistance du regard. Des figures célèbres du monde scientifique étaient présentes, certains ayant eux-mêmes contribué à poser les bases de la thérapie génique moderne. Mais ce n’était pas simplement de la fierté professionnelle qui alimentait l’énergie de Pauline. Dans les profondeurs de son être, elle avait le sentiment de suivre un chemin tracé par ses parents, eux aussi pionniers dans leur domaine. Même si leurs recherches avaient été différentes, il y avait un lien indéniable entre leurs travaux et les siens. Et parfois, elle ne pouvait s'empêcher de penser que leurs découvertes, leur disparition même, étaient liées à ce qu'elle faisait aujourd'hui.


À la fin de sa présentation, la salle éclata en applaudissements. Pauline sourit modestement et se prépara pour la session de questions. Plusieurs scientifiques, la plupart bien plus âgés qu'elle, levèrent la main. Le premier à poser une question était un généticien renommé du MIT. Il complimenta son travail, avant d’enchaîner sur une question technique concernant les potentiels effets à long terme sur les cellules non ciblées.


Pauline répondit avec assurance, citant des études en cours et des protocoles de sécurité que son équipe et elle avaient mis en place pour minimiser ces risques. Mais alors qu'elle répondait, une silhouette familière attira son attention au fond de la salle : Jeff. Il était entré discrètement, prenant place au dernier rang. Leur regard se croisa brièvement et il lui fit un signe d’encouragement. Malgré la tension de leur dernier échange, sa présence apporta un étrange réconfort à Pauline.


D'autres questions s’en suivirent, certaines critiques, d'autres louangeuses, mais Pauline y répondit avec brio. Elle savait que cette conférence pourrait lui ouvrir des portes, attirer des fonds pour la prochaine phase de ses recherches, mais surtout, renforcer sa crédibilité dans le monde scientifique.


Après plus d'une heure de discussions, la session se termina, et plusieurs personnes vinrent la féliciter directement. Elle échangea des cartes de visite et accepta quelques propositions de collaboration, dont une avec un certain Virgil Varek, responsable d’un laboratoire de recherche scientifique. Séduit par son discours, il lui offrit généreusement un accès privilégié à son complexe high-tech, situé dans le nord du Brésil. Pauline le remercia en précisant qu'elle le recontacterait dès que possible, avant d'être rapidement entourée par un petit groupe de chercheurs curieux.


Mais tout en répondant avec politesse à leurs questions, une partie de son esprit était ailleurs, sur Jeff et la clé USB qu'il lui avait donnée la veille. Ce qui devait être une simple conférence scientifique était devenu pour elle bien plus que cela. Il y avait des mystères à résoudre, des réponses à chercher, et elle savait que sa carrière, ses recherches et son passé étaient désormais inextricablement liés.


Alors que la foule se dispersait peu à peu, Pauline se retrouva enfin seule près de la scène. Jeff s’approcha d’elle lentement, un sourire plus sincère sur les lèvres cette fois-ci.


— Impressionnant, Pauline. Tes parents seraient fiers de toi.


La jeune femme hocha la tête, touchée par ses paroles. Mais avant qu’elle ne puisse répondre, il ajouta à voix basse, son ton redevenant sérieux :


— As-tu regardé ce qu'il y avait sur la clé ?


Pauline secoua la tête.


— Pas encore. Je n'ai pas eu le temps, avec la conférence.


— Il vaudrait mieux que tu le fasses bientôt, murmura-t-il. Et surtout, assure-toi d’être seule quand tu le feras.


Ces mots résonnèrent en elle, renforçant le sentiment qu’il se passait quelque chose de bien plus grand, bien plus dangereux, que tout ce qu’elle pouvait imaginer.


La conférence terminée, Pauline rentra à son hôtel, le souffle encore court des dernières heures intenses. Elle avait enfin un peu de répit avant son retour à Paris. Installée dans un fauteuil, elle inséra la clé USB dans son ordinateur, le cœur battant à tout rompre. L'écran s'illumina, révélant des images qui la figèrent sur place. Son visage, d'abord empreint de curiosité, se durcit peu à peu, laissant transparaître une profonde stupeur mêlée d'incrédulité.

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