Chapitre 9 : Les premiers Hybrides

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L’incubateur central bourdonnait d’une énergie étrange, presque palpable. À travers les parois de verre, Pauline observait les embryons indistincts des premiers Hybrides, immergés dans des cuves de liquide amniotique. D’autres silhouettes, plus avancées, prenaient déjà forme, ressemblant à des adolescents. Leurs corps, exclusivement masculins et parfaitement formés, semblaient humains, mais quelque chose dans leurs contours défiait l'explication rationnelle. Des ondes d’énergie distordaient la lumière autour d’eux, créant des illusions éphémères.

— Vous voyez ? dit Varek à ses côtés, la voix pleine de fierté. Nous avons réussi. Ils sont magnifiques, n’est-ce pas ?

Pauline, les yeux rivés sur les cuves, sentit une nausée monter en elle. Ces créatures... n’étaient pas des humains. Quelque chose d’indescriptible émanait d’eux, comme si l’espace lui-même refusait de les contenir. Et soudain, l’un d’eux ouvrit les yeux. Pauline sursauta violemment, son corps se crispant d’un coup, comme si une décharge électrique venait de parcourir sa colonne vertébrale. Son souffle se bloqua, une vague de panique lui noua l’estomac, et pendant une seconde, elle se figea, incapable de détourner le regard.

Ces yeux noirs, sans fond, la fixaient. Ils semblaient la transpercer jusqu’à l’âme, et elle sentit un frisson glacial lui glisser le long de la nuque. Son cœur battait à tout rompre, résonnant dans ses oreilles comme un tambour prêt à exploser.

— Vous ne comprenez pas, Varek, murmura-t-elle, terrifiée. Ce que vous avez créé n’est pas naturel.

Varek haussa les épaules, impassible.

— Naturel ou non, ces êtres sont la clé de notre avenir. Ils seront capables de manipuler des forces incroyables. Imaginez ce que nous pourrions accomplir avec une armée de ces Hybrides. Le pouvoir qu’ils détiennent… c’est celui des dieux.

Pauline se détourna, le cœur lourd. Elle savait que cette expérience ne pourrait que mal tourner. Ces Hybrides n’étaient pas simplement des expériences scientifiques ; ils étaient les produits d’une alliance contre nature entre la science et l’occulte, les forces du mal et ce pouvoir, malgré tout le contrôle que Varek croyait avoir, ne pourrait jamais être maîtrisé.

Varek, le regard perçant força Pauline à le suivre en l’agrippant par l’épaule gauche d’une main ferme, la guidant à travers un dédale de couloirs sombres, l’atmosphère pesante d'un bâtiment isolé. Il marchait d’un pas sûr, habitué à l’environnement cloisonné du projet, tandis que Pauline sentait son cœur battre à un rythme plus rapide. Arrivés devant une grande porte de métal, Varek s'arrêta et la fixa un instant, comme pour s'assurer qu'elle était prête à ce qui l'attendait.

— Pauline, dit-il doucement, mais avec une intensité palpable, ces hommes que vous allez rencontrer, sont ceux qui détiennent la clé de tout. Ce que vous avez vu et ce que vous allez entendre ici ne doit jamais franchir ces murs.

La porte s'ouvrit dans un grincement lourd, révélant une salle de conférence faiblement éclairée, où se tenaient déjà plusieurs individus en costume et blouse blanche. Au centre de la pièce, dominant par sa stature et son aura d’autorité froide, se tenait un homme que Varek présenta à Pauline comme étant le Professeur Kennywood, l’un des architectes du projet, une figure aussi mystérieuse qu’influente. Ses cheveux argentés parfaitement peignés et son regard calculateur trahissaient un homme habitué à manier le pouvoir. Mais au fond, le Professeur Kennywood était froid, totalement dévoué à ses recherches, quel qu’en soit le coût humain. Sa quête de pouvoir et de connaissance dépassait les frontières de l’éthique et de la moralité. Il n'hésitera pas à manipuler, trahir et éliminer quiconque se dressent sur son chemin, convaincu que ses fins justifient toujours les moyens. Pourtant, il était extrêmement charismatique et savait convaincre ceux qui l'entouraient de suivre ses idéaux, notamment grâce à son autorité et son intelligence perçante.

Varek s’avança et, d’un geste ferme, présenta Pauline.

— Voici Pauline Lemoine. Ce n’est autre que la fille de ceux sans qui ce projet n'aurait jamais vu le jour, Léa et André Wullschleger. Elle est désormais prête à contribuer à nos besoins et à sa manière.

— Vous connaissiez mes parents, s’exclama-t-elle abasourdie.

Tous les regards se tournèrent vers elle, certains empreints de curiosité, d’autres de méfiance. Mais c’était le fameux Professeur Kennywood qui attira le plus son attention, elle crut voir une ombre sombre près de lui, comme une aura malfaisante qui l’entourait. Surprise, Elle lui souriait à demi, mais il y avait une distance froide dans son regard, comme si son cœur n'était pas véritablement dans ce geste. Pauline savait que cette rencontre marquait un point de non-retour. Les vérités qu’elle chercherait à obtenir ici seraient teintées de manipulations, et elle devait se préparer à naviguer dans un terrain dangereux où la moindre erreur pourrait lui coûter cher.

Puis, au fond de la salle, à demi caché par un homme en blouse blanche, elle reconnut Jeff. Son cœur battit à tout rompre. Que faisait-il là ? Il était censé être de son côté, son allié dans cette quête obscure. Pourtant, le voir ici, au milieu de ceux qu’elle considérait comme des antagonistes, fit naître un doute profond en elle. Ses pensées tourbillonnaient.

Jeff leva les yeux, croisant son regard, mais il n’y avait aucun signe de surprise sur son visage. Au contraire, il la fixait avec une intensité presque calculée. Était-ce un avertissement, une façon de lui dire de se méfier ? Ou jouait-il un double jeu, se faisant passer pour son ami tout en la manipulant depuis le début ? Une question plus sombre s'insinua dans son esprit : « et s’il l’avait trahie, en secret, œuvrant pour ces forces dont elle ne connaissait que la surface ? Chaque geste de Jeff, chaque mot échangé entre eux, prenait soudain une teinte suspecte. Était-il là pour la piéger, pour l’entraîner plus profondément dans un piège qu'elle n’avait pas encore décelé ? »

Pauline sentit une vague d’angoisse monter en elle. Elle se remémora les moments passés avec lui, cherchant des indices, des signes qu’elle aurait pu manquer. Il lui avait toujours semblé loyal, mais cette présence ici remettait tout en question. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander : « jusqu’où irait Jeff pour parvenir à ses fins ? S’il s’agissait d’un double jeu, il le maniait à la perfection. »

Elle se retrouva face à un dilemme, un frisson d'angoisse la parcourant : « Devrait-elle continuer à lui faire confiance, à croire qu’il agissait pour son bien, ou devait-elle se préparer à une trahison imminente, à un coup de poignard dans le dos qui pourrait tout faire basculer ? » Le poids de cette décision la paralysait, tandis qu'une ombre menaçante semblait se profiler dans son esprit, prête à frapper au moment où elle s'y attendrait le moins.

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