Chapitre 10 : Les premiers Hybrides

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L’incubateur central bourdonnait d’une énergie étrange, presque palpable. Pauline se tenait là, le regard fixé sur les embryons indistincts des premiers Hybrides, immergés dans des cuves de liquide amniotique. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle pressait contre la paroi de verre, tentant de percevoir les détails invisibles à l'œil nu. D’autres silhouettes, plus avancées, prenaient déjà forme, ressemblant à des adolescents. Elle plissa les yeux, frustrée par l'impression que ces corps, exclusivement masculins et parfaitement formés, avaient quelque chose d'inhabituel.


— Comment est-ce possible ? murmura-t-elle pour elle-même, sa voix résonnant dans le silence de la salle.


Elle frissonna en sentant une onde d'énergie distordre la lumière autour d'eux, créant des illusions éphémères qui l’intriguaient et l’effrayaient à la fois. Le cœur battant, Pauline se demanda si ces créatures, si proches de l'humanité, étaient vraiment ce qu'elles semblaient.


— Vous voyez ? s’extasia Varek à ses côtés, la voix pleine de fierté. Nous avons réussi. Ils sont magnifiques, n’est-ce pas ?


Pauline, les yeux rivés sur les cuves, sentit une nausée monter en elle. « Ces créatures... pensa-t-elle, elles ne sont pas humaines. » Quelque chose d’indescriptible émanait d’eux, comme si l’espace lui-même refusait de les contenir. Soudain, l’un d’eux souleva ses paupières closes. Pauline sursauta si violemment que son corps se crispa d’un coup, comme si une décharge électrique venait de parcourir sa colonne vertébrale. « Non, pas ça… » murmura-t-elle, la voix à peine audible. Son souffle se bloqua, une vague de panique lui noua l’estomac, et pendant une seconde, elle se figea, incapable de détourner le regard.


Ces deux billes noires, sans fond, la fixaient. « Ils me transpercent », songea-t-elle, jusqu’à l’âme. Un frisson glacial lui parcourut la nuque. « Qu'est-ce que c'est ? » se demanda-t-elle, le cœur battant à tout rompre, résonnant dans ses oreilles comme un tambour prêt à exploser.


Elle essaya de reculer, mais ses jambes restaient figées, comme si le sol s'était solidifié sous elle. Elle se mit à respirer plus vite, chaque inspiration se faisant plus difficile. « Il faut que je parte, se dit-elle en serrant les poings, mais je ne peux pas quitter cet endroit... pas maintenant. »


— Vous ne comprenez pas, Varek, murmura-t-elle, terrifiée. Ce que vous avez créé n’est pas naturel.


Varek haussa les épaules, un léger rictus sur les lèvres. « Qu'est-ce que ça peut bien changer ? » se dit-il, se demandant s'il devrait vraiment se soucier des opinions de Pauline.


— Naturel ou non, ces êtres sont la clé de notre avenir. Ils seront capables de manipuler des forces incroyables. Imaginez ce que nous pourrions accomplir avec une armée de ces Hybrides. Le pouvoir qu’ils détiennent… c’est celui des dieux.


Pauline se détourna, le cœur lourd. « Ça ne peut que mal tourner », pensa-t-elle, en serrant les poings. Elle s’appuya contre le mur, le regard fixé sur le sol, essayant de repousser les pensées sombres qui l’assaillaient. Ces Hybrides n’étaient pas de simples expériences scientifiques ; elle le savait au fond d’elle. Ils étaient les produits d’une alliance contre nature entre la science et l’occulte.


Ce qu’elle avait vu dans le laboratoire la hantait : ces regards vides, cette souffrance palpable.


« Varek croit pouvoir tout maîtriser », murmura-t-elle inaudiblement, la voix tremblante d’un mélange de colère et d’effroi. « Mais ce pouvoir... il est au-delà de son contrôle. »


Elle ferma les paupières, se demandant si quelqu'un d'autre ressentait cette même terreur, cette certitude que les forces du mal étaient déjà en train de s’éveiller.


Varek, le regard perçant, agrippa l’épaule gauche de Pauline d’une main ferme.


— Venez, suivez-moi, murmura-t-il d'une voix basse, l'entraînant à travers un dédale de couloirs sombres.


L’atmosphère pesante de ce bâtiment isolé lui donnait la chair de poule. Elle sentait son cœur battre plus vite, chaque pas résonnant dans le silence.


Il marchait d’un pas sûr, habituellement maître de cet environnement cloisonné. Pauline, quant à elle, se força à rester concentrée, ses pensées tourbillonnaient. « Pourquoi était-elle ici ? Qui l'attendait de l’autre côté ? »


Ils arrivèrent devant une grande porte de métal. Varek s’arrêta, la fixa un instant, ses yeux scrutant les siens.


— Êtes-vous prête ? demanda-t-il, une note d’inquiétude sous-jacente dans sa voix.


Elle inspira profondément, tentant de cacher sa nervosité.


— Je... je crois que oui, répondit-elle, bien qu’un frisson lui parcourût l’échine. Elle pouvait sentir son pouls s'accélérer alors qu’il penchait la tête, prêt à pousser la porte. « Cette rencontre changera tout », pensa-t-elle.


— Pauline, dit-il doucement, mais avec une intensité palpable. Ces hommes que vous allez rencontrer détiennent la clé de tout. Ce que vous avez vu et ce que vous allez entendre ici ne doit jamais franchir ces murs. Il marqua une pause, observant le regard de Pauline pour s'assurer qu'elle comprenait l'importance de ses mots.


La porte s'ouvrit dans un grincement lourd, Pauline retint son souffle, prête à affronter ce qui l’attendait. Elle entra dans une salle de conférence faiblement éclairée, ses pas hésitants sur le sol carrelé. Plusieurs individus en costume et blouse blanche étaient déjà présents, la regardant tout en discutant à voix basse.


Au centre de la pièce, un homme se tenait droit, dominant par sa stature et son aura d’autorité froide. Varek lui fit un signe de tête :


— Voici le Professeur Kennywood, murmura-t-il à Pauline, sa voix teintée d'une respectueuse crainte.


Pauline scruta l'homme. Ses cheveux argentés étaient soigneusement peignés, et son regard calculateur parcourait la pièce, évaluant chaque individu. « Il a l'air de savoir exactement ce qu'il veut », présuma-t-elle, une légère anxiété se mêlant à son admiration.


Varek poursuivit, visiblement mal à l'aise.


— C'est l'un des architectes du projet, une figure aussi mystérieuse qu’influente.


Pauline ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine froideur émanant de lui, comme si son dévouement à ses recherches l’isolait des émotions humaines. « À quel prix ? » se demanda-t-elle. L’intensité de son regard et son charisme étaient indéniables, mais elle ne pouvait ignorer les rumeurs qui circulaient sur ses méthodes.


Elle se redressa, déterminée à ne pas montrer sa nervosité. « Il n'hésitera pas à manipuler, trahir et éliminer quiconque se dresserait sur son chemin », pensa-t-elle en réprimant un spasme.


Kennywood tourna la tête vers elle, et pour un instant, leurs regards se croisèrent. Pauline sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale., mais elle sut garder son expression neutre. Son autorité et son intelligence perçante l’auraient facilement convaincue de suivre ses idéaux, mais elle restait sur ses gardes.


Varek s’avança et, d’un geste ferme, présenta Pauline.


— Voici Pauline Lemoine. Ce n’est autre que la fille de ceux sans qui notre projet n'aurait jamais vu le jour, Léa et André Wullschleger. Elle est désormais prête à contribuer à nos besoins et à sa manière.


— Vous connaissiez mes parents, s’exclama-t-elle abasourdie.


Tous les regards se tournèrent vers elle, certains empreints de curiosité, d’autres de méfiance. Pauline sentit son cœur s'accélérer sous ce déluge d'attention. « Que veulent-ils de moi ? » pensa-t-elle, un courant glacé la traversa. Cependant, le fameux Professeur Kennywood était celui qui attira le plus son attention. Elle crut voir une ombre sombre près de lui, comme une aura malfaisante qui l’entourait. Un frisson d'inquiétude lui traversa l'esprit.


Elle lui sourit à demi, tentant de masquer sa surprise. « Tout va bien, Pauline, tu es ici pour une seule raison », se murmura-t-elle intérieurement. Pourtant, la distance froide dans son regard la glaça. Ce sourire, bien que visible, ne se reflétait pourtant pas dans ses yeux. « Qu'est-ce qu'il cache vraiment ? » se demanda-t-elle.


Kennywood l'observait en silence, un léger rictus sur les lèvres, elle pouvait presque sentir son évaluation, comme s’il scrutait son âme. Pauline savait que cette rencontre marquait un point de non-retour. « Il doit avoir un plan », pensa-t-elle. Les vérités qu’elle chercherait à obtenir ici seraient teintées de manipulations, et elle devait se préparer à naviguer dans un terrain dangereux où la moindre erreur pourrait lui coûter cher.


Puis, au fond de la salle, à demi caché par un homme en blouse blanche, elle reconnut Jeff. Son cœur battit à tout rompre. « Que fait-il là ? » se demanda-t-elle, le souffle court. Il était censé être de son côté, son allié dans cette quête obscure. Pourtant, le voir ici, au milieu de ceux qu’elle considérait comme des antagonistes, fit naître un doute profond en elle. Ses pensées tourbillonnaient comme une tempête dans son esprit.


Jeff leva la tête et croisa son regard. Une fine ligne de tension se dessina sur son front. « Pourquoi ne montre-t-il aucune surprise ? » Une vague d’angoisse la traversa. « Est-ce un avertissement ? Jouait-il un double jeu, se faisant passer pour son ami tout en la manipulant depuis le début ? » Une question plus sombre s’insinua : « Et s’il l’avait trahie, en secret, œuvrant pour ces forces dont je ne connais que la surface ? » Chaque geste de Jeff, chaque mot échangé entre eux par le passé, prenait soudain une teinte suspecte. « Était-il là pour la piéger, pour l’entraîner plus profondément dans un piège qu'elle n’avait pas encore décelé ? »


Une sueur froide perla sur son front. « Jusqu’où irait-il pour parvenir à ses fins ? » murmura-t-elle presque pour elle-même, cherchant des indices dans leurs souvenirs communs. Il lui avait toujours semblé loyal, mais cette présence ici remettait tout en question. « Est-il vraiment de mon côté ? »


Elle se retrouva face à un dilemme, un frisson d'angoisse la parcourant : « Devrait-elle continuer à lui faire confiance, à croire qu’il agissait pour son bien, ou devait-elle se préparer à une trahison imminente ? » Le poids de cette décision la paralysait, ses jambes frémissaient légèrement sous elle, tandis qu'une ombre menaçante semblait se profiler dans son esprit, prête à frapper au moment où elle s'y attendrait le moins.

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