Le problème de ses collègues étant désormais "résolu", Kennywood, toujours implacable et sans la moindre once de remords, poursuivit ses objectifs secrets avec une froide indifférence. Sans plus aucun frein moral pour contenir ses ambitions démesurées, il plongea tête baissée dans ses projets macabres, décidé à exploiter tout le potentiel des manuscrits. Léa et André n’étaient désormais que des souvenirs lointains, balayés du chemin, et avec eux, toute opposition à ses sombres desseins.

La suite des expériences furent menées dans un secret absolu, entourées d’une discrétion paranoïaque. Kennywood, bien qu’obsédé par la réussite, comprenait l'importance de ne pas attirer l’attention des autorités, ni des sceptiques. Il avait mis en place un réseau complexe de faux projets et de documents pour masquer ses véritables activités. Les volontaires humains, naïfs et avides de croire en des promesses de traitements médicaux révolutionnaires, furent recrutés sous couvert de recherches sur des maladies rares et incurables. Ils n’avaient aucune idée que leur ADN allait être manipulé de façon radicale, modifié à l’aide de fragments tirés des mystérieux diagrammes, soigneusement codés dans leurs séquences génétiques.

Ce qui, au départ, n'était qu'une étude théorique, devint rapidement une série d’expériences audacieuses et dangereuses, où les limites éthiques étaient volontairement ignorées. Kennywood n’avait plus de conscience pour le freiner. Chaque test, chaque injection, se rapprochait un peu plus de l’interdit, flirtant avec des forces que même lui ne pouvait pleinement comprendre.

Le processus de modification de l’ADN était fascinant, mais terriblement risqué. Les séquences injectées, dérivées des diagrammes anciens, n’avaient jamais été testées sur des organismes vivants, et personne ne pouvait prédire les effets réels sur l’homme. Les chercheurs, sous la direction de Kennywood, s’acharnèrent à décrypter ces fragments cryptiques, convaincus qu’ils renfermaient des secrets capables de transcender les lois de la biologie. Chaque injection introduisait des modifications précises, censées résonner avec les forces mystérieuses évoquées dans les textes anciens. L’objectif final n’était pas seulement de créer des êtres capables de prouesses surhumaines, mais de permettre à ces individus de se connecter à la trame profonde de la réalité, d’interagir avec les forces invisibles qui régissaient l’univers.

Les débuts furent prometteurs. Les premiers cobayes ne montrèrent aucun signe extérieur de malaise. Les chercheurs observaient, fascinés, alors que les cellules des volontaires réagissaient de manière inattendue mais positive aux séquences introduites. Chaque cellule semblait s’adapter, se remodeler, comme si elle répondait à un appel ancestral. Au départ, tout semblait sous contrôle.

Mais très vite, des anomalies commencèrent à apparaître. Les cobayes, bien qu’apparemment en bonne santé physique, montrèrent des signes subtils de changement. Leur comportement devint étrange, leurs perceptions s’altérèrent. Certains rapportèrent des sensations inexplicables : une hypersensibilité à leur environnement, comme s'ils pouvaient ressentir les vibrations du monde qui les entourait de manière plus intense. D’autres décrivirent des impressions de connexions à quelque chose de plus grand, une force mystérieuse, cachée derrière la réalité visible. Ils parlaient de "chuchotements" dans leur esprit, d’images fugaces de mondes inconnus.

Puis, les choses prirent une tournure plus inquiétante. Ce qui avait commencé comme de simples sensations déconcertantes devint rapidement incontrôlable. Certains sujets souffrirent de crises d'hallucinations violentes, se retrouvant piégés dans des états altérés de conscience, incapables de distinguer la réalité des visions cauchemardesques qui les assaillaient. Leurs récits étaient troublants : ils parlaient de distorsions temporelles, où le temps semblait se ralentir ou s'accélérer de manière irrégulière, et de la présence oppressante d’ombres invisibles qui les observaient en silence.

D’autres cobayes perdirent complètement le sens de l’espace et de leur propre corps. Ils affirmaient percevoir des lieux qui n’existaient pas, des paysages mouvants, comme si la réalité elle-même se fracturait autour d’eux. Les chercheurs, autrefois enthousiastes, commencèrent à douter. Mais Kennywood, bien que conscient de ces anomalies, restait convaincu que ces effets n’étaient que des étapes nécessaires dans leur quête.

Pour lui, chaque défaillance, chaque crise, n’était qu’un ajustement nécessaire pour affiner les résultats.

— Ce ne sont que des ajustements, répétait-il avec une froide assurance.

— Nous sommes à l’aube d’une découverte qui changera à jamais notre compréhension du monde, poursuivit-il.

L’équipe, prise entre fascination et crainte, continua les expériences. Ils étaient captivés par ce qu’ils voyaient, fascinés par la manière dont la frontière entre la science et ce que beaucoup auraient qualifié de "magie" semblait s'effacer. Ce qui avait commencé comme une simple exploration scientifique s’était transformé en une obsession. Les chercheurs étaient piégés dans un tourbillon de découvertes aussi excitantes que dangereuses. Le laboratoire de Kennywood, autrefois un lieu de recherches académiques, devint un théâtre d’expérimentations toujours plus risquées. L'atmosphère y était devenue oppressante, comme si les murs eux-mêmes absorbaient les énergies libérées par les manipulations de l’ADN.

Kennywood, désormais libéré de toute entrave morale, poursuivait sa quête insatiable. Pour lui, le voyage vers l’inconnu ne faisait que commencer, et il était prêt à tout sacrifier, y compris des vies humaines pour percer les mystères des manuscrits et prendre le contrôle des forces invisibles qui régissaient la réalité. Ce n'était plus une question de science, mais de pouvoir absolu.