Chapitre 17 : Ebauche d’un Cauchemar

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Pauline n’avait toujours pas compris le lien profond entre elle et le projet Codex Obscura. Malgré les révélations de Kennywood et les fragments d’informations qu’elle avait recueillis, elle se sentait perdue, incapable de saisir pourquoi elle avait été choisie. Pourquoi elle ? Qu’avait-elle de plus, ou de moins, que les autres ? Ses souvenirs d'enfance étaient flous, et chaque tentative pour les fouiller se heurtait à un mur de confusion. Pourtant, une nuit, alors que ses pensées tourbillonnaient d'incertitudes, elle fit un rêve étrange, un rêve qui, pour la première fois, semblait apporter des réponses.

Dans ce rêve troublant, Pauline se revoyait bébé, bercée par une douce lumière tamisée. Immobile dans son berceau, elle était entourée de silhouettes familières. Ses parents. Ils semblaient plus jeunes, presque méconnaissables, mais elle savait que c’était eux. Ils chuchotaient, comme s’ils craignaient d’être surpris. Malgré leurs voix basses, leurs mots résonnaient en elle, clairs et effrayants.

— Tu es sûr que c'est la bonne dose ? demanda sa mère, l'inquiétude perçant dans son ton.

Son père répondit d'une voix résolue, presque glaciale :

— Nous n’avons pas le choix Léa. Si nous n'agissons pas maintenant, elle ne sera jamais prête pour ce qu’ils attendent. Le projet dépend d’elle.

Pauline, dans son rêve, voulut crier, protester, mais elle n'était qu’un nourrisson, impuissante. Elle regardait ses parents s’approcher avec des seringues et des fioles contenant un liquide sombre. Leur conversation reprit, encore plus sinistre.

— Ce ne sont que des ajustements, murmura son père. Son ADN doit être modifié tant qu'elle est encore malléable. Ils nous ont assuré que cela ne lui ferait aucun mal... au contraire, cela fera d’elle quelqu’un de différent, d’exceptionnelle, d’unique.

Sa mère, hésitante, s’approcha du berceau. Avec une tendresse mêlée de crainte, elle injecta le liquide dans le bras minuscule de Pauline. Le bébé – elle-même – poussa un cri aigu qui déchira l’air, tandis que ses parents se penchaient, graves et déterminés.

Pauline se réveilla en sursaut, le souffle court et le cœur battant à tout rompre. Encore secouée, elle s’assit sur son lit, trempée de sueur. Ce rêve… ce n’était pas une simple invention de son esprit. C’était un souvenir, enfoui depuis des années, que son subconscient venait de faire remonter. Ses parents, ces figures en qui elle avait toujours eu confiance, avaient fait d’elle un sujet d'expérimentation, un objet de recherche dans une quête scientifique effrayante.

Et soudain, la vérité s’abattit sur elle comme une vague glacée. Elle était la clé. Ce n'était pas un artefact, ni un ancien secret enfoui dans un manuscrit. Ce qu'ils cherchaient, ce qu’ils avaient façonné, c’était son propre ADN. Mais pourquoi ?

Tout ce qu’ils avaient fait, depuis sa naissance, les manipulations génétiques, les injections, n’avaient eu qu’un seul but : la préparer pour un rôle qu’elle n’avait jamais voulu. Ses parents l’avaient modifiée pour qu’elle devienne un pont entre la science et un futur énigmatique. Le projet Codex Obscura, ce projet qu'elle peinait encore à comprendre, dépendait entièrement d’elle et de ce qu’ils avaient fait à son corps. Kennywood le savait, mais ignorait encore l'étendue de son rôle. Et elle devait utiliser cette ignorance à son avantage.

Pauline réalisa que tout ce qu’elle était, tout ce qu’elle avait été, n’était qu’un instrument dans un plan qui la dépassait. Chaque fibre de son être avait été forgée pour déverrouiller des secrets que personne d'autre ne pouvait atteindre. Mais alors qu’elle commençait à assembler les pièces de ce casse-tête terrifiant, une autre question s'imposait : jusqu’où était-elle prête à aller pour découvrir ce qui l’attendait réellement ?

Dans l’ombre, quelque chose, ou quelqu’un, se préparait à frapper.

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