Chapitre 6
Arwenne ouvrit lentement ses petits yeux.
Elle avait bien dormi et les souvenirs de son étrange rêve lui revinrent.
Lors de ce songe, elle avait aperçu une femme portant une couronne sertie de pierres précieuses, aussi brillante que la surface de l'eau au soleil, et qui lui tendait les bras. Elles se ressemblaient tant. Le contact chaleureux de sa peau lorsque celle-ci l'avait prise dans les bras ; cela lui avait paru si réel ! Une odeur de gardénia se dégager de ses longs cheveux argentés de la femme et celle-ci n'avait prononcé aucun mots. Elle s'était contentée de la regarder intensément tout en lui souriant.
Comme son coeur aurait aimé ne jamais quitter ce rêve ! Comme elle espérait qu'il soit vrai ! Arwenne était très perturbée et les questions fusaient dans son esprit. Quel pouvait donc être ce royaume ? Existait-il vraiment ? Où se trouvait-il ? Et cette femme ? S'agissait-il de sa mère ?
Notre jolie fée secoua la tête pour se ressaisir. Elle se sentait coupable d'y avoir pensé alors qu'elle venait tout juste de quitter celle qui fut la sienne depuis tant d'années....
Elle déploya ses petites ailes, prit le gland transformé en bouteille et y but jusqu'à plus soif. L'eau était fraîche et possédait un léger goût de baie de sureau, ce qui raviva ses papilles et lui donna faim. Elle croqua un morceau de la baie qui s'y trouvait et la saveur sucrée lui fit du bien, tant dans la bouche que dans le cœur. Elle avait le goût de sa vie auprès de Luna qui depuis sa plus tendre enfance, lui en ramenait une chaque matin. Au souvenir de ce geste, elle ressentait tout l'amour que sa mère adoptive lui portait. Qu'importe qui se trouvait au bout du chemin. Dans son coeur cela ne pouvait être autrement.
Une larme coula le long de sa joue. Une larme de gratitude pour rendre honneur à tout ce que la belle mésange avait fait pour elle. C'était la première fois qu'Arwenne se trouvait aussi loin d'elle, et le doux chant de Luna lui manquait déjà.
Elle ferma les yeux, replia ses jambes en tailleur et prit une profonde inspiration.
— Je t'aime maman...Je t'aime tellement. Tu m'as sauvé la vie, aimée et choyée alors que je ne te ressemble pas.Tu as placé tant d'amour dans mon cœur quasi gelé...merci... merci par les astres, par la lune et le soleil. Merci, chuchota-t-elle si doucement que ce ne fut qu'un souffle entre ses lèvres.
Un souffle porteur de tant d'amour qu'il viendrait, espérait-elle, caresser les plumes de Luna comme une douce brise de vent pour lui témoigner son affection.
Arwenne ouvrit enfin les yeux. Des yeux animés d'une force conquérante et continua son monologue d'une voix aussi puissante que sa petite taille lui permettait.
— Je trouverai le Loup, je te le promets ! Je suis forte et courageuse ! Je ne crains ni le froid, ni le vent ! Tant qu'en mon cœur existe l'amour des êtres que j'aime, je serai forte ! Non, ma mére, quoi qu'il arrive, jamais je ne serai ingrate envers toi et je t'aimerai toujours comme tu le mérites !
La fée leva le gland de ses deux bras, comme en offrande au soleil qui avait pris la place de la lune à l'entrée du nid.
— À ma mère ! À toi soleil ! À ta sœur lune ! À Terre-Mère ! Que mon destin s'accomplisse !
Arwenne but alors d'une traite le restant de la rosée comme pour rendre hommage à tous ceux qui avaient fait d'elle la petite fée courageuse qu'elle était devenue.
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