Chapitre 8 - Le papillon

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Juste avant de quitter la clairière, Arwenne aperçut un magnifique papillon posé sur une jacinthe des bois violette, prenant un bain de soleil.

Les ailes du papillon étaient comme les siennes, transparentes, aux reflets bleutés, et bien plus grandes que son corps, ce qui ne lui échappa pas. Jamais elle ne vit cette espéce dans sa contrée, et poussée de nouveau par un élan de curiosité, elle décida d’aller à sa rencontre.

Notre jolie fée se posa au pied de la fleur sur laquelle il était posé.

— Il fait beau aujourd'hui , n'est-ce pas ? lança-t-elle à l’attention du beau papillon.

Aucune réponse. Il restait impassible, ne daignant même pas la regarder.

Mais Arwenne ne se démonta pas, prit plusieurs pierres se trouvant non loin, et en fit un piédestal. Elle dépassait désormais la fleur et se retrouva nez à nez avec lui. Cherchant à capter son regard, elle lui fit un immense sourire, toutes dents dehors.

La réaction du papillon ne fut pas celle espérée. Non... Il la regarda, choqué, sans rien dire, et n’osant bouger.

J’ai dû lui faire peur en souriant bêtement comme ça ! Zut ! pensa-t-elle.

— J'aime beaucoup les jacinthes des bois, mais je préfère tout de même le muguet ! continua-t-elle, cette fois-ci, d’un visage neutre. Je suis pressée que les petites clochettes apparaissent. J'aime m'en faire des petites jupes et des petits chapeaux. Avec maman, nous les adorons !

Le papillon lui tourna le dos et déploya ses grandes ailes annonçant son départ imminent.

— Non ne partez pas ! s'empressa-t-elle de lui dire d'une voix plus forte.

— Et pourquoi donc ? lâcha enfin le papillon en se tournant vers elle. Tu me parles comme si nous nous connaissions et, désormais, tu me demandes de ne pas prendre mon envol. Tu es bizarre comme papillon, que ce soit dans ta façon d'être comme dans ton allure.

— Mon allure ? s'étonna Arwenne

Elle jeta un coup d’œil fugace à ses vêtements, et reconnut que la robe avait été faite à la hâte et, lui donnait une allure négligée. Elle détacha alors les fils qui maintenaient les pétales entre eux. La robe tomba au sol, laissant place à la précédente.

— Étrange papillon… dit-il dans un souffle, abasourdi par la scène qui se déroulait devant ses yeux.

— Mais je ne suis pas un papillon !

— Et qu'es-tu donc alors ? Comment peux-tu muer aussi vite ? En plus, tu es énorme ! Gigantesque même ! fit le papillon rabattant ses ailes l'une contre l'autre.

Il s’avança et fit dépasser sa tête de la fleur pour regarder Arwenne de la tête aux pieds. Chose faite, il reprit sa place, lorgnant silencieusement notre petite fée.

— Énorme...répéta-t-il. Je pèse mes mots, sans jeux de mots...s'amusa-t-il.

— Je ne sais pas exactement...commença notre fée, faisant fi de la remarque du papillon. Mais je ne suis ni un papillon, ni une abeille, ni même un oiseau. C'est justement ma quête vois-tu, je cherche mes semblables ! lui déclara-t-elle, bombant le torse, d’une voix claironnante.

— Ta quête ? Tes semblables ? répéta-t-il surpris. Un papillon ne vit pas longtemps ! Ne perds pas ton temps dans des choses futiles, voyons ! Comment t'appelles-tu ?

— Je suis Arwenne, la courageuse et téméraire !

— Hé ben, dis donc, rien que ça ! pouffa le papillon, amusé de son audace.

— Et je te répète que, JE-NE-SUIS-PAS un PAPILLON ajouta-t-elle, en accompagnant ses mots d’un large sourire et des battements de cils frénétiques. Et toi ?

— Moi je m'appelle Prune. Et je suis une dame Greta Oto.

Elle accompagna élégamment sa présentation d’une révérence, à l’aide de ses deux pattes avant, abaissant ses antennes jusqu’à ce qu’elles touchent la surface de la fleur.

— Je suis heureuse de te rencontrer, Prune. Tes ailes ressemblent tant aux miennes...C’est ce qui m’a fait venir à ta rencontre. Je me suis dit q...

— Et tu t’es dit que j’aurais peut-être de grandes révélations sur ton espèce...la coupa-t-elle. C’est vrai qu'elles se ressemblent. Mais ça ne veut pas dire que nous sommes identiques, ma chère... Arwenne.

— Pourquoi ? lui demanda-t-elle, immobile, sa petite tête surplombant à peine la fleur, admirant les ailes de Prune.

— Parce que c'est ainsi ma chère...Chez nous les papillons, nous sommes des « papillons » certes, mais n'avons pas tous les mêmes ailes par exemple, ni le même mode de vie. Pour ma part je vis le jour, d'autres vivent la nuit...Peut-être, est-ce ainsi aussi dans ton espèce ? Pour ce qui est de tes semblables, leurs ailes ne t’aideront peut-être pas à les identifier.

— Mais j’ai des ailes, mes semblables en ont sûrement aussi ! objecta la jolie fée.

Elle se mit sur la pointe des pieds, pour se rapprocher encore de Prune, faisant pencher dangereusement la fleur sous son poids.

— Pas forcément, ton erreur vient de là. Ton "espèce" et tes "semblables", ce n'est pas les mêmes choses... tu vois ce papillon jaune là-bas ? lui demanda-t-elle en désignant d’un mouvement de tête, un papillon d’un jaune éclatant posé sur un coquelicot rouge vif.

Arwenne tourna la tête, aperçut à son tour le papillon et hocha la tête.

— Elle se nomme Solas...et comme tu le constates, c’est un papillon,oui, même si nous n’avons pas les même ailes, elle est tout de même de mon espèce. Nous sommes d’accord ?

— D’accord, se contenta de répondre Arwenne, fixant encore Solas, qui se prélassait elle aussi sous un rayon de soleil, ne battait ses ailes que par à-coups de temps à autre.

— Maintenant regarde là-bas, lui ordonna Prune gentiment, d’un coup de tête cette fois-ci, vers la gauche. Tu vois la libellule qui arrive vers nous ?

Arwenne tourna la tête et constata, étonnée, qu’une grande libellule aux teintes vert émeraude et bleu irisé, se dirigeait dans leur direction.

— Mais que fait une libellule dans une clairière. Elles sont plus coutumières des roseaux et des points d’eau ! s’empressa-t-elle de demander à Prune.

Celle-ci se mit à rire. D’un rire mélodieux.

— C’est mon amie, Wainbow ! Elle fait tout ce chemin pour me rendre visite, c’est tout... J’ai choisi de faire d’elle, ma semblable... Quant à Solas là-bas, nous sommes de la même espèce, oui mais nous ne nous apprécions pas. Comprends-tu ?

— Je n’en suis pas sûre…répondit Arwenne fronçant ses sourcils, en proie à l’incompréhension.

— Tes semblables sont ceux qui te ressemblent, c’est vrai… Mais si la ressemblance était... au-dedans ?

Les yeux d’Arwenne s’écarquillèrent lorsqu’elle comprit enfin où Prune voulait en venir.

— Luna... Aurore... Les abeilles de mon sapin…. Hopus le lièvre qui vit près de nous...ce sont mes semblables alors ? J’ai déjà trouvé mes semblables, dis-tu ?

— Je ne sais pas qui sont ces gens, mais si tu as pensé à eux, c’est qu’ils ont une grande place dans ton cœur. Oui, tu as compris, ma chère, où je voulais en venir, déclara Prune, en lui souriant tendrement, se rapprochant d’elle pour toucher et caresser d’une de ses pattes sa joue. Je dois partir Arwenne...Je suis désolée, mon amie arrive et nous avons prévu de batifoler dans les airs.

Prune déploya et fit battre de nouveau ses ailes, sous le regard d'Arwenne et monta gracieusement au dessus de la jacinthe pour montrer à son amie son exact emplacement.

— Mon temps est compté, voila une chose unique en mon espèce, et je compte le partager avec mon amie ! Je suis ravie d'avoir fait ta connaissance ! Même si tu es bizarre... je te souhaite d’apaiser ton coeur ! lui lança Prune la surplombant déjà, ce qui obligea Arwenne à lever sa tête vers le ciel, pour ne pas la perdre de vue.

— Moi aussi ! hurla Arwenne, battant son bras dans les airs pour la saluer. Merci Prune ! merci beaucoup ! Ta sagesse est un cadeau de Terre-Mère !

Dans les rayons aveuglants du soleil, là, dans cette magnifique clairière aux étranges et extraordinaire habitants, Arwenne vit Prune et Wainbow se rejoindre, et tourner l’une autour de l’autre pour exprimer leur joie de se retrouver, ce qui lui fit chaud au cœur. En les voyant, elle repensa à tout ceux qu’elle aimait et fut heureuse, apaisée par son cœur devenu plus léger que la veille.

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