Le Cas Kimberly Schwartz, Partie 2

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ATTENTION, CE CHAPITRE CONTIENT DES PASSAGES POUVANT HEURTER LA SENSIBILITE DE CERTAINES PERSONNES.

Ma voix semble la transpercer et lui fait reprendre ses esprits. Elle reste statique tandis qu'un infirmier fait irruption dans la salle.

- Tout va bien professeur, me demande-t-il, en fixant ma patiente.

- Oui Laurence, tout va bien.

- Très bien, monsieur.

Et il referme la porte. Kimberly étant calmée, je l'invite à s'asseoir et à poursuivre son récit. Elle m'explique que son frère a fait ça pour elle, pour que ses parents cessent de se disputer constamment.

- Et à ce moment, il s'approche de papa et lui plante son couteau entre les deux yeux. Je l’entends gémir violemment et se tortiller mais il finit par tomber sur le côté, inerte. Jonathan réitère le même massacre avec maman en lui plantant son couteau dans la tempe gauche et elle s'écroule elle aussi. Il observe son oeuvre un instant et se retourne vers moi. S’approchant, il me met son couteau dans les mains. Il me dit que maintenant je suis libre mais qu'il reste à mes côtés pour me protéger des gens qui me veulent du mal.

- Et que fait-il ensuite Kimberly ?

- Il se brise le cou lui même devant mes yeux. Et je me retrouve toute seule au milieu de cet horreur, un couteau à la main.

À la fin de son histoire, elle s'effondra en sanglots. Pour ce que je sais de l’affaire, c’est un voisin qui avait prévenu la police. Celle-ci était tombée sur la petite Kimberly au milieu du salon, baignant dans le sang de sa famille. Malgré ce qu'elle avait pu dire, personne n'avait cru sa version des faits vu que l'on n'avait relevé que ses empreintes sur le couteau, son frère s'étant préalablement brûler les bouts des doigts à l'acide avant le meurtre.
Et c'est comme cela que cette petite s'était retrouvée dans cette institution.

- Je vois. Écoute Kimberly, ce rêve n'est que la réminiscence de ce qu'il s'est passé ce jour là. Tu dois accepter la réalité.

-La réalité, me dit elle d'un air perdu.

- Oui, la réalité. La réalité sur la mort de tes parents, sur la folie de ton frère et la réalité sur le fait que tu ne pouvais absolument rien faire pour empêcher ça.

-Mon frère voulait me sauver. Il me la dit.....

- Tu crois que c'est te sauver que de t'envoyer ici ?

- Au moins ici je suis en sécurité, je ne peux plus faire de mal à personne.

-Ce n'est pas toi la méchante Kim, c'était ton frère. Enfin. Je vais renouveller ton traitement et tu dois essayer de surmonter ce douloureux souvenir. On se revoit dans une semaine, ma grande.

J'appuie sur le bouton qui prévient l'infirmier que la séance est terminée et Kimberly quitte mon bureau escortée par Laurence.

- Pauvre petite. Encore une histoire tragique.

Ayant d'autres patients dans cet hôpital, je les reçois durant le reste de la journée.
22h, je vais pouvoir rentrer chez moi. En ce mois de novembre, la nuit était tombée depuis au moins quatre heures. Je commence à ranger mes affaires lorsque quelqu'un frappe à la porte de mon bureau.

-Entrez, répondis-je.

La porte s'ouvre et une personne entre. Il ou elle éteint la lumière principale, laissant pour seul éclairage la ridicule lampe posée sur mon bureau.

-Qui êtes-vous ?

La personne reste figée dans la pénombre.

- Bonsoir docteur Lang.

Je reconnais tout de suite cette voix légère.

- Kimberly ? Ne devrais-tu pas être dans ta chambre ?

Elle ne me répond pas, se contentant d'avancer vers mon bureau. Elle pénètre dans la zone d'éclairage de la lampe et c'est là que je l’aperçois.
Elle porte encore sa blouse, la même que portent tous les patients, mais elle est recouverte de sang. Elle a les yeux exorbités, elle me regarde avec le même air qu’on certains de mes patients les plus violents, un air de déviance, de folie pure. Elle continue à s'approcher de moi. Je laisse mes affaires et fait le tour de mon bureau. Je passe à côté d'elle mais elle ne bronche pas, elle continue de me sourire. C'est à ce moment que j'aperçois la seringue qu'elle a dans la main. Elle est, elle aussi, couverte de sang.
Pris d'une peur soudaine, je me rue vers la porte de mon cabinet. Je tâtonne au niveau de la serrure à la recherche d'une poignée qui a visiblement disparue.

- C'est cela que vous cherchez docteur, me demande Kimberly avec un petit sourire malsain.

Elle la tient dans sa main. Comment a-t-elle pu l’arracher ? Elle jette l’objet au fond de la pièce. Elle s'approche de moi, me prend par le col de ma chemise et me soulève comme un rien. Elle me lance avec une force incroyable contre la bibliothèque. À peine ai-je le temps de me relever, qu'elle me plante sa seringue dans la cuisse droite. Une douleur aiguë me traverse la jambe et je retombe à terre. Elle retire la seringue, me déchirant un nerf au passage, me rendant incapable de bouger.

- Kimberly, qu'est ce qui t'arrive ?

- Qui vous dit que vous parlez à Kim ?

Un cas de schizophrénie ? Elle n’en avait encore jamais montrée les signes.
Ses yeux s'écarquillent et un large sourire apparaît sur son visage.

-Encore une fois, vous avez faux, cher docteur. Ca devient lassant.

Le ton de sa voix a changé, il est plus agressif qu'avant.

- Pauvre homme, vous semblez complètement perdu.

Son phrasé aussi à changé.

- J'ai peut être l'apparence de Kim mais je ne suis pas Kim.

Je ne comprends absolument pas ce qu'elle veut dire. Je ne suis pas fou, c'est bien Kimberly Schwartz qui se tient devant moi.

-Pas tout à fait Mr Lang.

Quoi ? Elle a répliquée comme si elle avait sut ce que je pensais.

- Regardez-y de plus près, Mr le psychiatre.

Elle se rapproche de moi et c'est là qu'un détail me frappe.
Ces yeux, ils n'ont pas la même couleur que d'habitude. Kimberly a les yeux marron alors que là ils sont mauves.

- Qui êtes-vous réellement ?

C'est là qu'un souvenir me revient en mémoire, un détail dans le dossier de l'affaire. Durant l'autopsie, le médecin légiste avait relevé que les yeux de Jonathan avaient une particularité assez inhabituelle, ils étaient tous les deux de couleur mauve.

- Jonathan, lançai je sans y croire.

- Magnifique ! Enfin un diagnostic correct pour le brillant docteur Lang, vous avez mérité une récompense.

Elle part chercher un objet sur mon bureau et revient près de moi. D'un coup sec et sans crier gare, elle me plante mon coupe papier dans le foie. Une douleur effroyable me traverse et un hurlement inhumain sort de ma bouche. J'attends quelques secondes dans l'espoir que quelqu'un m'ai entendu mais personne ne vient.

- Je me suis assuré que personne ne nous dérange Mr Lang. Bien, maintenant que la vérité vous a sautée à la figure et vu que vous n'en avez plus pour longtemps, je vais tout vous expliquer.

Le sang se met à couler de la plaie et je tente de la colmater tant bien que mal avec ma main.
J'ai l'impression d'halluciner mais une curiosité malsaine me pousse à écouter son histoire.

-Tout commence il y a deux ans, quand j’ai découvert que je possédais un bien curieux talent. En effet, je m'étais rendu compte que je pouvais m'immiscer dans la psyché d'autrui. Pour faire simple, j'étais capable de lire dans les pensées des gens, de ressentir toutes leurs émotions et même de modifier les souvenirs des esprits les plus faibles. Longtemps, j'ai abusé de ce merveilleux don avant de me rendre compte que ce pouvoir pouvait m'aider à protéger ce que j'avais de plus précieux au monde, ma chère petite sœur.

Délire paranoïaque et syndrome de l'ange gardien, c'était bien Jonathan le fou.

-J'ai alors entrepris de tuer tous ceux qui lui faisaient du tort, continue-t-elle. Je m'en suis d'abord pris à certains de ses profs et certains des élèves de son lycée, les forçant à se suicider ou les rendant fous.
Mais ce n'était pas suffisant, elle avait toujours cette peine au fond du cœur.

Écoutant son histoire, j'essaie également de comprendre comment pouvez fonctionner son pouvoir. Peut être peut il contrôler la fréquence vibratoire des ondes cérébrales ? Je n'y crois pas vraiment mais le fait est que c'est bien Jonathan qui est en train de me parler à travers le corps de sa sœur.

-C'est là que je me suis rendu compte que c'était nos parents le vrai problème. Étant en instance de divorce, ils faisaient de nos vies un enfer et surtout pour Kimberly. Je les ai alors tués, comme vous le savez déjà. Mais quand je l’ai fais, je me suis aperçu que je ne pourrais pas toujours la protéger. J'ai alors usé de mon pouvoir une dernière fois pour projeter ma conscience dans la sienne et fusionner avec. Ainsi je pouvais être constamment à ses côtés et la protéger quand il le fallait.

J'ai bien entendu ? La conscience de Jonathan est actuellement dans le corps de Kimberly.

-Cela explique qu'elle ressasse constamment le même rêve, lançais-je. Ta conscience parasite la sienne, tu es en train de la détruire Jonathan.

-Impossible ! Elle n'a pas conscience que je suis présent en elle. Et lorsque je sors, sa propre conscience entre en sommeil et elle ne se souvient de rien.

-Même si elle n'a pas conscience de ta présence, ton esprit est plus puissant que le sien. Tu vas finir par la submerger et son esprit disparaîtra au détriment du tien. C'est ça que tu veux Jonathan !? Tout ça pour ça, gloussai je.

- La ferme !

Dans un excès de colère, elle me plante le coupe papier dans la gorge. Je sens ma carotide palpiter violemment et le sang se met à couler abondamment, salissant le tapis oriental qui décore mon bureau.

- Sale psy d'opérette ! Ma Kimberly est forte et jamais elle ne disparaîtra. Tu m'entends, JAMAIS !! JE SUIS SON ANGE GARDIEN, C'EST POUR CELA QUE JE SUIS NÉ AVEC CE DON !

Et il continue de me planter le coupe papier là où il peut encore. Jambe, bras, poumons, estomac, œil, il mutile mon corps sous l'effet de la colère. Pour ma part, je ne ressens plus rien. Mon corps a cessé de bouger, mon cerveau ne reçoit presque plus aucune information et mon esprit est en train de partir. Malgré tout je parviens encore à entendre. Et à ce moment j'entends Jonathan parler mais ce n'est pas sa voix, c'est celle de Kimberly.

- Arrête Jonathan ! Le docteur avait raison, tu es fou et tu n'as jamais voulu mon bien.

- C'est faux Kim. Je n'ai toujours voulu que ça, tu dois me croire, répond la voix de Jonathan.

- Tu vis dans une illusion mon frère et je vais t'en faire sortir.

Malgré ma vue qui se trouble petit à petit, je parviens encore à voir Kim tenter de se poignarder elle même jusqu'à ce que son frère la stoppe. Son bras gauche retenait son bras droit.

-Arrête Kim, tu ne sais pas ce que tu fais. Je ne voulais que ton bien !

-Tu trouve que je vais bien Jonathan !?

Le coupe papier se rapprocha encore un peu plus de la poitrine de Kimberly. Elle reprenait le dessus petit à petit.

- Si tu fais ça Kim, nous mourrons tous les deux !

-Qu'il en soit ainsi, si ca peut mettre fin à ta folie.

Et, avec une force insoupçonné, Kimberly se plante le couteau dans le cœur.
Jonathan émet un dernier cri désespéré avant que Kim ne tombe à genoux.
Elle crache du sang et pose ses mains par terre, fixant le tapis devenu rouge.

-Papa, maman, vous pouvez reposer en paix. Je vous aime, dit-elle faiblement.

Ma vue est devenue complètement floue, je ne distingue même plus les formes. Mais je sais à cet instant qu'elle me regarde.

- Vous avez vu docteur, je crois que je suis guérie.

Oui Kimberly, tu es guérie, pensai-je. Tu peux quitter cet hôpital en paix.

Et elle s'écroule, raide morte. Malgré le fait que je n'y vois plus rien, je sens qu’elle me sourit avant de mourir.

Et je commence à partir moi aussi quand une dernière pensée me vient en tête.

Un cas exceptionnel. Vraiment exceptionnel.

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