24 heures plus tard.

Après le massacre, le calme était revenu sur les Champs Élysées. Une légère détonation retentit très haut dans le ciel. Quelques secondes plus tard, un homme en armure atterrit sur l'arc de triomphe.

Il contrôla les conditions climatiques et le taux de radiations et établit la connexion avec le Cube.

-Cube, ici Dust, me recevez-vous ?

-Dust, ici Cube. Nous vous recevons cinq sur cinq, répondit le général à des milliers de kilomètres de Paris.

Le général et les professeurs Bringer et Vangler suivaient l'opération via une micro caméra installée sur le casque de Dust.

-Atterrissage sur site réussi, début de l'exploration.

-Bien reçu, Dust. Soyez prudent.

Le soldat Will Dust était un ancien membre des Navy Seals. Expert en infiltration et collecte d'informations, il avait quitté l'armée il y a un an pour rejoindre le corps armé de Vangler.

Dust était devenu le garde du corps personnel de Wayne Vangler.

Will sauta de l'Arc et atterrit lourdement par terre. Le puissant exosquelette intégré à l'armure augmentait la puissance et la résistance du soldat Dust.

Il arriva sur l'avenue principale et découvrit un paysage de mort. Lui qui avait connu cette avenue avant le cataclysme ne reconnaissait absolument rien. Tout n'était que mort et désolation autour de lui. La végétation, autrefois abondante, était restée figée dans un état de calcination avancée. Les magasins et immeubles haussmanniens étaient, eux aussi, dans un état pitoyable.

-Trois ans et toujours ce paysage fantomatique. Will jeta un œil aux capteurs de sa combinaison.

-Niveau de radiations stables, je m'engage sur l'avenue.

-Bien reçu, lança le général. Soyez prudent.

Il s'avança, tous ses capteurs mesurant toutes les fluctuations autour de lui. Il s'approcha de ce qu'il restait d'un des arbres qui bordaient jadis les trottoirs de l'avenue. Il était, comme tous les autres, calciné. Lorsque Dust passa sa main dessus, l'écorce tomba en cendre.

"Quelle tristesse, songea-t-il."

Et il reprit sa route.

Le soldat continua sa marche pendant vingt bonnes minutes mais l'avenue était déserte.

-Cube, ici Dust. Toujours rien ici, du nouveau de votre côté ?

-Calme plat de notre côté aussi. Restez vigilant.

-Très bien. Dust, terminé.

Au Cube, la tension était haute.

-Vous pensez que ces créatures vont se manifester, demanda le général.

-Il y a de fortes chances, lui répondit le professeur Vangler. Ce sont des bêtes sauvages et nous avons envahi leur territoire, ils vont chercher à nous chasser. N'ai-je pas raison Rose ?

Mais le professeur Bringer ne l'écoutait pas, elle était focalisée sur l'écran principal, qui indiquait les relevés des capteurs de la combinaison de Dust.

-Quelque chose ne va pas Professeur, demanda le général.

-La pression atmosphérique ainsi que le taux de radiations quantiques ont changés en même temps.

-Et qu'est-ce que ça signifie, s'interrogea le général.

-Pluie paradoxale, rétorqua Vangler. Dust, abritez vous tout de suite !

De l'autre côté de l'Atlantique, le soldat parut surpris.

-Pourquoi cela Monsieur ?!

-Abritez-vous, je vous dis !!

Le soldat s'exécuta et pénétra dans le premier magasin qu'il trouva.

Soudain, un violent orage gronda et une pluie torrentielle s'abattit sur l'avenue. Mais cette dernière n'avait rien d'une pluie normale. Chaque goutte qui s'abattait sur le sol ou sur les arbres émettait un son étrange, une sorte de tintement. Mais le plus étrange était que le paysage sous les yeux de Dust semblait changé à chaque goutte. Durant quelques secondes, il apercevait même des silhouettes semblant sorties d'une autre époque, qui disparaissaient alors qu'une nouvelle goutte tombait.

-Vous pouvez m'expliquer ce qu'il est en train de se passer dehors, demanda-t-il aux scientifiques du Cube.

-C'est un phénomène que l'on appelle "pluie paradoxale" colonel, répondit Rosemary. Cette pluie se produit lorsqu'un nuage saturé en particules quantiques rencontre une vague radioactive ascendante. Le nuage décharge alors ses particules sous forme d'une violente pluie. Mais alors que la pluie en elle-même est inoffensive, les particules quantiques, elles, éclatent au contact d'une surface dure, libérant ainsi une effroyable énergie qui bouleverse le temps lui-même.

-Pour faire simple, conclut Vangler, tout ce qui est pris dans cette pluie oscille entre passé, présent. Aucun être vivant sur Terre ne peut survivre sous une telle pluie.

-Très bien, rétorqua le colonel Dust, impressionné. Je continue à l'abri.

-Soyez extrêmement vigilant colonel, lança Rosemary. Si la pluie s'intensifie, les bâtiments dans lesquels vous vous trouvez pourraient disparaitre eux aussi.

-Bien reçu.

Dust se remit alors en route et inspecta le magasin dans lequel il se trouvait. Le lieu semblait avoir été un ancien magasin alimentaire. Devant le colonel s'étendait des étagères encore remplies de produits. Le quartier était devenu un no man's land peu de temps après l'explosion de la Tempus et pourtant les rayons étaient intacts. Sandwichs, salades de fruits ou encore sodas étaient en parfaite conservation, comme si le temps avait été suspendu.

-C'est incroyable. Cube, vous recevez les images ? Au Cube, tous étaient subjugués.

-Comment expliquez-vous cela, demanda le général.

-L'hypothèse serait que la radiation quantique qui a eu lieu il y a cinq ans ai figée tous les êtres organiques dans le temps. Ainsi les bactéries qui auraient dû s'attaquer aux aliments n'ont pas pu le faire, et les aliments périssables ne l'étaient plus.

-Mais si la décharge quantique stoppe le vieillissement, lança le général, comment expliquer alors la présence de ces créatures et leurs évolutions ?

Les deux scientifiques restèrent muets, dans l'impossibilité de donner une réponse concrète.

-Sans vouloir vous déranger, rétorqua Dust, combien de temps est censée durer cette pluie ?

-Impossible à déterminer. Comme pour un orage ordinaire, cela dépend de la taille de la dépression.

-Donc, pour l'instant je suis piégé dans ce magasin. Génial....

Mais la pluie commençait à s'estomper. William se rapprocha de la porte du magasin lorsqu'il aperçut quelque chose dehors.