XIX
XIX
La semaine passa vite. Hugo revenais dormir chez moi presque tous les soirs. Il fit la connaissance de Camille qu’il aima beaucoup. La connaissance d’Hugo en matière de voitures l’impressionna. Hugo veux devenir ingénieur automobile alors les voitures, il connait bien ! La semaine suivante, je repris le lycée. J’en étais à presque huit mois et ça devenais vraiment difficile à le cacher. Mais curieusement, en public mon ventre dégonflait un peu. Comme ci, le bébé là-dedans, se cachait, ne voulait pas qu’on le voit. Je ne sais pas comment l’expliquer. J’ai regardé des forums de femmes enceintes et de mère-ado et comparé aux photos, mon ventre paraissait moins gonflé que les leurs. Bref, inutile de vous dire que c’était un enfer au lycée. Théa m’a proposé de manger avec Hugo puisque lui mangeait souvent seul. Je n’osais pas lui demander et elle l’a fait. Cette fille est un trésor ! C’est vrai que pendant son absence, les amis d’Hugo l'ontlaissé tomber. S’ils savaient ! Du coup on s’est mis à manger ensemble. C’était sympa. Théa parlait des dernières tendances mais on était plus vraiment dedans. On commençait à comprendre que notre vie d’adolescent normal était bel et bien finie. Peu à peu cette vie s’effaçait pour laisser place à une vie de parents. On s’identifiait de moins en moins aux autres. On avançait plus vite que prévue dans la vie. Jamais on aurait pu imaginer que ça nous arriverais. C’était là l’erreur, croire que ça n’arrivait qu’aux autres. On fait partie des autres maintenant. Mais en même temps, si j’avais eu le choix, est-ce qu’on l’aurait gardé ? Aurais-je avorté ? Est-ce que j’aurais été la même après un tel acte? Etait-ce mon destin ? La question du futur aussi me hante. L’accouchement va-t-il bien se passer ? Mes parents vont-ils l’accepter ? Que vont penser les autres s’ils venaient à l’apprendre? Où serais-je dans 10 ans ? Tant de questions sans réponses, j’étais perdue. Perdue dans cet univers d’interrogation. Je prenais alors vraiment conscience decette connerie. Au début, on ne la voit pas. On sent quelque chose mais on ne le voit pas. On ne connait pas cet étranger qui cohabite avec nous. Petit à petit, on le sent : des coups de pieds, son cœur qui bat... Cette vie se concrétise. On comprend que plus rien ne sera comme avant. On se remet en question. A la fin, il est trop tard. Cette nouvelle vie nous change complètement de l’intérieur. Nos priorités changent, nos ambitions aussi. On n’a plus le choix et on avance sans jamais se retourner, ni savoir ce qui va se passer...
Théa claque des doigts. J’ai perdu le fil de la discussion. ''Oui donc je disais...''
Je l’entends sans pour autant l’écouter. Mon esprit est ailleurs. On trie la vaisselle : cuillère, fourchette, assiettes…. Tout ça finit avalés par un immense lave-vaisselle. La sonnerie se fait retentir. Les cours reprennent. Je n’ai pas vraiment la tête à écouter le professeur. Je rêve silencieusement. Une fois les cours finis, je rentre chez moi, seule. Il n’y a personne : Camille est à l’école et Myriam au lycée. J’étais donc seule. J’enlevais mon manteau puis mes sweets. Je n’avais sur le dos qu’une chemise de grossesse. Je me suis assise sur mon lit et je contemplais la chambre bleue en face de moi. J’étais prête. Sur mon bureau et mon mur pendait mes fiches de révisions. Un postit rose fluo sur une pile de livre attira mon attention. Il y avait écrit: Médiathèque. ‘’Merde, les livres’’ m’exclamais-je en me rappelant qu’il fallait les rendre au plus tard demain. Et demain c’est ma plus grosse journée au lycée donc impossible. Je remettais donc un sweet et mon manteau. Enleva les affaires de mon sac pour les remplacer par les livres et partie. Je refaisais donc le même trajet pour aller au lycée sauf que je m’arrêtais cette fois à Casanova. Cet arrêt mène au collège et à une quarantaine de mètres plus loin, la médiathèque. C’est à cette médiathèque que j’ai fait mon stage de troisième et que j’ai décidé de faire bibliothécaire. J’y connaissais tout le monde car de temp sen temps, je leurs donnais un coup de main pour ranger les livres. Ca faisait deux trois mois que je n’y avais pas remis les pieds. J’ouvris la porte d'entrée et entra. Une femme blonde, la cinquantaine m’acceuilla.
-Evelyne ! Ça fait plaisir de te revoir ! Quel bon vent t’amène ? M'acceuill-t-elle.
-Salut Ariette, bah j’ai vus que j’avais des livres à rendre. Du coup me voilà ! Lui répondis-je.
-Ba viens, je vais m’occuper de toi. Elle sortit du bureau d’accueil. Dis-moi, tu t’es empâtée ces derniers temps !
-Euh oui...oui. Ma grand-mère fait plein de gâteaux en ce moment. Même la balance n’en peut plus ! Je mens très mal mais apparemment elle m’a crue.
-Ca veut tout le temps faire plaisir à ses petits-enfants une grand-mère. Alors…Pas besoin de te dire que c'est trois maxi! J’avais déjà entendue ce genre de phrase quelque part… Le sac plus léger je me suis fondu dans le labyrinthe des livres. J’avais choisi un livre de révision au bac quand un livre attira mon regard. C’était dans le rayon maternité. Il y avait des couleurs vives avec au milieu ce titre : Jeune et enceinte. A l’arrière un bref résumé présentait le livre : Enceinte un peu tôt ? Ne t’inquiètes pas on te donne tous les conseils pour réussir. Je commençais à feuilleter les pages puis m’assise dans un des coins lecture. Je lu la première page, puis la deuxième, etc… Je prenais quelques notes sur mon téléphone. J’aurais bien aimé le prendre mais ce serais trop bizarre. J’ai tout lus, j’ai dû y rester une bonne heure. Mais c’était intéressant. Je l’ai ensuite déposé dans ce même rayon. Un autre bouquin retint mon attention. Tout y était expliqué, en partie l’accouchement. Et ça s’est super important pour moi ! Ce livre-là par contre, était quand même un peu épais. Je ne pouvais pas le lire ici. J’ai alors décidé de l’emprunter. Tant pis, je trouverais une excuse bidon. Je suis allée chercher une bd et un roman pour Camille et je suis allée au comptoir des emprunts. Malheur, il y avait là Eradj. Eradj est franco-iranien. Lors de mon stage, on a pas mal parlé d’Iran : Cheraz, Téhéran, Yazd… Vu que j’y étais allée l’année précédente on en a discuté. L'Iran, un de mes voyages préféré! C’était cool mais pour le coup, ça ne l’était plus. Je pris mon courage à deux mains et déposa les livres empilés sur le comptoir. En haut, ceux de Camille avec sa carte et en dessous le manuel de révision puis²le livre sur la grossesse. Je priais pour qu’il ne commente pas ce sujet.
-Oh salut ! Ça fait longtemps qu’on ne t’as pas vu dans le secteur toi ! Me dit-il. Il prit la carte de Camille, la scanna et passa les deux livres. Le stress. Je tendis ma carte, un peu tremblante. Il la prit, la scanna et passa le manuel puis l’autre livre. Il regarda rapidement la couverture. Je fis mine de dire bonjour à quelqu’un lorsqu’il me regarda moi et mon manteau, un peu curieux. Le voyant laisser tomber, je pris le sac, mis les livres, le remercia et partie. Dehors je respirais enfin ! Je comparerais ces deux minutes de stress intense à un marathon ! Je rentrais tranquille chez moi. Ouf!
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