XXII
Même si l’histoire d’Hugo était horriblement triste, je ne renonçais pas pour autant à ma décision. Je retournais donc le lundi suivant au lycée. Comme à mon habitude, je mets mon sweet et je passe vérifier dans la glace de ma chambre. Un rebond apparait. Léger mais là. Je lève mon sweet puis mon t-shirt. Mon gros ventre apparait. Ce n’est plus un cap, c’est une péninsule ! Il est énorme ! Je le caresse tendrement. Mon bébé j’ai appris à t’aimer. Reste bien au chaud s’il te plait ! Jamais je n’aurais pensé dire ça à presque 16 ans, jamais. Je ne sais pas comment décrire ce sentiment… C’est un moment magique entre cet être et moi. C’est vrai, je n’ai pas tellement eu le temps de contempler cette montagne, cette matrice. Huit mois et une semaine que tu t’es installé. Huit mois que je me cache pour ne pas que l’on ne te découvre pas. Huit mois et une semaine… Hier j’étais une ado et aujourd’hui je suis mère. Comment décrire cet amour ? Amour qui déborde pour un inconnu. En huit mois j’ai appris à t’aimer, à cohabiter. Qu’est-ce que ça a été dur mais aujourd’hui, je ne regrette rien. Je t’aime.
Mon téléphone vibre. Merde le bus ! Je me dépêche de remettre mes habits, prend mon sac et m’en vais. Je suis la dernière à partir de la maison. Je la ferme et puis m’en vais. Trois minutes de marche me séparent de l’arrêt. Les mains dans les poches de mon sweet je peux caresser mon ventre sans être vue. J’en ai besoin ça me rassure et je ne sais pourquoi ! J’arrive à l’arrêt pile au bon moment. Je vois le bus arriver. Je sors mon pass Navigo de mon sac et le bus arrive. Je monte, le valide et le range. Le véhicule n’est pas bondé, je ne peux me fondre dans la masse mais j’ai une place de libre à l’avant. Je m’y assois difficilement. J’ai mal au dos. Je m’efforce à m’assoir naturellement mais ça devient de plus en plus dur ! A oui, mettre des chaussures quand on est enceinte c’est possible ! Il faut arrêter de croire que parce qu’on est enceinte on en peut pas faire certaine chose. Quand on est déterminé à le faire on y arrive ! Avril c’est le printemps, on commence à enlever les manteaux à mon grand malheur ! Pour l’instant il ne fait pas beau donc je passe inaperçue mais quand il le sera je ne sais pas comment je vais faire ! Pablo Picasso, c’est mon arrêt. J’y descends. J’ai toujours dix-quinze minutes d’avances alors je me les gèle tous ce temps. Heureusement j’ai mes écouteurs, alors je me passe une playlist. Je mets Le vent nous portera de Noir désir. Des fois mes humeurs s’embrouillent surtout en ce moment. La musique entre dans mes oreilles. J’ai l’impression de danser avec le vent. La sonnerie retentit : huit heures. Je n’ai pas du tout l’envi d’y aller mais j’y suis obligé. Mes convictions m’y obligent. Je sors mon carnet, le surveillant me laisse rentrer. Je vais tout de suite aux toilettes, vider ma vessie. Je n’ai vraiment pas besoin d’un accident maintenant ! Je ressors, fais un check-up et valide. Je sors et je vais devant la classe de philo. Elle se situe à côté d’une des salles de perm’ du lycée. Je m’installe à une table où je peux voir la porte fermé de la salle. Je m’assois et attend, le sac posé sur mes genoux. Des gens de ma classe arrivent. La porte est toujours fermée. Huit heures six, le prof arrive en courant enlevant tout espoir d’absence. Il ouvre la porte et je me lève. Je m’appuis sur la table pour me lever et j’entre dans la salle. Je m’assois à ma place habituelle : au milieu des rangs contre le mur droit de la salle. Il n’y a personne à côté de moi. Je sors mes affaires. Je n’ai aucune envie. Mais les heures s’écoulent et la journée passe.
A midi, je mange avec Théa et Hugo. J’ai deux heures de pause à cause de l’absence d’une professeure. Hugo aussi, Théa non. Après la première heure, Hugo et moi allons dans la cour. Au fond il y a des gradins en briques et en arc de cercles. On s’installe dans un coin tranquille, sous le cerisier qui commence tout juste à fleurir. Je m’assois, il pose sa tête sur mes genoux de manières à ce qu’on soit perpendiculaire. Je lui caresse les cheveux. Ils sont si doux ! On est resté là comme ça. Un coup de je ne sais quoi nous à sortis de notre bulle.
-Oh, tu l’as sentie ? Demandais-je à Hugo.
-Je pense que notre fille sera une boxeuse. Répond-il en riant.
-Je suis sûre que ce sera un garçon ! On a un léger désaccord sur le sexe du bébé. Il me taquine avec ça, chacun a pris un parti.
-Si c’est une fille, tu voudrais l’appeler comment ? On n’a toujours pas décidé du prénom ! Il faudrait peut-être s’y mettre sinon il OU ELLE va naître sans prénom.
-Je ne sais pas, on fait une liste ? Demandais-je.
-Tu veux dire le truc que tous les parents font ? THE liste ? OK ça me va. Je pris une feuille dans ma réserve, sortit un stylo et dessina deux cases. Une intitulé fille et l’autre, garçon. Logique. Il n’y avait personne dans la cour, tout le monde s’étaient réfugiés dans les salles de perm’.
-Prête !
-Bon alors, catégorie Fille. Que dirais-tu de, hmmm, en vrai c’est dur ! Heu, Léonore. Moi j’aime bien.
-Ok, je le note. Moi j’adore Alya. Je trouve ça beau, c’est doux non ?
-Ouais, j’aime bien…ou Alice. Ça vient du latin, ça veut dire ‘’ouvrir’’ comme les bourgeons qui s’ouvre aux printemps.
-Tu sais quoi ? J’adore. Je le surligne et on verra si c’est une fille ! Place au prénom de garçon. J’aime bien Nathanaël et toi ?
-Pourquoi pas ? Je préfère Robinson ou Jack. Tu les notes on verra le moment venu.
On était bien. Eclairés par le Soleil et bercé par les milles et une fleur de cerisier. C’était beau.
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